Le 4 octobre 2022, CD Projekt Red annonçait sa stratégie à long terme auprès du grand public. Parmi la liste des nouveaux projets figurait le Projet Sirius. En état de préproduction, le futur jeu issu de l’univers The Witcher a été confié à The Molasses Flood, un studio racheté par CD Projekt en 2021. Le Projet Sirius s’est vite annoncé comme étant un jeu solo avec des composantes multijoueurs et coopératifs, un projet ambitieux en somme, qui nous donne enfin de ses nouvelles. Effectivement, CD Projekt a posté le lundi 20 mars un rapport à l’attention des investisseurs, les informant qu’ils ont pris la décision de créer une provision pour dépréciation, et que cette décision est basée sur l’évaluation qu’ils ont effectuée du Projet Sirius et de son potentiel commercial. Concrètement, qu’est-ce que ça veut dire ?
Une provision pour dépréciation est une somme d’argent mise de côté par une entreprise pour refléter la baisse de valeur d’un actif. L’actif étant ici l’investissement qu’ils ont mis dans le Projet Sirius, qui s’élève à 33,4 millions de PLN (7,1 millions d’euros) en 2022 et 9 millions de PLN (1,9 millions d’euros) en 2023. CD Projekt le précise clairement dans le rapport : une provision pour dépréciation a des conséquences sur les résultats financiers d’une entreprise, et c’est également un indicateur de la santé financière de celle-ci. On comprend donc que les résultats de l’évaluation du projet ne sont pas probants. La seconde information importante est que CD Projekt décide en conséquence de remanier le projet en lui cherchant un nouveau cadre et de s’assurer qu’il est, cette fois, en adéquation avec leur stratégie à long terme.
CD Projekt est trop ambitieux ?
Il va sans dire qu’après le fiasco qu’a été Cyberpunk 2077 et la très longue parade d’excuses via les nombreux patchs qui ont suivi, l’annonce de la stratégie à long terme de CD Projekt Red a surpris.
Quand on se souvient du temps que CD Projekt consacrait à chaque nouveau jeu The Witcher et l’attente autour de Cyberpunk 2077 (annoncé en 2013, sorti en 2020), on ne peut qu’émettre des doutes quant à la faisabilité et la pertinence d’une telle stratégie basée non pas sur un, mais six titres d’une envergure équivalente à leurs deux derniers jeux, la plupart développés par la maison mère, d’autres supervisés mais surtout financés. Même en prenant en compte les bénéfices récents et le recrutement important, on gardera à l’esprit que ce qui a péché pendant le développement de Cyberpunk 2077, c’est une communication un peu malhonnête des directeurs déconnectés de la réalité quant à l’ambition du titre et une gestion des ressources humaines problématique.
CD Projekt semble vouloir revenir aux sources de leur succès, tout en capitalisant sur l’univers de Cyberpunk 2077. Peut-être aurait-il été plus sain pour eux d’apprendre de leurs erreurs et de ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre. En tout cas, ça semble être mal parti…
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