Au milieu des années 90, Takehiko Inoue devient un mangaka de légende en médiatisant un sport qui jusque-là n’est pas particulièrement populaire au Japon : le basket. Publié dans le Weekly Shonen Jump, Slam Dunk, qu’il écrit et dessine entre 1990 et 1996, est depuis devenu le manga de sport le plus vendu de tous les temps, dont la popularité n’a aucunement décru avec les années.
Ce succès, d’autant plus surprenant qu’il ne s’agissait là que de son second manga, doit énormément à la passion et à la connaissance du sport de l’auteur, puisque Takehiko Inoue a été capitaine de son club de basket-ball au lycée.
Le style de dessin d’Inoue-sensei, dont le trait est marqué par cette volonté de rendre au mieux la sensation de mouvement, ne cesse d’évoluer au fil des années, ce qui est déjà visible entre le début et la fin du manga Slam Dunk, mais transparait de façon plus flagrante dans ses œuvres suivantes, et notamment dans le manga Vagabond et un certain Lost Odyssey pour lequel il aura participé au character design.
Après avoir travaillé sur le projet pendant plus d’une dizaine d’années, afin de définir le style graphique à adopter et le scénario qu’il souhaitait, c’est en collaboration avec Toei Animation que Takehiko Inoue nous propose de replonger, le temps de The First Slam Dunk, dans la finale du tournoi inter-lycée opposant les équipes de Shohoku et de Sannoh. Et quelle finale ce fut !
L’avant-première du film au Grand Rex aura fait suer, vibrer et crier – fulminer serait plus juste –, les spectateurs, transformant pendant deux heures le cinéma en véritable tribune aux couleurs du lycée de Shohoku. Une expérience d’une intensité hors normes.
Sueur et Tremblements
The First Slam Dunk est indéniablement un film à voir au cinéma. Le travail réalisé sur l’ambiance de façon générale, et le son plus particulièrement, est tout bonnement incroyable : l’impact de chaque rebond du ballon, le couinement des baskets sur le parquet, l’ensemble est palpable de réalisme.
Il est difficile de définir l’effet produit par l’entremêlement des clameurs des spectateurs du film à celles du public du Grand Rex, mais il y a fort à parier que vous pourrez le vivre par vous-même dans une salle obscure au moment de la sortie officielle du film, le 26 juillet.
C’est simple, nous avons eu l’impression de vivre le match dans la salle : opprimé et ayant du mal à respirer lors des pressings sur le meneur de l’équipe, Ryota Miyagi ; transpirant de plus en plus au fur et à mesure de l’avancement du match et de ses aléas ; étouffant un cri de douleur lors d’une chute de Hanamichi Sakuragi pour rattraper une balle in extremis ; pour finalement sentir notre cœur battre comme jamais lors des derniers instants.
La plus grande réussite du film est son aisance à nous transposer dans son univers, et à nous faire partager le ressenti des différents protagonistes.
Le mélange entre 3DCG et 2D pour lequel Takehiko Inoue a finalement opté permet un rendu sublime, particulièrement adapté à la dynamique des corps durant le match. La transition entre les scènes de vie quotidienne, dessinées à la main, et celles du match, réalisées par ordinateur, reste naturelle et ne perturbe le spectateur à aucun moment.
Les animations sont fluides, les plans léchés, et le dessin n’a rien à envier aux dernières productions de Makoto Shinkai. Sans avoir besoin de lorgner du côté du photoréalisme, la qualité graphique tient dans le réel des gestes et des émotions. Les personnages sont bien écrits, et les dialogues touchent par leur justesse. Le caractère des personnages n’est nullement exagéré, même si l’on retrouve quelques clichés habituels du shonen.
L’animé aurait pu souffrir du passage de son dessinateur à la réalisation, tant les métiers sont différents, mais ce n’est aucunement le cas. Le maître a grandi dans les trente années qui ont séparé le manga Slam Dunk du film, et Takehiko Inoue vient apporter, dans ce qui est son premier film, une maturité nouvelle à son œuvre.
Parfaite Relecture
Si vous n’êtes pas familier de l’histoire (comme c’était notre cas), sachez que le manga original suit les pérégrinations d’Hanamichi Sakuragi, un ancien voyou décidant de se mettre au basket pour impressionner la gent demoiselle pour laquelle il en pince. Il rejoint l’équipe de son lycée, se découvrira une véritable passion et un talent inespéré pour le sport, et s’y adonnera finalement corps et âme.
The First Slam Dunk vient apporter un nouveau regard sur l’histoire en mettant au centre de son intrigue un personnage secondaire du manga : Ryota Miyagi, le meneur de l’équipe. Le film a aussi l’intelligence de laisser de côté les pérégrinations amoureuses du shonen original pour développer le passé de celui-ci.
Les scénettes de son enfance à Okinawa, autant de flashbacks entrecoupant le match, ralentissent le rythme du film et laissent le temps au spectateur de souffler. Sans tirer en longueurs, elles prennent le temps de s’attarder sur des moments simples mais marquants du quotidien de Ryota qui donnent encore plus de tangibilité à l’œuvre.
Le matériau original n’est pas oublié pour autant, et se signalera au travers des clins d’œil justement dosés. Que ce soit dans le crayonné du générique d’introduction, dans des plans iconiques du manga, ou lors de certaines séquences venant nous le rappeler, il y a une histoire à découvrir après avoir vu cet animé.
Mais si The First Slam Dunk porte ce nom, c’est parce que tout le monde peut (re)commencer Slam Dunk avec ce film. Doté d’une profondeur et d’une justesse inespérée pour un manga de sport, les choix de Takehiko Inoue s’avèrent tous pertinents, de la pâte graphique au scénario, et on ressort de la salle du terrain avec une seule envie : y retourner.
Jamais nous n’avions vu autant de spectateurs en sueur dans une salle de cinéma que durant The First Slam Dunk. Ovationnant les dunks de Sakuragi et les trois points de Mitsui, nous avons été transportés le temps d’un match à Sannoh, dans la peau de Ryota Miyagi.
Sublimant son matériau original, Takehiko Inoue nous livre, avec son premier film, un bijou de l’animation japonaise, forcément plus appréciable si vous connaissez a minima les règles du basket-ball, mais dont l’intensité, le réalisme, et la justesse de l’écriture sauront vous marquer, en transposant à merveille la passion du mangaka pour ce sport. Proposant de découvrir l’histoire sous un nouveau point de vue, l’auteur-dessinateur-réalisateur en profite pour centrer son œuvre sur des propos plus sérieux, et son pendant dramatique.
The First Slam Dunk nous aura fait vibrer pendant près de deux heures, malgré ses quelques lenteurs qui sont autant de bouffées d’air dans un match d’anthologie. À sa sortie en salle le 26 juillet, préparez vos serviettes et courez le voir !
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