Yomawari: Night Alone est un jeu distribué et développé par Nippon Ichi Software, ce qui est à signaler, car le dernier titre développé par leur soin que nous avons pu tester était Criminal Girls 2: Party Favors. Un jeu tout juste sympa dont le genre était à l’exact opposé de ce qu’ils nous proposent aujourd’hui avec Yomawari: Night Alone,, un titre horrifique à l’ambiance très travaillée et dont les éléments scénaristiques découlent d’une vraie démarche artistique.
Un jeu aussi émouvant qu’effrayant
Yomawari: Night Alone est un survival-horror dont le premier terme de son titre, Yomawari, donne une indication précise de ce que va être notre expérience de jeu. Ce terme japonais qui n’est aujourd’hui plus vraiment utilisé, signifie « veilleur de nuit » ou « ronde de nuit », et pendant cette fameuse nuit, autant vous dire que vous serez régulièrement confronté à l’imprévisible. D’ailleurs, attendez-vous à cela dès le tutoriel qui saura parfaitement vous mettre dans l’ambiance en vous confrontant à une situation dès plus marquantes qu’on vous laissera découvrir par vous-même.
Une fois le tutoriel passé l’histoire va rapidement se mettre en place pour la petite fille que nous incarnerons. Partie faire une petite ballade avec notre chien Poro, c’est malheureusement seule que nous rentrerons à la maison où notre grande soeur nous attend. Peut après cela, nous assisterons à l’enlèvement de notre soeur par on ne sait qui, on ne sait quoi, et c’est à partir de là que notre Yomawari pourra commencer afin de retrouver Poro, et notre soeur.
Ce qui fait la particularité de Yomawari: Night Alone, c’est avant tout sa dimension temporelle. En effet le jeu se déroule sur toute une nuit, dont la noirceur n’aura d’égal que la frayeur que vous ressentirez à chaque recoin de la ville. De par sa direction artistique mélangeant les détails soignés aux dessins enfantins, le jeu joue sur les peurs universelles de l’enfance comme peut l’être la peur du noir par exemple.
Cet aspect est d’ailleurs exacerbé par le fait que nous incarnions une très jeune fille dont le regard sur le monde qui l’entoure se révèle encore très candide. On le retrouve surtout dans ces réactions par rapport aux différentes situations, grâce à des réflexions très justes qui nous rappellent ce que c’était d’être un enfant.
Voyage au centre du folklore japonais
Pour nous faire peur et nous terrifier, Yomawari: Night Alone ne va pas seulement jouer sur nos peurs primaires, mais va nous transporter dans ses légendes et sa mythologie, dont beaucoup de monstres font partie. On ne va pas tous les les citer mais juste pour vous donner quelques exemples intéressants, sachez qu’au niveau mythologique nous retrouvons les allégories de certaines divinités telles que Izanagi et Izanami, que l’on connait surtout pour être les créateurs du monde dans le Shintoïsme.
Côté folklore nous avons droit à pas mal de Yokai, ces créatures étranges et surnaturelles qui aiment à se jouer de nous. Leur particularité est de ne pas forcément être à l’image de ce qu’elles sont réellement. Nous entendons par là que les créatures les plus effrayantes ne sont pas toujours les plus malfaisantes. C’est un gros point fort du jeu dans sa capacité à nous faire peur et à nous surprendre, car nous sommes parfois confrontés à des créatures terrifiantes, mais que l’on aurait pu approcher sans aucun problème.
Au final il y a les créatures dont on sait qu’on n’a plutôt pas intérêt à s’approcher, et les autres, dont on ne sait absolument rien et qui malgré le fait qu’elles soient peut-être inoffensives, nous font tout de même trembler dans nos chaussettes. Si vous êtes dans le même cas que moi, il y a de fortes chances pour que vous ne trouviez pas toutes les références par vous-même tellement il y en a et tellement certaines sont peu connues. Cependant internet est là pour vous aider et c’est une des choses que j’ai beaucoup appréciées avec ce jeu, c’est qu’en dehors de m’offrir une expérience unique, il m’a aussi, de par sa fin particulière, poussé à me renseigner sur les divinités japonaises afin de mieux les comprendre, aussi bien dans le fond que dans la forme.
Un joli terrain de jeu à l’environnement varié
Comme nous vous le disions, les créatures en présence sont de type surnaturel et la plupart du temps, des esprits que vous ne pourrez, ni ne devrez toucher. C’est là que le gameplay s’illustre avec la lampe torche que nous aurons constamment dans la main afin de nous repérer dans la nuit. Cette lampe torche permet de rendre visible l’invisible et par extension de rester en vie. Une jauge de course est visible dès que l’on se met à courir et se vide petit à petit.
Plus nous sommes effrayés et plus la jauge se vide rapidement. La terreur que nous ressentons s’identifie par les battements de notre coeur, qui se feront de plus en plus intenses, ajoutant une bonne dose de stress quand il faut fuir une situation dangereuse. Pour éviter les créatures environnantes il n’y a pas des millions de solutions, soit vous courez assez vite, soit vous arrivez à vous cacher dans un buisson à proximité ou derrière une pancarte. Divers objets pourront être ramassés ci et là, donnant un peu de consistance à l’univers aussitôt que vous en lisez les descriptions sachant toujours vous garder dans l’ambiance. Le gameplay est plutôt simple, il suffit de parcourir la ville, résoudre les énigmes et suivre le cheminement de l’histoire qui ne manquera pas de vous captiver.
Par contre, il ne faut pas penser à jouer sans un bon casque sur les oreilles. Le jeu ne comporte aucune musique afin de tout miser sur l’ambiance sonore, qui saura aussi bien améliorer l’expérience générale, que vous prévenir d’un danger éventuel. De plus, dans Yomawari: Night Alone il vous faudra rester sur vos gardes constamment afin de ne pas vous faire surprendre. Et c’est là que nous en arrivons au seul vrai défaut du jeu, c’est qu’à partir du dernier quart de la partie, vous aurez plus l’impression de jouer à un die and retry qu’à un survival-horror, tant certaines situations seront exigeantes. Heureusement la satisfaction d’une fin très bien amenée saura gommer votre frustration, mais tout de même.
Yomawari: Night Alone est une fabuleuse surprise qu’il ne saurait être envisageable d’éviter. Si vous avez une PlayStation Vita et que vous aimez vous faire peur alors il ne faut pas hésiter une seule seconde. Le jeu remplit parfaitement les impératifs du genre : il nous fait peur, et nous demande de survivre dans un univers pas franchement amical. Les sensations qu’il procure sont intenses et variées, renouvelant la peur chapitre après chapitre pour nous amener à un très joli final empli de réflexions.
L’ambiance typiquement japonaise vous rappellera aux bons souvenirs des films tels que Ring, et vous fera frémir par la mise en scène de ses Yokai, des créatures que nous autres occidentaux n’avons pas forcément l’habitude de voir. En bref, un vrai coup de cœur que nous vous conseillons d’urgence, malgré sa faible durée de vie qui ne saurait dépasser les 6 heures de jeu.