Le catch, ce monde fantasque et grandiloquent, où chaque impact semble résonner comme un coup de tonnerre et où les entrées sur scène rivalisent avec les plus grandes productions hollywoodiennes. C’est un univers qui a toujours eu une aura particulière, un mélange unique entre sport, spectacle et drama, souvent perçu comme une sorte d’opéra sur le ring. Pourtant, il reste un territoire inexploré pour un certain nombre de joueurs, dont le rédacteur de ces lignes, ne connaissant le catch qu’à travers la reconversion de certains de ses plus grands noms à Hollywood : Dwayne “The Rock” Johnson, John Cena, Dave Bautista… WWE 2K25 était donc l’occasion parfaite de franchir les cordes et de plonger tête la première dans ce monde ultra-codifié.
Qui plus est, cela fait déjà quelques années que la licence WWE 2K tente de redorer son blason après un passage à vide marquant. Depuis la catastrophe WWE 2K20, Visual Concepts a su rectifier le tir avec un WWE 2K22 plus solide et un WWE 2K23 peaufiné. Aujourd’hui, WWE 2K25 débarque sur le ring avec la promesse de continuer sur cette bonne lancée, tout en innovant.
(Test de WWE 2K25 réalisé sur PS5 à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Le show à l’américaine
Dès les premiers instants, une chose est limpide : WWE 2K25 ne propose toujours pas l’ombre d’un doublage français. Un détail qui, paradoxalement, joue en faveur de l’immersion. Car après tout, le catch, c’est du pur spectacle américain, un show où tout est amplifié, où les rivalités sont surjouées et où chaque annonceur semble être plongé dans une fureur la plus totale. Une adaptation française aurait sans doute atténué ce côté survolté et exagéré qui fait le charme de la WWE, et aurait eu du mal à retranscrire cette ambiance typiquement américaine, absente de notre culture. En outre, elle aurait probablement peiné à égaler la qualité de l’originale. Ici, tout est en anglais états-unien pur jus, et cela permet d’être directement plongé dans cette culture du catch où l’excès est une véritable institution.
Le mode “Mon Ascension” sert de point de départ pour s’immerger dans cet univers. Vous ne savez pas si vous voulez incarner une catcheuse ou un catcheur ? Pas de problème ! WWE 2K25 vous permet de passer de l’un à l’autre tout au long du mode histoire, offrant ainsi une belle variété de gameplay. Mais avant même d’entrer sur le ring, il y a un passage obligé qui vaut à lui seul une mention spéciale : la création de personnage.
Une customisation très complète
C’est bien simple, WWE 2K25 propose l’un des éditeurs de personnages les plus complets jamais vus dans un jeu de sport. On ne parle pas juste de choisir une coupe de cheveux et une couleur de tenue : ici, chaque détail est modulable pour créer un costume sur mesure, élément évidemment indissociable de la personnalité des catcheurs. Bottes, genouillères, brassards, chaussettes, soutien-gorges, tatouages, textures de tissu, motifs à appliquer, accessoires de scène… tout peut être modifié, jusqu’à créer une catcheuse ou un catcheur totalement unique. C’est si complet que l’on peut facilement passer une heure, voire deux, juste à peaufiner son avatar, afin de façonner un combattant flashy, véritablement unique, dont la personnalité se lit d’un simple regard porté sur son accoutrement flamboyant.
Et forcément, avec autant d’options, la tentation était trop grande : il fallait partir sur un délire total. Une catcheuse américano-française, rousse flamboyante, ultra-musclée, arborant fièrement un costume patriote bleu-blanc-rouge aussi grotesque que spectaculaire. En soit, un personnage digne des plus grands délires scénaristiques du catch, avec un charisme aussi explosif que son entrée en scène, fidèle à la tradition de cette discipline exubérante. Et puis, après tout, dans ce test français, pourquoi ne pas amener un peu de notre propre touche dans cet univers ultraméricanisé ? C’est ainsi qu’est née Trixy Crush, la « Marianne du catch », prête à faire résonner le « cocorico » dans un monde où l’ultra-patriotisme US domine. Ne jugez pas, cette osmose délirante ne peut se ressentir qu’une fois manette en main et que le monde du catch et toute son exubérance nous happe.
Mais pourquoi s’arrêter là ? Grâce à la possibilité de créer un personnage masculin également au cours de l’aventure, l’occasion était trop belle pour ne pas imaginer un duo improbable : d’un côté Trixy, cette athlète rousse imposante, et de l’autre Paul de Bisse, un catcheur gringalet en combinaison rose et jaune flashy, minuscule face aux titans du ring… et qui, pourtant, n’éprouve aucune difficulté à envoyer valser ces géants, preuve que dans le catch, tout est question de spectacle et de contrastes complètement fous.
Des combats exigeants mais incroyablement jouissifs
Une fois sur le ring, la magie opère immédiatement. WWE 2K25 ne fait pas de cadeaux aux nouveaux venus, mais il sait récompenser ceux qui s’accrochent. Dès les premiers combats, il faut apprendre à encaisser les coups, à esquiver, à contrer au bon moment et à construire une séquence d’attaques efficace. Le système de combat est à la fois technique et viscéral : rater un contre peut conduire à un enchaînement infernal où l’adversaire nous matraque sans relâche. Il faut alors ravaler sa fierté, patienter, guetter la moindre ouverture et, quand enfin elle se présente, déclencher une rafale de coups et de prises spectaculaires.
Et lorsque cela fonctionne, l’émotion est tout bonnement jouissive. Sauter des cordes, exécuter des prises impressionnantes, enchaîner les coups avec une fluidité parfaite… Le tout est renforcé par une mise en scène aux petits oignons. La caméra sait capturer les moments les plus épiques, et chaque match a une intensité qui lui est propre. Certains affrontements exigent des prises spécifiques pour progresser dans l’histoire, d’autres demandent carrément de perdre volontairement pour suivre la logique scénaristique, ce qui renforce cette impression de participer à un immense spectacle interactif.
Les matchs en équipe (Tag Team) apportent également une belle dynamique. La possibilité de switcher entre les deux protagonistes en pleine action ouvre des options stratégiques intéressantes. Et le simple fait de voir Paul, notre catcheur gringalet préféré, intervenir pour sauver Trixy d’un compte de trois avec un coup de pied en traitre bien placé dans le dos d’un adversaire crée des moments absolument savoureux.
L’équilibre entre arcade et simulation est mieux géré que jamais, offrant une prise en main intuitive sans sacrifier la profondeur stratégique. Le système de contre a été revu pour éviter les enchaînements infinis de reversals, rendant les combats plus tactiques. Les soumissions et les finishers bénéficient également d’un travail d’animation qui renforce l’impact de chaque prise.
Cependant, si l’expérience est agréable, quelques imprécisions subsistent. Certains enchaînements manquent encore de naturel et les transitions entre animations peuvent paraître parfois rigides, notamment lors des interactions avec les objets et l’environnement. Rien de rédhibitoire, mais on attendait une fluidité digne des plus grands jeux de combat. L’ambiance sonore des shows, quant à elle, est excellente, avec un public réactif qui scande des chants emblématiques et des commentaires variés de la part des présentateurs, toujours à fond pour le moindre affrontement.
Un scénario aussi absurde qu’amusant
Personne ne s’attend à un scénario ultra-complexe digne d’un film de Lana Wachowski dans un jeu WWE, cela est une certitude. Mais c’est justement là que réside son charme : l’histoire du mode « Mon Ascension » est volontairement over-the-top, multipliant les rebondissements ridicules et les rivalités improbables. Le joueur se retrouve au cœur d’un conflit face à un groupe de Superstars infiltrant la WWE, débutant à NXT, qu’il devra affronter. Entre alliances inattendues, trahisons théâtrales et enjeux complètement absurdes, on a véritablement l’impression d’assister à une saison entière de Monday Night Raw condensée en mode solo.
Et ce côté soap-opera du catch est parfaitement retranscrit, notamment à travers un système de gestion des réseaux sociaux intégré au jeu. Après chaque match, il nous est possible de voir les réactions des fans et des autres catcheurs sur une sorte de Twitter fictif, permettant de suivre l’évolution de la popularité de son personnage et d’influencer certains aspects du scénario. Une touche bienvenue qui ancre encore plus l’expérience dans l’univers ultra-médiatisé du catch.
Également, la possibilité de faire des choix variés qui influenceront la trajectoire de l’histoire et certains détails (comme la relation entre votre combattante et son partenaire masculin, qui peut être soit un vieux pote, soit un ex), est clairement une fonctionnalité qui est toujours appréciée et immersive.
Une bande-son survoltée, un contenu massif et du fun en continu
Difficile d’imaginer une ambiance catch sans une bande-son qui envoie BIEN du lourd. WWE 2K25 ne déçoit pas à ce niveau, proposant une sélection musicale qui colle parfaitement à l’esprit du jeu. Entre du métal survitaminé et des morceaux taillés pour l’action, impossible de ne pas être pris par l’énergie du jeu (plus particulièrement RATATATA de BABYMETAL & Electric Callboy ainsi que Halfway to Hell de Jelly Roll). Ces morceaux viennent rythmer les affrontements et les menus, enveloppant chaque instant du jeu d’une puissance électrisante qui plonge immédiatement dans l’univers singulier du catch
En dehors du mode solo, WWE 2K25 introduit de nouveaux modes et enrichit les anciens. Celui du Showcase met cette fois en avant l’évolution du catch à travers les décennies, avec des matchs iconiques remastérisés et des interviews exclusives. Le mode MyGM quant à lui s’étoffe avec plus d’options stratégiques, de nouvelles rivalités dynamiques et une gestion plus poussée des Superstars. Enfin, le mode Universe propose une personnalisation toujours plus poussée, permettant de créer sa propre fédération avec un niveau de détail hallucinant.
Le roster est d’ailleurs particulièrement bien fourni, avec près de 200 catcheurs et catcheuses, couvrant différentes époques et fédérations, les fans ont de quoi se régaler. L’ajout de nouvelles Superstars montantes et de légendes incontournables comme The Rock, John Cena ou The Undertaker enrichit encore l’expérience. Les modèles des catcheurs ont été améliorés par rapport aux derniers opus, avec un souci du détail impressionnant, bien que certaines expressions faciales restent encore un peu figées. Mention spéciale aux entrées de Superstars, toujours spectaculaires et super immersives !
WWE 2K25 n’est pas seulement une réussite pour les fans de catch, c’est aussi une excellente porte d’entrée pour ceux qui, comme beaucoup, n’avaient jamais osé plonger dans l’univers aussi flashy que démesuré du ring. Spectaculaire, exigeant, délirant et addictif, le jeu réussit à capturer l’essence même du catch : un mélange parfait de technique et de mise en scène, où l’absurde et le grandiose se côtoient en permanence.
Même s’il manque cette petite touche de nouveauté, le titre affine cependant un peu plus la formule de ses prédécesseurs avec une jouabilité plus fluide, une physique améliorée et un casting impressionnant. Que l’on soit là pour le sport ou pour le show, on se retrouve rapidement happé par cette frénésie de combats et de rivalités démesurées. Et si WWE 2K25 peut transformer un joueur lambda en spectateur curieux de la WWE, alors c’est bien la preuve qu’il a réussi son pari !