N’en déplaise aux plus réfractaires, le gaming mobile fait désormais partie intégrante de l’univers vidéoludique, et l’on voit de plus en plus fleurir des adaptations de jeux console sur smartphones et tablettes. Cependant, l’inverse s’avère nettement plus rare, ce qui n’aura pas empêché World of Warriors (que nous n’abrégerons pas en WoW pour éviter les confusions) de conquérir des myriades de joueurs mobiles avant de débarquer sur PlayStation 4, un fait qui constitue en soi une petite surprise, pour des raisons que nous évoquerons dans quelques lignes.
Les jeux mobiles répondent généralement à des règles, notamment de gameplay et de financement, qui leur sont propres, et surtout, conçues spécifiquement pour le support qui les accueille. Comment donc un jeu mobile peut-il se comporter sur une console de salon dernière génération ? Des choix dans le maniement auront-ils été effectués pour convenir au portage sus-mentionné ? Allez, on va voir tout cela de plus près…
World of Warriors – Du jeu mobile sur support salon, c’est comment ?
Marravez-les tous !
World of Warriors est un jeu au nom aussi générique que son gameplay, comme il en existe des centaines sur mobile. Jouer en free-to-play, se composer des équipes de combattants divers et variés, les faire évoluer, bénéficier de contrôles simplistes adaptés aux plateformes concernées, etc. Un jeu qui aurait pu être noyé dans la masse de clones bâtis sur le même modèle, en somme. Sauf que celui-ci s’est vu téléchargé plusieurs millions de fois, le propulsant sur le haut du panier, au point que des figurines et autres jouets lui ont été dédiés, et qu’un jeu du même nom vient de débarquer sur PlayStation 4, tout ceci créant de fait une entité transmédia inattendue (à quand le film de Michael Bay avec Stallone et The Rock, et la série animée made in Nickelodeon ?). Plutôt orienté petite jeunesse, World of Warriors sur mobile proposait des combats au tour par tour à 1 contre 1, permettant de débloquer au fil du jeu de nouveaux personnages aux aptitudes spécifiques, la plupart normaux, mais aussi certains, rares voire légendaires, et il y en avait toute une palanquée.
Le jeu PS4 reprend globalement le même fonctionnement, mis à part niveau gameplay, ce sur quoi nous reviendrons dans quelques instants. Pour ce qui est du background, ne vous attendez pas à de la grande littérature. On retiendra simplement qu’une tripotée de grands guerriers émanant de toutes époques et de toutes origines (chefs vikings, princes égyptiens, leaders inuits, rois saxons, bref, on ne va vous imposer la liste exhaustive, vous aurez compris le principe) se voient réunis pour repousser le Mal en se mettant copieusement sur le museau. Vaste projet. Projet dont l’objectif, on l’a dit, sera de se constituer un éventail conséquent de guerriers aux compétences différentes et de les faire progresser au fil des affrontements en obtenant de l’expérience. Seulement, là où le jeu mobile se déroulait de manière typée RPG à l’ancienne, la version PS4 se démarque de ce schéma en optant pour un système d’arènes en 3D, au sein d’un monde divisé en plusieurs rendus visuels particuliers (plaines glacées, déserts, etc.) et dans lesquelles vous aurez tout loisir de déplacer votre personnage à votre guise, ce que ne proposait pas World of Warriors de poche.
Un lent ballet, seul ou accompagné
En solo, vous choisirez deux guerriers parmi votre panel, et affronterez deux adversaires prédéfinis en pugilat à 1 contre 1, votre second avatar venant prendre la place du premier s’il se fait envoyer ad patres (idem pour vos opposants). Outre vos attaques fortes et faibles, il va vous falloir apprendre à maîtriser l’art de l’esquive et de la parade (et donc d’un timing strict pour appuyer sur la touche) sous peine de vous faire copieusement déglinguer après quelques combats, dirons-nous, de formation avant le grand bain. Petit bémol concernant le gameplay (et même gros bémol, finalement) : le jeu dispose d’un lock bienvenu pour ne pas balancer vos attaques dans le vent et pouvoir tourner autour de votre adversaire pour surveiller ses mouvements, mais cette fonction se désactive si vous vous mettez à courir. Or, déjà qu’en courant, World of Warriors n’est pas un modèle de vélocité, imaginez en marchant. Le jeu est vraiment très lent, et c’est un défaut qu’il convenait de souligner : on met un temps infini à rejoindre un objet ou un adversaire.
Et puisqu’on parle d’objets, après notre point négatif, abordons ce sujet nettement plus agréable. Le jeu vous balance régulièrement des coffres dans l’arène, qu’il va vous falloir vous hâter de casser pour regagner de l’énergie ou amasser des matériaux destinés à faire évoluer votre perso à l’issue du combat. Vous trouverez même régulièrement des projectiles à balancer dans la quiche de vos adversaires pour plus de dégâts. Il va sans dire que vos opposants sauront eux aussi profiter de ces avantages, donc la course sera souvent acharnée pour s’approprier les items, surtout si vous jouez à 4 avec des joueurs humains dotés de filouterie comme vous-même. Et comme le jeu est jouable aussi bien online qu’en local, les noms d’oiseau et la mauvaise foi risquent fort d’être légion si vous jouez avec trois potes sur votre canapé devant une pizza et une pinte de binouze.
Le collectionneur
Dommage, encore une fois, que la vivacité ne soit pas au rendez-vous, car les affrontements tendent à s’éterniser à cause de la mollesse du titre. Pour ce qui est de la progression de votre team, elle se fait essentiellement au sein d’un village qui sert de hub avant de partir au baston. Vous y trouverez une arène d’entraînement pour revoir vos bases, un temple où, avec des joyaux acquis à la sueur de votre front, vous pourrez invoquer toujours plus de nouveaux héros, un colisée où vous trouverez les matchs multijoueur, et une fonderie qui vous servira à faire progresser vos guerriers. Une fois prêt, vous pourrez vous lancer à l’assaut des diverses arènes, qui, autre élément sympathique, proposent chacune des conditions naturelles (tornades d’eau, geysers de feu…) dont il vous faudra à la fois vous méfier et savoir tirer parti. Fun ! Pour terminer sur ce World of Warriors version salon, un peu d’aspect technique. Le jeu semble clairement orienté vers deux objectifs, à savoir, séduire les plus jeunes et promouvoir des jouets, cartes et figurines.
Fidèle à l’esprit mobile qui anime généralement ce genre de jeux, il invite le joueur à collectionner les combattants et à les leveller avant de les envoyer se mettre des mandales dans les ratiches. Seulement, comme on le disait, et même si le grand enfant en nous saura éventuellement profiter du jeu et de son côté amusant (surtout à plusieurs), point ici de guerriers velus et d’amazones fort girondes aux graphismes alléchants. World of Warriors PS4 reprend les designs de son homologue mobile, à savoir, des personnages très chibi, et donc au look enfantin avec de grosses têtes et des visages gentillets. On aime ou on n’aime pas, en tout cas cette direction artistique colle plutôt bien à l’action proposée. On terminera cet aperçu sur une note un peu négative : là où le jeu mobile était proposé en free-to-play (avec, donc, le choix donné à chacun d’investir des deniers pour une progression plus rapide), la version PlayStation 4 est vendue 30€. Alors certes, pas d’achats in-game, bien entendu, mais ça reste un tarif assez salé pour un jeu qui, même s’il arbore un gameplay différent de son aîné, n’en demeure pas moins un titre très typé mobile.
Conclusion de World of Warriors
Avec ses graphismes enfantins et son système très « collectionneur de héros » accompagné de goodies IRL, World of Warriors pourrait facilement être qualifié de jeu pour gamins. Son origine mobile se ressent facilement, mais est-ce un mal après tout ? On s’y amusera par moments et on se surprendra à aimer y revenir, surtout avec des potes. Mais, plombé par un gameplay très mou et par un prix réclamé trop élevé pour ce qu’il propose, ce jeu risque de ne pas faire autant sensation que sa déclinaison iOS et Android, gratuite et de ce fait offerte à l’évaluation individuelle avant d’investir dedans. A chacun donc de voir s’il a envie de collectionner sur sa PS4 des guerriers et de ramer un peu pour les faire progresser, comme c’est le cas sur bon nombre de jeux mobiles…