Passé entre nos mains dans sa version d’essai, West of Dead nous revient aujourd’hui chargé à bloc. Subtile mélange d’un Twin Stick Shooter (Hotline Miami, Nex Machina, etc.) et d’un Rogue-like (The Binding of Isaac, Dead Cells, etc.), le titre signé Upstream Arcade avait su attirer notre attention de par ses graphismes cel-shading façon comics et son sombre univers à la sauce western.
Alors, que vaut le jeu après plusieurs heures ? La recette tient-elle la route ? C’est ce que nous allons tenter de voir. Direction l’Enfer, il est grand temps de faire parler la poudre.
(Test de West of Dead sur PlayStation 4 à partir d’un code fourni par l’éditeur)
Western infernal
Parfois la mort n’est pas la fin. Réveillé d’entre les morts sans aucun souvenir (typique), notre héros doit trouver des réponses et comprendre sa présence en ces lieux hostiles. Car oui, les cowboys ne vont pas au Paradis, ils vont tous en Enfer. L’âme damnée devra donc faire route vers l’ouest afin de traquer celui qu’on appelle The Preacher. Des brides de souvenirs pourront être récoltées afin d’en savoir plus sur le passé de notre héros à la tête squelettique, un puzzle qui se met petit à petit en place pour révéler une intrigue certes simpliste mais bien prenante.
West of Dead se distingue d’entrée de jeu par son monde obscur sublimé par sa direction artistique simple mais terriblement efficace. Tout le jeu baigne dans le noir et le rouge (les ténèbres et les flammes) pour un rendu graphique plus que réussi. Ajoutez à cela une ambiance sonore certes minimaliste mais réfléchie, sans oublier la voix rocailleuse de l’acteur Ron Perlman à la narration, et vous obtenez une ambiance poisseuse, lourde, tout droit sortie de la douce époque de Sergio Leone.
Pas de doute à avoir, le jeu réussit à nous propulser en Enfer, un colt accroché à la ceinture.
West of Dead se compose en niveaux générés aléatoirement. À travers de sombres dédales, il faudra trouver la sortie pour passer au niveau suivant et ainsi vous rapprocher de votre objectif. Bien entendu, plus vous avancerez vers l’ouest, plus les ennemis seront redoutables. Marais, mines, églises… Bien qu’on note une volonté de diversifier les environnements, cela ne suffit pas à briser la redondance des décors.
Le jeu est ce qu’on appelle un twin stick shooter, à comprendre ici que vous contrôlez votre personnage en vue 3D isométrique d’un pouce, et visez avec votre arme de l’autre pouce. Même si l’on peut attaquer au corps-à-corps, l’essentiel du gameplay réside dans le combat à distance, et plus exactement dans les gunfights (fusillades).
Le vrai cowboy étudie le terrain et adapte son équipement en conséquence. En d’autres termes, foncer tête baissée ne servira à rien, et il faudra améliorer ses armes et compétences pour venir à bout des hordes d’ennemis toujours plus intrépides. Mieux encore, se couvrir et esquiver font partie intégrante du gameplay, mouvements qu’il faudra apprendre à maîtriser.
Le titre joue également sur l’obscurité. Méfiez-vous des zones d’ombre, car des ennemis peuvent s’y cacher. Des lumières seront disséminées à travers les champs de bataille, et les allumer permettra non seulement d’en voir plus, mais surtout d’étourdir les ennemis, ce qui vous donnera un avantage certain sur la bataille.
Qu’on se le dise, le gameplay nerveux et doté d’une belle dose de tactique est une vraie réussite. On déplora juste un bestiaire trop limité et une intelligence artificielle peu convaincante. Certains ennemis ne bougent pas et attendent sagement d’être abattus…
Ghost Rider
Rogue-like oblige, une défaite signifie un retour à la case départ. Enfin pas tout à fait, chaque ennemie tué rapporte du fer et des péchés. Si le premier se consomme uniquement dans une unique partie permettant d’acheter de l’équipement à des marchands ambulants, la seconde ressource permet d’acquérir compétences, armes et objets en tout genre qui, une fois débloqués, le resteront pour toujours.
Ainsi, vous commencerez donc systématiquement avec un meilleur équipement au fur et à mesure de votre ascension, ce qui rendra le jeu un poil plus facile. Car oui, West of Dead est assez corsé et la mort sera obligatoirement votre compagnon de route, vous obligeant à recommencer votre périple vers l’ouest à plusieurs reprises. Tous ces retours en arrière provoqueront une certaine redondance qui viendra dénigrer l’expérience de jeu. Qu’il est pénible de refaire encore et encore le périple, et ce, même si les donjons sont, à chaque fois, différents.
De temps à autre, votre chemin croisera une âme en peine. Libre à vous de prendre son fardeau (pour le délivrer de sa souffrance éternelle) ou de passer votre chemin sans vous en soucier. Une fois libérées, ces âmes donnent de l’équipement (souvent d’excellente facture), mais le fardeau retombe sur vous. Ainsi, un compteur d’ennemis à abattre s’affiche, et pendant ce temps, le moindre coup est fatal. Une manière un peu artificielle d’ajouter de la difficulté, vous obligeant à redoubler de vigilance durant les affrontements.
Idem, vous tomberez parfois nez à nez avec des hors-la-loi, des bandits sans foi ni loi dont la tête est mise à prix. Ces derniers, comme les âmes en peine, sont générés aléatoirement. Ces scélérats du désert infernal sont la promesse d’un duel haletant et d’une belle récompense.
Notre voyage au cœur des Enfers touche à sa fin. Force est de constater que West of Dead reste une belle surprise. Le jeu brille par son ambiance western et son gameplay mi-nerveux mi-stratégique. Quel plaisir d’arpenter les sombres couloirs, prêt à tirer sur tout ce qui bouge.
Seulement, quelques aspects gâchent l’expérience de jeu, à commencer par sa redondance trop présente. On pointera du doigt également sa difficulté (sans possibilité de l’abaisser) qui vous demandera un réel investissement et une patience à toute épreuve. Car oui, il vous faudra recommencer encore et encore pour en voir le bout, vous obligeant à refaire encore et encore les mêmes choses. Alors oui, il s’agit de la base d’un Rogue-like, mais les avantages cumulés au cours de nos différentes parties ne permettent pas de gommer cette redondance blâmée.
En réalité, West of Dead manque cruellement de profondeur pour maintenir l’attention plus de cinq heures de jeu, et ce n’est pas le maigre DLC (payant !) qui changera la donne…