Si nous étions emballés à l’approche de la sortie de Vane, c’est grâce à la réputation des personnes qui étaient sur le projet, à savoir d’anciens de la Team Ico. Avec un visuel nous rappelant sans mal un Journey, et une musique posant une atmosphère puissante, nous avions hâte de nous y coller, mais malheureusement, toutes nos attentes n’ont pas été comblées et voilà pourquoi.
Entre ciel et terre
Vane fait partie de ces titres contemplatifs qui offrent une aventure au scénario minimaliste et à la perpétuelle interprétation de la part du joueur. Dans le genre, nous citions Journey car l’aspect épuré rend l’aventure unique pour qui s’y essaye, et le sens de cette dernière sera révélé non pas par une explication, mais par le fil de vos émotions et de votre passif. Avec Vane, le studio Friend & Foe Games a voulu s’orienter vers ce genre là, et venant d’anciens développeurs à l’origine du tant apprécié Ico, nous avons envie de dire que cela coulait naturellement de source.
Cependant, et sans mauvais jeu de mots, il y a comme un grain de sable dans l’engrenage, et si le jeu est parfaitement réussi sur certains aspects, il demeure assez poussif sur d’autres. Tour à tour, nous nous retrouvons dans la peau d’un corbeau ou celle d’un enfant, ce dernier se transformant en fonction de la trame de l’aventure. Dès l’introduction, Vane sort le grand jeu en nous proposant une farandole d’effets visuels que l’on retrouvera tout au long de l’aventure et qui participent à l’identité graphique du titre. Entre peinture et polygone, les décors semblent au premier abord être la carapace d’une sorte de réalité distordue, participant alors au mystère qu’entretiendra le jeu tout du long.
L’esthétique de Vane est certainement son plus gros point fort, même si l’on rencontre parfois des ralentissements qui viennent ternir nos sensations lors de moments contemplatifs. L’aspect particulier des textures apporte beaucoup de charme au jeu et le contraste entre les environnements sombres d’un côté et très lumineux de l’autre n’a pas été pour nous déplaire. Comme c’était le cas dans The Last Guardian, le travail sur les plumes est vraiment super et chaque envole au-dessus du désert nous permet d’en profiter. Ce n’est pas aussi impressionnant qu’avec Trico, rapport à la taille, mais cela fait quand même son petit effet.
Musicalement, c’est aussi de la belle ouvrage avec une OST surprenante qui colle étrangement bien malgré tout, alternant musiques douces et apaisantes lors des phases de vol, électriques et oppressantes lors de l’exploration en forme humaine. Entre-deux, des phases de silence viennent aérer le tout, nous laissant profiter des sons qui nous entourent.
Les énigmes du mystère
Malheureusement, si Vane nous a convaincus par son esthétique et sa bande-son travaillées, c’est dans la progression de l’aventure que l’on a ressenti une forme de frustration. Déjà, pour ceux qui ne jurent que par la durée de vie, à l’instar des jeux du genre, comptez pas plus de 5 heures si vous aimez vous perdre dans la contemplation la plus totale, 3 heures pour les autres. L’expérience est donc assez courte, parsemée d’énigmes manquant bien souvent d’envergure et de challenge, mais sans être mauvaises pour autant. C’est juste qu’on en attendait plus par simple envie que le gameplay nous impacte davantage.
Le souci majeur dans le jeu est que si l’enveloppe est belle, le fond manque cruellement de saveur. Le jeu nous demande d’enchaîner les énigmes, d’aller d’un point A à un point B pour continuer de progresser, mais on a l’impression que le titre a été créé sous forme de cahier des charges à remplir pour recycler une formule qui a déjà fait ses preuves. Pour autant, cela ne suffit bien entendu pas, et il en fallait soit plus au niveau du gameplay pour nous captiver avec d’autres énigmes, plus complexes. Soit il fallait la jouer contemplatif à fond et ne pas faire de ce jeu une aventure à énigmes, mais un voyage purement sensoriel comme l’était finalement Journey, où tout s’enchaînait dans une course naturelle vers l’avant. Vane n’est donc ni bon ni mauvais, il sonne juste creux sur le fond.
Conclusion Vane
Avec des anciens de la Team Ico nous étions naturellement en droit de rêver malgré une production modeste. Vane n’a malheureusement pas réussi à nous toucher en plein coeur, bien que le cahier des charges ait été suivi à lettre (peut-être trop). Sur le plan esthétique et musical, Vane s’en sort avec les honneurs et nous a charmé du début à la fin en arrivant même à nous surprendre par ses choix plutôt audacieux.
Mais sur le fond, le jeu de Friend & Foe Games manque de saveur, et même si les énigmes sont agréables, entretenant un certain mystère autour du jeu, cela ne suffit pas à nous offrir le rêve que l’on espérait. Vane nous a donc déçu, mais son aventure contemplative n’en est pas mauvaise pour autant, c’est juste que l’on a eu des jeux tellement bons dans ce genre jusqu’à présent, que Vane n’arrive pas à se hisser au même niveau.