Depuis la sortie de la nouvelle génération de consoles, nombreuses ont été les licences à recevoir leur upgrade, leur optimisation, leur mise à niveau, leur portage ou encore leur remaster. C’est au tour des équipes d’Iron Galaxy Studios (à l’origine des portages Switch d’Overwatch et Diablo 3) de nous proposer leur remaster d’Uncharted 4: A Thief’s End (2016) et de son DLC standalone The Lost Legacy (2017), vendus sous la forme d’un bundle nommé Uncharted Legacy of Thieves Collection.
Au moment de sa sortie initiale, le jeu a imposé un nouveau standard dans le monde des triples A avec ses graphismes époustouflants, sa narration maîtrisée et son expérience globale grisante. Disons-le clairement, en 2016, Uncharted 4 a été une gifle. Six ans plus tard, l’annonce de ce remaster est une étrange surprise qui soulève la question de l’utilité concrète de ce dernier. Découvrons ensemble ce qui peut justifier l’existence de ce portage et si l’aventure en vaut toujours la chandelle.
Comment faire mieux que la Joconde ?
Uncharted 4 et The Lost Legacy, comme tous les autres titres de la saga, s’articulent autour de phases d’action, d’énigmes et de plateforme. Le gameplay du quatrième opus était extrêmement jouissif, viscéral. Parmi les nouveautés qu’apporte ce remaster, on notera l’usage des retours haptiques de la DualSense avec par exemple la classique résistance au moment de presser la gâchette virtuelle de votre arme. Nous aurions apprécié une utilisation plus poussée de cette dernière, en voyant la diversité des surfaces sur lesquelles Nathan et Chloé doivent glisser durant leurs périples, et Iron Galaxy Studios aurait pu s’inspirer d’un certain Astro’s Playroom (SIE) pour nous immerger davantage dans les environnements.
Côté technique, trois modes d’affichage sont disponibles : les classiques fidélité et performance (respectivement en 4K native 30fps et 4K upscalée sur une résolution 1440p qui vise les 60fps) sont accompagnés d’un mode performance + à 1080p en 120fps pour les heureux possesseurs d’écrans 120hz.
La nécessité d’une amélioration graphique est toute relative, puisque le jeu d’origine était déjà très beau, et même si le travail sur les lumières et certaines textures est appréciable, on est loin du niveau d’un Marvel’s Spider-Man Remastered (Insomniac Games) dont les optimisations vis-à-vis de la version PS4 étaient flagrantes. Ici, la vraie différence se fera ressentir avec le mode performance qui rendra l’action aussi fluide qu’elle aurait dû l’être en 2016.
Les temps de chargement sont quasi inexistants (merci au SSD de la PS5) et on appréciera le fait de pouvoir sauter dans n’importe quel chapitre à partir du menu principal de la console grâce au Quick Resume. Ces points demeurent malgré tout le minimum syndical pour un titre qui se veut optimisé pour la nouvelle console de Sony. Enfin, avis à nos amis chasseurs de trophées, sachez que ces derniers sont rétrocompatibles si vous possédiez déjà la version PS4 des jeux.
Côté nouveautés, c’est à peu près tout. Cela ne vous aura pas échappé, les changements par rapport à la version originale restent minimes. Le titre était déjà très bon à l’époque et l’est toujours aujourd’hui. La PS5 fait son travail en déballant timidement l’arsenal des fonctionnalités de la nouvelle génération de consoles et la seule vraie valeur ajoutée se situe principalement au niveau de la fluidité des 60 (ou 120) fps. L’expérience de jeu reste bonne, mais tous nos arguments positifs semblent aboutir à un « mais … ».
Je vends donc je suis
Naughty Dog nous avait déjà proposé les remasters de ses trois premiers opus dans The Nathan Drake Collection avec les équipes de Bluepoint Games, studio spécialisé dans les remakes (Shadow of the Colossus, Demon’s Souls) qui avait alors reçu les louanges de la presse et du public. En changeant de prestataire, Naughty Dog a mis un lourd poids sur les épaules d’Iron Galaxy Studios qui devait passer derrière la très bonne copie de Bluepoint et de surcroît embellir un opus déjà très bon, pour ne pas dire difficilement perfectible.
Nous nous demandons à juste titre si le maigre travail d’Iron Galaxy Studios valait tout simplement le coup d’être entrepris ou s’il s’agit simplement d’une opportunité à moindre coût pour les studios de remettre sur le devant de la scène un titre dont l’actualité refait surface : rappelons que l’adaptation cinématographique d’Uncharted sortira le 16 février en salle avec Tom Holland en tête d’affiche.
Notons enfin la disparition pure et simple du mode multijoueur, sans réelle explication de la part des studios, alors que ce dernier avait connu un certain succès et aurait pu (ré)entretenir une base d’utilisateurs à moyen et long terme. Décision d’autant plus étrange qu’elle soustrait du contenu par rapport à la version PS4.
Entendons-nous bien. Malgré tous ces reproches, Uncharted: Legacy of Thieves Collection reste une belle opportunité de (re)découvrir deux jeux qui ont marqué leur génération. C’est un plaisir de retrouver Nathan et Chloé et de dépoussiérer nos vieux souvenirs, mais la nostalgie ne fait pas tout. D’autant plus qu’il faudra débourser 50 euros (10 euros pour la mise à niveau si vous êtes un ancien baroudeur du titre) alors que la version PS4 est disponible à tout petit prix en occasion. Quoi qu’il arrive, Naughty Dog dispose maintenant d’un remaster pour chacun de ses jeux Uncharted, ce qui équivaut à sept sorties physiques pour seulement quatre jeux et un DLC.
La version remaster d’Uncharted 4: A Thief’s End et de son DLC The Lost Legacy aurait finalement pu être une mise à niveau gratuite pour être accueillie avec plus de bienveillance.
Malgré tout, si vous n’avez jamais accompagné Nathan et Chloé dans leurs péripéties, Uncharted: Legacy of Thieves Collection est l’occasion parfaite de pouvoir profiter d’une expérience optimale, « mais … » objectivement, il est difficile de voir en ce maigre remaster autre chose qu’une opportunité de faire des bénéfices et de relancer la hype autour de la licence avant la sortie du film éponyme en salle. Le jeu est d’ores et déjà disponible sur PS5. La date de sortie sur PC, quant à elle, n’a pas encore été annoncée.