Imaginez un jeu qui dès le début vous met face à un adversaire qui possède des millions de points de vie. Imaginez que cet adversaire va être quasiment votre seul ennemi de tout le jeu. Imaginez un jeu à la difficulté d’un Dark Souls qui aurait été accouplé avec un tactical-RPG et qui a pris une grosse louche de personnages hauts en couleur digne d’un Disgaea au petit déjeuner. C’est bon vous avez une image en tête ? Ouvrez les yeux, plus besoin de l’imaginer. Compile Heart, a qui l’on doit entre autres la série des Neptunia nous a encore pondu un jeu au concept totalement hors-norme et surtout auquel on n’a pas l’habitude de voir débarquer dans nos vertes contrées européennes. Mais avoir un produit hors du commun fait-il de Trillion: God of Destruction un bon jeu ?
Un enterrement, une séance de couture et un réunion de famille
Un puissant démon nommé Trillion a envahi le monde du dessous, le Netherworld. Il est tellement puissant que personne n’arrive à l’arrêter ou même simplement à abaisser sa barre de vie qui tourne à environ un petit billion (mille milliards ou un million de millions juste pour vous donner une idée). Ayant marre d’être entouré d’incapables, le roi-démon Zeabolos décide d’aller lui-même occire la vilaine bête qui l’empêche de prendre son goûter tranquillement. Mais Zeabolos ne sait pas à qui il à affaire et se prend une baffe qui va l’envoyer à l’article de la mort. Heureusement pour lui, la douce et énigmatique scientifique Faust récupère les morceaux de son corps, fait un peu de couture avec tout ça et bim ça fait des Chocapic… heu Zeabolos est de retour parmi nous, mais malheureusement il est vidé de toutes ses forces, donc il ne peut plus partir combattre et pendant ce temps Trillion continue de dévorer petit à petit le Netherworld. Oui, quand un démon de la puissance de Trillion a faim, ça bouffe un monde entier, voir un univers en cas de grosse dalle.
Mais par chance, Faust a plus d’un tour dans son sac à main et elle a réussi à sauvegarder la puissance de notre roi démon dans un anneau. Le corps rafistolé de Zeabolos ne peut plus supporter cette puissance, mais Faust, oui encore elle, elle est dans tous les bons plans, a réussi à réunir de puissants overlords qui sont de parfaits êtres respectables prêts à recevoir la puissance de leur roi. Ces overlords font partie de la famille proche de Zeabolos et ceux sont de farouches guerrières prêtes à bouffer du démon. Mais en l’état actuel, elles ne sont pas assez fortes, il leurs faudra l’aide de l’anneau de puissance pour avoir une petite chance face à Trillion, mais il n’y a qu’un seul anneau, donc que faire ?
Un entraînement long et fastidieux sera la clé du succès
Trillion: God of Destruction propose un challenge unique. Réussir à battre Trillion avant qu’il n’ait dévoré tout le Netherworld et pour ce faire, vous avez sous vos ordres 7 overlords plus charmantes les unes que les autres qui représentent chacune un des sept péchés capitaux (L’Orgueil ; L’Avarice ; L’Envie ; La Colère ; La Luxure ; La Paresse ; La Gourmandise). Il vous faudra donc choisir qui parmi les sept aura la chance d’aller tenter baffer Trillion, mais même avec l’anneau de puissance équipée, aucune n’a la moindre chance d’y arriver, il faudra donc entraîner durement votre élue et pour ce faire vous n’avez devant vous que quelques jours durant lesquels Trillion se repose pour digérer son dernier morceau du Netherworld.
Chaque action que vous faites dans les nombreux choix d’entraînement aura une grande chance de vous bouffer une journée entière, mais en récompense vous pourrez débloquer de nouveaux statistiques et pouvoirs. Vous pouvez également renforcer la puissance de votre overlord en passant un peu de temps avec elle, en discutant et en apprenant à la connaître, voire en lui faisant des cadeaux. Tout ça avant de l’envoyer au casse-pipe qui est quasiment assuré.
Trillion: God of Destruction est dur et sans compromis. Vous passez du temps à entraîner et à découvrir une charmante guerrière qui va partir mourir. Avant de recommencer avec la suivante de sept. Oui elles ne sont que de la chair à canon dont le but est de grignoter le plus possible de l’immense barre de vie de Trillion et ainsi au fur et à mesure réussir à faire descendre ce billion à zéro avant que le monstre n’ait fini son repas. Par chance après chaque combat et avoir bien mangé Trillion se repose durant plusieurs jours, vous laissant à chaque fois le temps de préparer votre guerrière du moment, mais attention chacune n’a que trois essais avant de mourir définitivement. Il faudra obligatoirement passer par la case sacrifice et voir mourir sous vos yeux les charmantes donzelles que vous avez appris à connaître, donc à vous y attacher.
Le couloir de la mort
Les phases de combats de Trillion: God of Destruction sont comme tout le reste du jeu, assez particulières. On a affaire ici à un Tactical-RPG avec les classiques avancées case par case. Mais le jeu n’offre pas un grand terrain où seraient répartis de nombreux ennemis comme dans un Fire Emblem, non, dans Trillion nous avons droit à un grand couloir bien droit avec à son bout le tant redouté boss qui va vous envoyer diverses épreuves, telles des bombes et mini-monstre créés à partir de son corps pour ralentir votre progression jusqu’à lui et ainsi, il a le temps de préparer son coup ultime qui aurait de fortes chances de vous offrir un joli one shot.
Votre mission une fois en combat est donc de progresser le plus rapidement possible sur cette ligne droite pour aller tabasser comme il se doit Trillion et c’est là que votre entraînement va rentrer en jeu, car si vous avez débloqué les bonnes aptitudes vous pourrez avancer non plus d’une case par tour, mais de deux, voire trois, ce qui vous donne un sérieux avantage stratégique sur vos adversaires (Trillion et ses petits cadeaux), mais permet également de grignoter, voir dévorer sérieusement le billion de vie de notre cher monstre ultime. Une attaque ou un super coup bien développé peut faire mal, très très mal, donc les phases d’entraînement sont peut-être hyper répétitives et barbantes à la longue, mais elles sont primordiales si on veut avoir la chance de pouvoir mettre à terre Trillion avant que nos sept guerriers n’aient passé l’arme à gauche. Dans tout les cas, même avec le meilleur des entraînements il est impossible de terminer le jeu en une partie. C’est un souhait du producteur du jeu qui est fort étrange.
Malheureusement la lourdeur des entraînements n’est pas le seul point négatif du jeu, les phases de dialogues en sont un également. Au début les longues séquences nous apparaissent sympathiques vu que les différents personnages sont assez barrés donc très divertissants, mais à la longue ça parle énormément pour ne rien dire, ça se répète et l’humour est parfois bien lourd (et pourtant je suis bon public). Par contre ces moments de discussion sont assez agréables à l’œil si on aime le style Compile Heart. Les dessins des personnages sont très jolis et bien différents. Chaque fille a un style différent pour être sûr de toucher le plus de mâles en rut possible, mais on ne va pas se plaindre, il est bien plus agréable de subir des dialogues interminables avec devant soi un joli personnage agréable à l’oeil qu’avec un tas de bouliers verdâtres.
Passons au plaisir des oreilles. Niveau musique, que ce soit durant les combats ou à tout autre moment du jeu ça habille correctement le tout, mais une fois sorti du thème principal et de la cinématique d’introduction il n’y aura rien de bien mémorable. C’est sympathique, ça fait le job, mais le jeu sera bien vite oublié sur ce point-là. Niveau voix il propose les voix anglaises, mais également japonaises qui seront sélectionnables après l’introduction du jeu. Oui étrangement nous n’avons pas le choix des voix avant le lancement du soft, donc si vous désirez profiter des voix nippones il faudra quand même subir l’énorme introduction en version anglaise. Niveau sous-titre comme quasiment tous les jeux Compile Heart il faudra se contenter de l’anglais.
Avec Trillion: God of Destruction, Compile Heart nous propose un tactical-RPG au concept hors-norme et innovant pour le public européen. Un monstre unique à la barre de vie quasiment infinie qui demandera un grand investissement à l’entraînement pour pouvoir mettre en pratique différentes tactiques que vous pourrez tester sur le terrain, mais qui immanquablement vous obligera à sacrifier une grosse partie du charmant chapelet de demoiselles qui compose votre équipe. Malgré de longues phases lourdes comme pas possible, le challenge très ardu proposé par ce titre est très plaisant et au final on prend donc plaisir à relever ses manches et à suer à grosses gouttes durant de nombreuses heures de jeu. La difficulté et l’obligation de devoir recommencer plusieurs fois les mêmes choses pourra rebuter pas mal de monde. Mais les personnes qui arriveront à prendre du plaisir là-dedans découvriront un jeu riche et dont on tire une très grande fierté à l’avoir terminé.