The Legend of Heroes a assurément une aura moins grande en Europe qu’au Japon, territoire où il touche au statut de série culte. Certes, jusqu’ici, Falcom a bien pu proposer quelques épisodes de sa saga. Seulement, force est de constater que certains opus demeurent encore à l’écart. Une absence qui ne saurait durer bien longtemps. Déjà, en septembre dernier, l’on venait vers nous avec une proposition : Trails from Zero. Et l’arrivée (le 17 mars 2023) de Trails to Azure – qui met fin au diptyque commencé par l’épisode susmentionné et à une absence de plus de dix années sur le continent européen – est une preuve supplémentaire de cette expansion.
Trails to Azure justement est l’épisode qui nous intéresse aujourd’hui et pour lequel nous prendrons soin de dégager un avis détaillé. Et si l’on prendra notre temps pour argumenter, on peut déjà dire la chose suivante : le jeu, bien qu’il ait de très gros atouts en sa faveur, ne pourra vraisemblablement être apprécié du grand public…
(Test de Trails to Azure sur PS5 réalisé via une copie PS4 du jeu fournie par l’éditeur)
De retour sur des bases connues
Suivant, comme dit plus haut, l’épisode Trails from Zero, on nous renvoie ici avec un casting bien connu. Et même s’il y a bien quelques changements dans la petite brigade des « forces spéciales » que l’on est amené à côtoyer, aucune de ces têtes n’est absolument « nouvelle ». C’est juste que l’on a désormais la possibilité de mettre à profit des personnages qui faisaient auparavant office de figurants. On peut, par exemple, passer de l’un à l’autre au cours de notre exploration de manière instantanée, si l’envie nous prend.
L’utilité de la chose est cependant bien minime, mais pas inexistante, puisque, grâce à la capacité propre de certains personnages, il est possible de maintenir la distance avec divers ennemis qui jalonnent notre chemin et ainsi les engager sans risquer une offensive de leur part. Dès lors, c’est un moyen d’avoir la mainmise lors des combats (au tour par tour si besoin est de préciser) à venir. En assommant préalablement nos adversaires, on commence en effet avec un sérieux avantage. A contrario, s’ils arrivent à nous surprendre, on perd cet avantage. Quoi de plus normal.
Les affrontements en question, ceux qui découlent de ces rencontres, sont on ne peut plus classiques, et ne se distinguent pas du précédent opus… enfin, pas totalement. Il y a bien quelques ajouts de fonctionnalités, mais dans le fond, c’est semblable. On dispose de notre groupe de quatre personnages principaux, on les déplace, réalise des attaques simples, des attaques spéciales ou encore des attaques magiques… etc. Dans la majeure partie du temps, ces confrontations ne représentent pas de grandes difficultés.
En fait, elles sont même si simples qu’il en devient presque barbant de les subir, nous conduisant ainsi à les éviter. En revanche, en ce qui concerne les boss ou autres combats majeurs, c’est déjà moins facile. Mais, honnêtement, il n’y a rien d’insurmontable, il suffit d’être bien préparé comme, par exemple, avoir en réserve suffisamment d’objets de soin, etc.
L’histoire avant toute chose !
Ces éléments-là ne constituent pas le véritable point fort du jeu. Et même, on peut aller jusqu’à dire qu’ils n’occupent qu’une partie (très) infime de l’expérience que l’on compte nous offrir. Est-ce donc plutôt le côté exploration qui l’emporte ? Pas vraiment, et ce, même si l’on est plus ou moins libre d’aller où l’on veut (tout dépend si la situation nous le permet) pour notamment mettre la main sur des trésors bien utiles dans les combats. Alors, peut-être que l’on peut compter sur une proposition idéale en quêtes ? Là aussi, on ne l’affirmera pas.
Entre les quêtes principales, secondaires ou d’autres choses (pêche, casino ou encore mini-jeu à la manière d’un Puyo Puyo…), c’est évident, Trails to Azure ne laissera pas son utilisateur en plan. Cependant, là par où il nous tient en haleine réside dans son histoire et sa narration, bien que la structure ne se démarque pas trop de son aîné (du moins au début). Mais attention ! Elle a, comme qui dirait, un petit souci au niveau de l’accessibilité et pourrait donc très certainement décontenancer certains joueurs qui tenteraient de l’approcher.
Déjà, on ne peut que mettre en garde le joueur qui voudrait s’essayer au présent opus sans être passé au préalable par le précédent, Trails from Zero : la continuité entre les deux est on ne peut plus prégnante. Et logiquement, le nouveau venu ne pourra que se perdre, ou du moins, il aura forcément du mal à trouver ses repères, vu que l’on nous fait constamment (ou presque) référence à ce que l’on nous a conté précédemment.
Ensuite, et il s’agit d’un problème non négligeable, c’est la langue. Car tout comme le premier volet du diptyque, aucun texte en français n’est à observer. Ce qui est fort regrettable, puisque quasiment à chaque instant, on doit faire face à une ligne de texte.
Entretenir le mystère
Les dialogues prédominent en effet, et ce, pour le meilleur et le pire. Car oui, d’aucuns trouveront que certains échanges verbaux qui ponctuent le jeu sont totalement superflus et n’apportent rien à la trame scénaristique. Et sans doute auront-ils raison… Toutefois, à notre humble avis, ils existent dans une fin précise : donner davantage de consistance, de relief à notre casting, histoire de faire naître de la sympathie, voire de l’empathie, à leur endroit. Que cela marche ou non dépend uniquement de la réceptivité du joueur. Ce qui ne devrait pas poser de problème, le public étant logiquement réuni autour de Trails to Azure en connaissance de cause.
De notre côté, on se prend très facilement au jeu. L’histoire, comme on l’a mentionné plus tôt, est suffisamment intéressante et prenante pour que l’on se sente concerné, d’autant que l’on ajoute une touche immersive supplémentaire en nous proposant de nous lancer dans une véritable enquête cherchant par-ci par-là des indices afin d’éclaircir un mystère qui se désépaissit au cours de notre progression. Après, il est vrai que les différents enjeux peuvent paraître un peu lents à se mettre en place, mais c’est probablement voulu. Du moins, ça fait sens, l’objectif étant de proposer un rythme qui se veut crescendo.
Et puis, si cela ne suffit pas à satisfaire, il y a tout ce qui contribue à donner de l’entrain à l’univers. C’est très réjouissant, que ce soit du côté de la composition musicale, des voix japonaises (dont la plupart sera très fortement reconnaissable des amateurs) parfaitement dans le ton ou encore des graphismes (en 3D isométrique) qui nous rappelleront sans mal un temps qui appartient aujourd’hui au passé.
Finalement, Trails to Azure n’est pas pour tous les publics. Et ceux qui ont pu approcher le premier opus notamment y conviendront sans mal. À vrai dire, pour résumer, l’expérience que nous offre Falcom avec ce jeu est comparable à celle que nous fournit le genre du visual novel. Car, même s’il ne faut pas négliger les autres aspects, il faut bien concéder que la narration et le scénario portent grandement le jeu. Et, de ce côté, c’est du solide.
Seulement, il y a deux gros défauts qui viennent quelque peu ternir l’aventure. Le premier, c’est la langue bien évidemment, qui ne causera cependant de réel souci qu’aux non-anglophones. Quant au second, c’est que par moment, on a davantage l’impression de subir le jeu que d’y participer totalement. Certes, on peut se balader, faire des activités, etc., mais, bien souvent, on n’a pas d’autre choix que de voir défiler devant nos yeux dialogues sur dialogues, et d’espérer que la discussion prenne fin.
Mis à part cela, Trails to Azure reste un indispensable pour les amateurs du genre, proposant un univers intéressant et des personnages attachants. De quoi passer un (très) bon moment en attendant le prochain opus prévu dans nos contrées pour l’été 2023 : Trails into Reveries, sorti en 2020 au Japon.