Après avoir triomphé des énigmes et des menaces de l’inquiétant manoir Winterlake, Caroline Walker s’accorde une pause bien méritée en compagnie de sa sœur Anna dans Tormented Souls 2. Dans la droite lignée de son aîné, ce second opus poursuit l’hommage aux survival horror de l’époque avec un gameplay rigide, une mise en scène étudiée grâce aux fameuses caméras fixes et au scénario volontairement nébuleux et lent visant à installer en douceur la peur dans le cœur et l’esprit du joueur.
Tormented Soul n’est pas l’unique représentant de ces jeux qui souhaitent faire « comme à l’époque » et encore moins dans le domaine de l’horreur. Comment la création de Dual Effect pourrait-elle se démarquer de la concurrence ? Tormented Souls 2 est-il un énième hommage paresseux ou une véritable surprise dans le paysage surchargé des survival horror ?
(Test de Tormented Souls 2 réalisé sur PS5 à partir d’une copie du jeu fournie par l’éditeur)
L’horreur est cette fois religieuse
Comme beaucoup de survival horror, Tormented Souls 2 puise ses racines horrifiques du côté religieux. Cette fois-ci, Caroline est plongée dans les sombres architectures d’un couvent suisse qui cache bien des secrets. Très vite, nous comprenons que la retraite bien méritée des deux sœurs était en réalité un guet-apens monté de toutes pièces pour mettre la main sur Anna. Mais par-delà la menace des nonnes du couvent, quelque chose d’autre se tapit dans l’ombre des couloirs. Une présence Lovecraftienne semble corrompre les lieux et autour de cette aura s’est monté un culte sectaire prêt à tout pour utiliser la puissance d’une étrange matière noire. Armé de son fidèle pistolet à clous, Caroline va devoir lever le voile sur ce mystère, retrouver sa sœur et triompher de cette secte ayant réveillé une chose qu’il aurait mieux valu laisser enfouie.
Fidèle à ses inspirations vidéoludiques et aux scénarios horrifiques des années 90/début 2000, Tormented Souls 2 joue la carte du mystère dès le début de l’aventure en nous plongeant in medias res dans l’action. Les personnages et les menaces sont présentés succinctement mais avec une efficacité redoutable et, tout comme dans le premier opus, nous prenons très vite en main Caroline et comprenons immédiatement le fonctionnement de la boucle de gameplay. L’action est stressante, les énigmes retorses, malignes et organiques, et l’ambiance terrifiante à souhait.
Participant aux effets horrifiques et de stress, le sound design et design global des créatures profite d’un travail tout particulier. Le tout couplé aux caméras fixes, le travail de Dual Effect pour amener peu à peu l’horreur au cœur de l’aventure est des plus réussi. Plusieurs fois nous sommes stoppés net dans notre progression après avoir entendu un son, un cri ou un grognement sans pouvoir voir d’où ce son provenait. Les jump scares sont savamment dosés et intelligemment placés participant à l’installation du sentiment d’urgence. Nous ne sommes presque jamais tranquilles dans Tormented Souls 2 et c’est assez rare dans les propositions horrifiques d’aujourd’hui.
Un gameplay hommage qui prend aux tripes
Comme dans Tormented Souls premier du nom, l’ensemble du gameplay et du level design est volontairement inspiré des premiers Resident Evil et Silent Hill. Caméras fixes placées dans les endroits stratégiques des pièces visitées, une certaine lourdeur dans les déplacements du personnage, inventaire et ressources limités. Tout cela mis ensemble participe grandement au sentiment de frayeur. Caroline n’est pas Claire Redfield,et ses capacités à affronter les créatures et à esquiver les attaques sont relativement amoindries. En épaulant votre arme, vous êtes particulièrement vulnérable aux attaques et aux assauts. La pression d’une simple touche vous permet de faire un bond en arrière, mais dans la plupart des cas le côté exiguë des pièces vous forcera à fuir ou à tourner en rond pour éviter les coups.
Pistolet à clous, marteau ou encore fusil à pompe, l’arsenal mis à disposition de Caroline vous permettra de vous sortir de plusieurs situations dangereuses, mais les ressources étant limitées, attention à ne pas tomber à court de munitions avant de partir vous frotter à un boss. Il faudra également être prudent dans vos choix d’équipement. Si Caroline est trop longtemps plongée dans le noir complet, elle mourra. Briquet ou pistolet à clous, le choix est vôtre.
En dehors des phases d’action et de fuite, les énigmes prennent une place importante dans ce Tormented Souls 2. Et contrairement à beaucoup de survival horror hommages, terminé les pinces et briquets à usage unique ici vous conservez les objets récupérés dans le décor. Ce faisant, il ne sera pas rare de devoir résoudre une énigme à un moment donné du jeu avec un objet récupéré quelques heures plus tôt et ayant déjà servi. Cette logique, bien que discrète, ajoute une part de réalisme au jeu et force le joueur à se rappeler de son parcours et de ce qu’il a déjà accompli.
Les énigmes sont logiques et relativement diversifiées. En aucun cas le jeu ne nous prend par la main pour leur résolution et, contrairement à des propositions récentes comme les énigmes quelque peu tirées par les cheveux de Silent Hill f, les résolutions suivent un cheminement logique. Vous avez récupéré un cryptex avec d’étranges symboles et vous vous rappelez également avoir trouvé un tapis d’échecs il y a plusieurs dizaines de minutes ? C’est à vous de savoir quoi en faire, Caroline ne vous chuchotera pas la réponse et le jeu ne fera pas clignoter d’indice à l’écran. Tormented Souls 2 est exigeant, complexe et parfois frustrant, mais les efforts déployés en valent largement le coup.
Encore un effort à faire Caroline ?
Toutefois, et cela est sûrement dû au budget de développement, Tormented Souls 2 possède encore quelques lacunes qui, sans handicaper le joueur, peuvent parfois faire grincer des dents. Tout d’abord, graphiquement le moteur Unreal Engine 5 n’opère aucun miracle, les visages et animations faciales sont assez pauvres et les environnements, bien que très détaillés et parfaitement mis en scène, voient leur texture baver par endroit. Le fait d’avoir plongé le jeu dans le noir ou faiblement éclairé permet de cacher ces manquements.
De même que les animations des personnages. Les déplacements sont extrêmement rigides et peuvent parfois être crispants lors d’une fuite ou d’un aller-retour. Caroline se déplace par moment comme un semi-remorque et les placements peuvent également se retrouver gênés à cause d’une hit-box trop capricieuse. Ces problèmes étaient déjà présents dans le premier opus et ont été corrigés dans cette suite, mais pas encore suffisamment pour éviter ces moments d’arrachage de cheveux ou mort injuste à cause d’un placement hasardeux.
Tormented Souls 2 est l’hommage et l’expérience parfaite qu’il pense être. Avec sa boucle de gameplay exigeante et frustrante, mais toujours satisfaisante et son ambiance glaciale et horrifique intelligemment distillée tout au long de l’aventure, le jeu de Dual Effect est un survival horror qui fait réellement peur. L’ensemble des mécaniques et des efforts déployés dans le sound et le level design participent à la création d’un univers effrayant mais jouissif à parcourir !


