Nippon Ichi Software, studio et éditeur japonais fondé en 1991, aura, en un peu plus de 20 ans d’expérience, su se frayer un chemin vers la cour des grands. Si à l’origine, il produisait et éditait uniquement pour le terroir japonais, depuis 2002 et son entrée sur les marchés du monde (La Pucelle: Tactics en 2002 et Disgaea en 2003), on ne peut plus nier son impact sur la présence de la culture japonaise dans le milieu du gaming. Si la précédente génération de consoles marquait un certain effacement de cette culture, effacement qui a plutôt payé à l’éditeur abreuvant les fans en manque de japoniaiseries (oui, je suis d’accord avec ce choix de mots), aujourd’hui chacun de ces titres est un événement en soi, promettant l’expérience culturelle qu’une cartouche occidentale ne peut promettre, surtout issue d’un grand éditeur.
Alors, The Princess Guide, déjà disponible depuis le début de l’année dernière au Japon, promet-il une expérience complète ? Peut-il satisfaire la soif insatiable des joueurs en manque de demoiselles en quête d’un « Oni-chan » ? Et encore et surtout, le jeu vaut-il votre temps et son prix ?
Un principe simple
The Princess Guide est un jeu d’action qui promet exactement ce que le titre implique. Dans ce soft, vous incarnez un héros de guerre, combattant émérite en soif d’une nouvelle vie. Il pense ainsi trouver son salut en devenant instructeur et se voit offrir de s’occuper de 4 princesses guerrières, toutes ayant pour objectif de rendre gloire à leurs royaumes. Ainsi, votre avatar va passer de royaume en royaume pour dispenser son savoir acquis sur les champs de bataille à chacune de ces demoiselles en détresse.
Un pitch qui ne fait pas dans l’originalité mais qui sera néanmoins suffisant pour les amoureux des relations kohai/senpai, en manque d’une « *insérez le diminutif du prénom de votre choix*-chan » à chérir. Oui, le jeu est bien ce qu’il est et tente bien de harponner le jeune amateur de manga, accro au dating-sim de nos régions isolées, en lui faisant moult promesses. Sur le plan esthétique, le défi est relevé avec brio. Nippon Ichi Software nous sert ici un titre qui flattera la rétine des fans d’anime sans difficulté. C’est coloré, joyeux et fin, les personnages, sans être originaux ni même bien écrits, sont amusants (et ce malgré des fautes dans les textes) et cerise sur le gâteau de la classe, sont intégralement doublés. Un plus très agréable qui permet de se lier un peu plus avec la demoiselle qui a nos faveurs.
Cependant, il y a aussi des promesses brisées et elles surviennent très rapidement. Dès les premières minutes, le soft nous présente un de ses plus gros défauts : l’illusion du choix. The Princess Guide nous offre des choix tout au long du jeu, des questions, des réactions… qui ne mènent jamais à rien. En effet, selon les dialogues, il vous est permis par moments de répondre par le biais d’une option d’approbation ou de réprimande. Seulement, quelle que soit votre décision, il n’en résultera qu’en une ou deux fenêtres de texte qui seront aussitôt oubliées. Un réel sentiment de gâchis quant aux possibilités qu’une telle option aurait pu apporter au titre et qui se répétera comme un refrain tout au long de l’histoire…
Un but évident
Au programme de votre aventure, de nombreux combats mais pas que. En effet, votre implication dans The Princess Guide est multiple. La part la plus importante se situe sur les champs de bataille et le reste se partagera entre l’éducation de la princesse et la carte du monde, ces options apportant avec elles des notions de RPG et de stratégie. Tout part, cependant, de la carte du monde qui se présente comme dans un Final Fantasy Tactics, mais en plus générique, bien entendu. Diverses missions (indispensables pour poursuivre le scénario) ou ennemis (pour diversifier l’expérience de jeu… ou pas lol) y apparaissent et vous pouvez y invoquer des personnages afin de la parcourir.
Vous aurez par défaut 2 personnages disponibles à chaque chapitre, votre avatar et la princesse, tous 2 accompagnés de leurs troupes qui serviront en combat. Néanmoins, il est possible de déployer jusqu’à 6 unités en simultané, ce qui est, complètement inutile puisque seules la progression de la princesse et de votre personnage ne comptent (votre personnage garde ses progrès, et la princesse, on en parle un peu plus tard).
En combat, The Princess Guide n’est rien de plus qu’un léger reskin de Penny Punching Princess. Les différents personnages, aussi bien votre avatar que les princesses et les généraux que vous pouvez vous offrir pour compléter votre armée, se rangent en 4 catégories, chacune avec leurs propres jouabilités et avantages (une roue de type Pierre/Papier/Ciseau).
Au programme, coups normaux de votre héros, un coup de vos troupes pour assommer l’ennemi et des compétences spéciales dévastatrices à utiliser (qui changent selon l’arme équipée et aident à rafraîchir le gameplay), qui permettent de nettoyer l’écran. Si jamais vous êtes pris de court et qu’un tableau vous semble infranchissable, il est également possible de prendre contrôle de reliques dans le décor, ces dernières pouvant servir offensivement ou défensivement selon l’élément contrôlé. Sur ce principe, le titre se tient bien et semble intéressant aux premiers abords.
Cependant, une fois que l’on remarque qu’il n’y a pas de regain de vie entre les niveaux et qu’on est obligé de sortir ses pions de la map pour leur en rendre, les bloquant ainsi pour quelques minutes, on se retrouve plus à matraquer les frappes de base et utiliser quelques coups assommants plutôt que de chercher à jouer dans la finesse. Forcément quelque chose qui ne va pas aider l’aspect répétitif lié au genre…
Seule option réellement originale, il vous est permis, quand la princesse est en combat, de la féliciter ou de la réprimander en fonction de ce qui se passe à l’écran. Cette feature octroie à cette dernière divers bonus tels qu’une augmentation statistique temporaire. Utilisable 3 fois par combat, elle est aussi la clé de la progression de la demoiselle puisqu’elle lui permet d’apprendre les matéria équipées, instruments indispensables à la progression de cette dernière. Cette option casse même littéralement le jeu par moment, enfin, surtout une fois qu’on a appris qu’on peut lui faire récupérer tout ses PV quand on la réprimande à l’article de la mort (mort qui n’est d’ailleurs même pas punitive…).
Mais une exécution à revoir
Enfin, jusque là, si vous avez compté les points, vous avez dû constater que là où le jeu pêchait vraiment, c’est dans son game design et cette dernière partie devrait enfoncer le clou une bonne fois pour toutes. La partie éducation de la princesse, point primordial du titre s’il en est, est simplement le pire gâchis que le logiciel a à offrir. Au gré de votre voyage et des expériences de votre protégée, elle découvrira des matérias, symbolisant un objet qui lui faut maîtriser pour progresser sur le plan personnel et qui est donc inculqué par vos soins à chaque réprimande ou félicitation (oui, le résultat est le même).
Ces savoirs sont donc à maîtriser grâce au combat et ensuite à apprendre dans les menus indigestes de votre base et ne sont expliqués que succinctement au début du premier chapitre de votre voyage. Lors du test, il nous a fallu près de 2 heures avant de comprendre que ces matérias servaient à la progression de votre pupille, 2 heures dans un jeu qui peut se boucler en 8 !
L’opération s’effectue par le biais des menus dans votre QG, une liste d’options sans vie qui vous permettent entre autre donc d’équiper vos généraux des armes lootées, d’équiper des matérias ou d’enseigner à votre princesse afin d’améliorer ses statistiques. Dans l’absolu, ça a probablement été conçu avec cet objectif en tête, seulement dans les faits, aucune montée statistique n’a d’impact visible sur le gameplay, aussi bien pour votre princesse que pour les divers généraux. C’est malheureux de viser autant sur les visuels et de prendre soin que tout soit joli si tout ce qu’on fait en jeu ne se voit pas au final.
Et pour évoquer un dernière souci qui n’est pas évident, c’est loin d’être la seule chose qui manque cruellement de visibilité ; si on peut comprendre des menus dépassés si c’est dans leurs cahiers des charges, si on peut comprendre que les écrans deviennent brouillon en combat quand le décor se superpose sur les sprites et les effets de combats qui giclent comme des ados qui découvrent leurs corps, on ne comprend toujours pas pourquoi dans un jeu de 2019, le jeu n’utilise pas la sauvegarde automatique, ni ne signale que cette dernière est planquée derrière les menus du QG et où la trouver ! Non mais les mecs putain !
NDLR : Des fois, on est tous d’avis pour dire qu’une critique est dure et on veut vérifier les choses par nous-même. Bien à toi noble lecteur. Nous vous recommandons dans cet encart de privilégier l’achat physique. La version boîte coûte selon le revendeur 10€ moins cher que la version dématérialisée et vient avec un artwork, de quoi profiter de ce que le mieux avait à proposer. J’espère que cette note est utile.
Nippon Ichi Software signe à nouveau avec The Princess Guide un titre à demie teinte (pour être gentil). Effectivement, l’éditeur nous sert ici le soft le plus bâclé qu’il ait fait ces dernières années. Paresseux, répétitif et les malheureuses quelques bonnes idées proposées se voient noyées par une mauvaise idée qui compense. Comble pour un jeu qui gonfle son tarif, il trouve la force de faire dans l’économie de moyens, empilant les idées comme on balance nos chaussettes dans une corbeille, sans prendre le soin d’ajouter de la cohérence et de la profondeur.
Même pour un fan de la première heure, le résultat peut se trouver blessant tant même les histoires, au mieux pas recherchées, se terminent parfois en queue de poisson. Encore un jeu de NISA à rejoindre la liste des expériences qui auraient pu être mieux… Une réelle déception…