Originellement sorti sur PSP il y a plus de dix années au Japon, The Legend of Nayuta: Bond Trails a tout récemment été mis à l’honneur en Occident. Sortie qui confirme cette volonté de vouloir peu à peu ouvrir en entier une saga fermée à la majorité d’entre nous : The Legend of Heroes.
Néanmoins, cet épisode est en totale opposition avec les autres épisodes canoniques de la série (dont est notamment tiré le dernier que l’on a pu approcher : Trails into Reveries). Et ce, pour au moins deux points : le tour par tour qui laisse cette fois-ci la place à du combat en temps réel et une trame scénaristique plus légère. On laisse ici les tracas et intrigues politiques pour vivre une aventure logiquement placée sous le signe du voyage.
La question est donc là : en changeant de cap, Falcom a-t-il réussi à obtenir une formule digne d’intérêt ? Et sachant qu’on lui doit la série de Ys, il y a peu de doutes à y avoir là-dessus. Enfin, c’est ce à quoi l’on peut s’attendre en théorie. Mais est-ce le cas en réalité ?
(Test de The Legend of Nayuta: Bondless Trails sur Nintendo Switch réalisée à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Nayuta ou une candeur appréciable
L’aventure commence sur un retour. Nayuta, en compagnie de son presque frère Cygna, revient sur son île natale. Mais hors de question de se reposer. Animés par l’impétuosité caractéristique de la jeunesse, ces derniers vont donc à la chasse aux activités. Ce qui est une manière d’introduire le joueur à quelques fonctionnalités et de l’y initier.
L’histoire ne prend pas longtemps avant de pleinement démarrer et d’emprunter la direction qui s’impose : le voyage vers l’inconnu et la découverte de nouveaux mystères. Une direction qui se laisse sentir sans mal, et ce par le caractère même de nos protagonistes. Ces derniers sont suffisamment bien écrits et incarnés par leur voix (japonaises en l’occurrence) pour nous véhiculer cet appel à l’aventure. Alors oui, quand on parle d’écriture, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de bien détonnant. On reste près d’éléments connus et, par ailleurs, très simples. Mais, c’est cette simplicité qui renforce notre intérêt.
La naïveté et la candeur qui entourent notre héros génèrent une espèce de sympathie, tout en alimentant notre curiosité. Pour le dire clairement, ces traits de personnalité permettent davantage l’immersion et ajoutent de la cohérence à l’aventure. Nayuta est désireux de faire des découvertes et c’est ainsi que le joueur doit se sentir. D’un point de vue de l’ambiance, c’est assurément une bonne chose, d’autant que la personnalité de Nayuta se reflète à merveille dans le monde présenté.
Là où Falcom attire notre attention, c’est par le procédé de la narration. Celle-ci est assez classique, dans le sens où structurellement, on se rapproche par exemple d’un Trails. Plus on progresse et plus de nouveaux mystères surgissent. Par conséquent, le titre arrive à ménager notre curiosité et à créer de l’attente, chaque chapitre (ou presque) se terminant en suspens. Si on est pris dans l’atmosphère du jeu, on voudra sans nul doute continuer pour connaître le fin mot de l’histoire, que ce soit en ce qui concerne la motivation des antagonistes ou autour de zones d’ombre planant sur les personnages.
Le goût de l’aventure
Et, plus important, le but recherché est atteint. En tout cas, la transition vers un style moins complexe que dans la série canonique est assurée. Certes, le temps de parole est toujours aussi long (enfin, ça reste très en dessous, mais le propos est moins lourd, moins considérable et surtout moins alambiqué). Un choix qui peut être à double tranchant : quand certains trouveront cela niais, d’autres pourraient le trouver judicieux. Un dernier jugement que nous émettons effectivement.
En fait, The Legend of Nayuta: Bondless Trails semble plutôt placer son récit sur l’axe émotionnel que sur l’axe « intellectuel ». On y sent, par exemple, une sorte de sincérité dans les relations qui s’établissent entre nos personnages, parmi lesquels se trouve celle qu’entretiennent tout particulièrement la fée Noi et Nayuta.
Et tout cela est renforcé par l’univers qui nous est servi : il est en totale adéquation avec le casting et dégage une sorte de bonne humeur. Pour cause, l’environnement est féerique et, à juste titre, assez coloré. Forêts, lieux marins ou monts enneigés, tels sont les sols que nous foulons. Bref, on est dans le domaine du fantastique. Et la tonalité est respectée. On effectue une sorte de voyage dans le temps et l’espace.
Une avancée qui perdrait sans doute de sa magnificence si la musique était différente. Car oui, c’est elle qui donne sa pleine substance au monde. Sans oublier la D.A, qui a par ailleurs bénéficié de soins supplémentaires par rapport à la version originale. Une composition artistique qui, si l’on s’attarde sur les détails, semble crayonnée çà et là. Ce qui donne une esthétique agréable, colorée et très certainement en accord avec le jeu. Et puis, il y a quand même de sacrés panoramas, qui brillent par leurs détails et, parfois, par leur gigantisme. Après, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un titre de 2012…
Un dynamisme certain ?
Le monde est donc magique et il se fait sentir sans mal. Un monde que nous, joueurs, parcourons à la façon d’un Super Mario World. On y déplace notre protagoniste de stage en stage. Et chaque niveau est assez court. En fait, tout dépend de leur difficulté, qui va en augmentant. On avance, terrasse quelques ennemis, active des interrupteurs, etc. Bref, des tâches classiques.
Pour arriver à bout de nos ennemis (des créatures diverses et adaptées au paysage), on a droit aux banals coups d’épée (ou d’autres armes que l’on récupère au fil de notre progression), mais aussi à des attaques magiques dispensées par notre compagne de fortune Noi. Mais, attention, les dangers ne sont pas que sous « forme vivante », il y a également des pièges à éviter (telles des piques) si l’on ne veut pas voir notre barre de vie diminuer. Et si mort il y a, on recommence toute la carte, avant même d’avoir foulé des pieds le niveau.
Un tel système est vraiment intéressant, puisqu’il ajoute un degré de défi non négligeable et incite à être prudent. De plus, il est aussi facteur de rejouabilité. Pour le dire clairement, il y a plusieurs façons de passer un niveau : le réaliser de façon à le faire à toute vitesse, ou accomplir certains objectifs (comme casser un nombre défini d’objets par exemple).
Seulement, notre progression peut se heurter à quelques défauts de prise en main. Certes, c’est maniable dans l’ensemble, cependant on ne peut s’empêcher de penser à quelques légères imprécisions (dues à la caméra notamment) qui peuvent parfois nous mener à la chute lors des phases de plateforme. Ce qui rend ces moments particulièrement tendus.
Malgré cela, l’aventure reste plaisante et propose un contenu appréciable (comme les combats de boss par exemple), même si d’autres petites paramètres négatifs viennent s’y greffer. On retrouve l’éternel manque de sous-titrage français pour un jeu de cet acabit, ce qui ne facilitera pas l’adhésion du public français. Il y a également un soupçon de répétitivité qui pourrait titiller le joueur, à l’instar de l’aspect aller-retour bien présent. Mais, pour ce dernier point, l’amateur du genre devrait forcément en être averti.
The Legend of Nayuta: Boudless Trails arrive à susciter l’intérêt et peut-être son aventure arrivera-t-elle également à envoûter une partie de son public. Alors oui, la proposition peut paraître un peu trop classique, mais qu’importe, le titre de Falcom arrive à construire un univers des plus satisfaisants, le tout porté par une D.A à la tonalité merveilleuse et par une bande-son enjouée, sans oublier son casting convaincant.
En d’autres termes, ce spin-off de la série The Legend of Heroes livre une parenthèse plus que sympathique.