D’abord sorti sur PS Vita en 2016 au Japon et aux Etats-Unis ainsi qu’en Europe en 2017, The Caligula Effect revient aujourd’hui avec un portage sur Playstation 4, Nintendo Switch et PC dans une version « Overdose » rajoutant plus de contenu. Au gameplay basé sur de la stratégie au tour par tour tout et vendant une histoire profonde, The Caligula Effect: Overdose parvient-il à proposer une meilleure expérience que son prédécesseur ?
The Caligula Effect: Overdose – Un jeu qui aurait pu faire (beaucoup) mieux
Une partition bien écrite
On peut reconnaître une chose, The Caligula Effect: Overdose pose plutôt bien son univers. Nous incarnons un élève de seconde année fraîchement débarqué dans un lycée de Mobius, une réalité alternative utopique dont les seuls habitants sont des lycéens heureux géré par une IA appelée µ (à prononcer Mew, comme le Pokémon), qui, avec l’aide d’une bande de musiciens, diffuse ses chansons partout (ce détail aura son importance). Cependant, des événements vont nous pousser à regretter le monde réel, et nous nous rendrons rapidement compte que nous sommes retenu à Mobius contre notre gré et l’envie d’évasion se fera très vite sentir, mais nous ne serons pas seul.
En effet, vous ferez rapidement la connaissance du Go Home Club, petite organisation d’amis dont le but est de fuir ce monde au plus vite. Car même si chaque personnage a eu ses propres raisons de fuir la réalité, cette dernière a besoin de vous et il sera bientôt trop tard. Nous pouvons donc aborder le principal atout du jeu : son histoire. Chaque membre du Go Home Club est intrigant, possède un passé bien développé qui vous sera raconté au compte-goutte lorsque vous avancerez dans l’histoire ou souderez de meilleurs liens d’amitié en combattant avec eux. D’ailleurs, The Caligula Effect: Overdose ne prend pas de gants et il ne sera pas rare de le voir traiter des sujets sensibles comme le deuil, la dépression, la solitude, et bien plus encore.
Cette histoire nous fait directement pardonner les animation quelquefois rigides pendant les cinématiques avec le moteur du jeu, ou des textures un peu floues sur le format portable de la Switch. La décomposition des murs et obstacles lors des affrontements permet une plus grande lisibilité et empêchent les problèmes de caméra. Mais malheureusement, ce sont bien là les seuls points forts du jeu…
On change de disque ?
Tournant autour du thème de la musique, on aurait pu s’attendre à voir les développeurs prendre la bande-son très au sérieux, c’est ce qu’ils ont d’ailleurs fait en faisant un partenariat avec plusieurs musiciens Vocaloids. La bande-son proposée, bien que correcte, n’est cependant pas faite pour être écoutée en boucle. Car même si une musique propose plusieurs variantes dans un donjon (une version instrumentale pour l’exploration, une version chantée pendant les combats, et un léger remix lors des phases de boss), cette dernière vous rendra tout simplement fou au bout d’une heure passée à l’intérieur d’une instance, qui sont d’ailleurs les seuls lieux accessibles au joueur.
En effet, le titre souffre d’un problème de taille : sa répétitivité. Les donjons ne sont clairement pas inspirés et se contentent juste d’être une compilation de couloirs remplis d’ennemis dans lesquels on aurait juste changé le décor d’un lieu à l’autre. L’aspect exploration est très peu mis en avant et ne propose que des coffres cachés au détour d’un énième couloir sans vie. C’est pour cela qu’au bout de quelques heures de jeu nous nous contenterons juste d’esquiver la foule d’adversaires qui se dresse sur notre route avec les yeux rivés sur la carte nous indiquant la route à suivre dans un coin de l’écran. Alors on se dit que le système de combat corrigera le tir, mais là encore des choses sont à revoir.
Un gameplay peu entraînant
Au départ, il nous est proposé un gameplay au tour par tour plus qu’original. Appelé « Imaginary Chain », ce système de combat est une course à la meilleure programmation et à l’optimisation : le joueur connaît à l’avance les actions que vont effectuer les adversaires, et c’est à lui d’utiliser les différentes capacités des personnages (qui sont classées en trois catégories : attaques, buffs, et soutiens) et combos disponibles pour contrer les attaques ennemies et faire pencher la balance en sa faveur. Ainsi, nous avons la possibilité de gérer les timing des attaques pour effectuer des combos dévastateurs.
Bien sûr, cette Chaîne ne prédit pas l’avenir : une attaque décisive ratée pourra casser un combo minutieusement préparé et gâcher un tour complet. Aussi, une jauge de Risk rend plus forts les ennemis sur lesquels on s’est déchaîné, boostant leurs statistiques, il faudra alors continuer de les attaquer pour remplir totalement cette jauge afin de briser sa garde et le mettre hors course pendant plusieurs secondes (et en remettant par la même occasion son niveau de Risk à zéro).
Ça, c’était sur papier, car en pratique nous sommes bien loin de jouer les stratèges : la difficulté des combats est ridiculement simple et il sera bien plus aisé de bourriner dans le tas plutôt que de réellement réfléchir aux actions à entreprendre ; sachant qu’en plus notre équipe récupère tout ses PV ainsi que ses points d’action à la fin du combat. Il est donc vivement conseillé de jouer en difficile si vous souhaitez rencontrer une résistance.
Mais là encore, difficile de ne pas abuser des mêmes combos ayant déjà fait leurs preuves, et même si le roster des personnages est assez complet pour proposer un nombre conséquent d’équipes et d’approches disponibles, préparez-vous à rapidement oublier la plupart de vos alliés une fois que vous aurez trouvé une équipe qui vous correspond ou découvert un enchaînement totalement abusé : après tout, pourquoi changer une équipe qui gagne ?
L’aspect RPG est quant à lui laissé au strict minimum : alors que l’on répond à un petit interrogatoire en début de jeu à la manière de la série Pokémon Donjon Mystère, la même arme, à savoir deux revolvers, nous est attribuée et il est impossible de changer en cours de route. Les quêtes secondaires sont rares voire inexistantes ; la principale activité du joueur sera donc de traverser les donjons, qui se révèlent être plus que répétitifs après plusieurs heures de jeu. D’ailleurs, les éléments personnalisables se comptent sur les doigts d’une main et les équipements trouvés dans les donjons ne servent qu’à améliorer les statistiques de prédilection déjà définies des alliés : il sera donc très difficile d’adapter un personnage à notre façon de jouer, et ceci vaut aussi pour notre avatar.
Malheureusement, The Caligula Effect: Overdose n’approfondit pas assez ses mécaniques pour être recommandé. Cependant, si l’absence de profondeur de gameplay et la répétitivité ne vous fait pas peur (ou que vous souhaitez y jouer en mode difficile pour le challenge), alors vous découvrirez une histoire relevant largement le niveau, comportant des cinématiques animées plutôt jolies, plusieurs rebondissements ainsi que des personnages qui resteront longtemps dans votre mémoire. Il ne tient qu’à vous de choisir si cette histoire vaut assez le détour pour se procurer ce titre. Mais là encore, l’absence de traduction française risque d’en rebuter plus d’un, surtout quand l’histoire, même si elle n’est pas très dure à comprendre, est un des seuls points forts du jeu.