La scène jeu vidéo d’horreur chinoise, et plus particulièrement taïwanaise, a toujours réussi à nous pondre quelques titres qui valent plus qu’un simple coup d’œil. Souvenez-vous de Detention, qui eu même le droit a une adaptation sur Netflix, ou encore Devotion, des mêmes développeurs, qui, au-delà de la grosse polémique de sa sortie en Chine, avait bien des qualités à faire valoir.
The Bridge Curse 2: The Extrication nous vient du studio Softstar qui, après avoir rencontré un certain succès avec le premier épisode, réitère sa plongée dans l’horreur avec une suite. Pour la petite histoire, sachez que cette série de jeux vidéo est en fait une adaptation de longs métrages assez réputés en Asie (que vous pouvez retrouver sur Netflix).
(Test de The Bridge Curse 2: The Extrication réalisé sur PlayStation 5 avec une version fournie par l’éditeur)
On prend les mêmes et on recommence ? Oui, mais pas tout à fait non plus, puisque si The Bridge Curse 2: The Extrication se déroule bien dans une université taïwanaise, celle de Wen Hua, ce n’est pas la même que celle du premier épisode. Le casting aussi a changé, et s’il est toujours question d’une malédiction qui enferme quelques survivants dans le lieu, les plongeant alors dans un dédale labyrinthique infernal peuplé de spectres et autres joyeusetés, le scénario, lui, nous conte une histoire d’amour qui a mal tourné.
Sans rentrer dans les détails, on y incarne quatre personnages qui vont devoir faire la lumière sur les événements qui ont rendu le bâtiment Da Ren de l’université hanté et lever sa malédiction. Bien évidemment, ce ne sera pas de tout repos et de nombreuses entités vont tenter de les empêcher d’arriver à leur fin, alors qu’un sombre démon semble régner sur les lieux et y piéger l’âme de toute personne qui y décède.
De l’horreur made in Asia
Que ce soit narrativement, ou même au niveau de l’écriture, The Bridge Curse 2: The Extrication est le parfait petit classique de l’horreur asiatique auquel on pouvait s’attendre. Personnages haut en couleur, fantômes folkloriques et histoire de malédiction dont est friand le public d’Extrême-Orient, dû à leurs croyances culturelles et religieuses. En cela, le jeu de Softstar ne surprend pas, et propose même un peu d’humour qui permet de temps à autre de faire retomber un peu la pression.
Cependant, le titre part aussi quelques fois dans le grand guignolesque, spécialement avec les personnages de Doc et du gardien, et si le scénario est bien plus profond qu’il n’y parait, les dialogues eux ne sont pas à la hauteur du récit. Parce que mine de rien, la diégèse du jeu est bien construite, documentée via divers journaux que l’on déniche ici et là, et tout cela se montre fort intéressant, surtout parce que chaque entité possède un passé que l’on découvre eu fur et à mesure de notre avancée.
C’est d’ailleurs là l’un des éléments les plus intéressants, découvrir pourquoi le bâtiment est hanté et qui étaient de leur vivant ces spectres qui nous pourchassent. Tout l’arc tournant autour de la ballerine, par exemple, est un véritable cauchemar et l’histoire qui lui est lié d’une grande tristesse. Et oui, le jeu fait peur par moment, parvenant à créer une atmosphère des plus anxiogènes et à distiller une tension presque palpable lors de nos rencontres avec les forces surnaturelles.
Softstar a su exceller dans la mise en scène pour appuyer la dramaturgie des événements, et si techniquement The Bridge Curse 2: The Extrication n’est pas un foudre de guerre, il reste plutôt joli (bien plus que l’opus précédent) et propose parfois des compositions d’images assez belles et recherchées. Par contre, jouez-y en chinois, parce qu’il y a de très gros problèmes de synchronisation labiale en anglais, et que la traduction est assez approximative. Attention aussi, il n’existe aucune version française
Simple jeu de cache-cache ?
Si l’on pourrait dans un premier temps résumer The Bridge Curse 2: The Extrication comme une simple partie de cache-cache nous demandant d’infiltrer un lieu au nez et à la barbe d’un méchant fantôme, sachez tout de même que Softstar a essayé de voir plus loin et de varier les situations. Alors oui, la première heure installe toutes les mécaniques nécessaires à croire cela, mais une fois le deuxième acte lancé, le jeu réserve quelques surprises.
Si l’on prend une nouvelle fois l’exemple de la ballerine, elle ne va pas nous traquer, mais danser, et s’installe alors une sorte de « un-deux-trois-soleil » mortel au moindre faux-pas. De même que l’on a le droit à notre lot de courses poursuites, assez punitives, ainsi qu’à quelques segments un peu plus originaux. Et si vous pensiez être totalement démunis face aux entités les plus agressives, car elles ne le sont pas toutes, sachez que non, parce qu’une sorte de lanterne peut occasionnellement nous servir de protection.
Disponible lors de moments-clés et seulement avec certains personnages, elle permet non seulement de révéler des choses qui sont de l’ordre de l’invisible, mais aussi de se défendre face à quelques menaces en leur donnant un coup en pleine poire. Forcément, on ne peut pas le faire de manière répétitive et c’est plus quelque chose qui nous sert en dernier recours. De même que l’on peut grâce à elle créer des chemins en dissipant de la fumée « maléfique » ou encore en détruisant des obstacles.
S’ajoute à cela une progression par l’énigme assez classique, puisqu’il nous faut résoudre tout un tas de casse-têtes inégaux pour avancer, parfois même alors que l’on est traqué, ce qui ajoute en tension. Certaines d’entre elles sont environnementales, d’autres demandent de trouver des objets ou de se creuser les méninges en utilisant notre logique. Le titre joue alors un jeu d’équilibriste entre moments narratifs, de frayeurs et d’autres faisant la part belle aux énigmes.
Une mécanique bien huilée, certes en rien inédite, puisque The Bridge Curse 2: The Extrication récite ses gammes sans presque aucune fausses notes, même s’il est un brin trop simple, et nos rares morts ont été le fruit d’une simple incompréhension quant à ce qu’il était demandé de faire. Mais pour une durée avoisinante les cinq heures, la proposition est amplement suffisante, même si tous les actes ne se valent pas et que certaines situations ne sont pas des plus passionnantes.
The Bridge Curse 2: The Extrication est un bon petit jeu d’horreur qui parviendra à vous effrayer durant quelques heures. Fort d’un scénario bien écrit et d’une ambiance horrifique réussie, il offre tout ce que l’on peut attendre de ce genre, en plus de parvenir à varier sa proposition.
Il pêche un peu techniquement, et ne parvient pas toujours à se montrer passionnant, mais ce dernier reste bien meilleur que son ainé, en plus d’être surprenant.