La sortie d’un Tales of est toujours un événement en soi. Notamment parce qu’il s’agit d’une des séries de J-RPG les plus populaires avec Dragon Quest et Final Fantasy et aussi parce qu’un J-RPG qui traverse les frontières, surtout sur une console peu plébiscitée comme la PlayStation Vita, fait figure de petit miracle. Spécialement quand les voix originales japonaises sont conservées et que le titre est intégralement traduit en français. Mais ce Tales of Hearts R, est-il un épisode parmi d’autres ou vaut-il mieux ? Réponse tout de suite.
Tales of Vita
Le schéma de la série des Tales of est retrouvé dans pratiquement chaque volet et cela se vérifie une nouvelle fois dans ce Tales of Hearts R. Ceux recherchant un titre tranchant avec le reste de la série peuvent passer leur chemin. Pour les autres sachez qu’une fois encore nous dirigeons un jeune héros accompagné d’amis trouvés au fil de son chemin avec lesquels il devra sauver le monde. Toutefois, sous ce classicisme habituel se cachent quelques idées intéressantes.
Parlons d’abord des choses qui fâchent. Réclamées à corps et à cri par de nombreux fans, les voix japonaises originales sont enfin disponibles ! Ce sont les seules d’ailleurs, aucun doublage anglais n’ayant été effectué. Si ce choix me convient parfaitement, sachez que la traduction française de quelques noms principaux laisse à désirer. Celle du nom du héros notamment qui se nomme Shing Meteoryte dans la version originale et qui se voit affublé du nom de Kor Meteor dans la version française. Pourquoi ? Aucune idée mais c’est un peu gênant. Notre ami Kor donc, va faire la rencontre de Kohaku, une jeune fille qui recherche le grand-père de Kor car c’est un guerrier reconnu qui possède une arme qui lui permettrait d’accomplir sa mission. Accompagnée de son frère Hisui, elle est poursuivie par une sorcière nommée Incarose qui va tuer le grand-père de Kor et blesser Kohaku. Notre héros va chercher à soigner la belle en établissant une liaison spirielle mais détruira son spirium qui s’éparpillera aux quatre coins du monde. Kohaku, ayant perdu toutes ses émotions devra récupérer tous les fragments de son spirium en parcourant le monde, ce sera le début d’une grande aventure.
Soma ou bien !
Si Kor a pu pénétrer (non ce n’est pas sale) la spiria de Kohaku c’est parce qu’il possède un soma. Transmis par son grand-père, cette arme permet de se défaire des monstres mais également de soigner le despir, une terrible maladie exacerbant une émotion (colère, tristesse, peur…) chez un individu, en infiltrant sa spiria et en détruisant le monstre nommé Xerom qui la contamine. Vous aurez de nombreuses fois à parcourir les spirias de personnes atteintes de cette maladie afin de les sauver et aussi de retrouver les fragments de spirium de Kohaku pour la guérir. Chacun des personnages de votre équipe sera en possession d’un soma et cet équipement pourra bien entendu évoluer au fil des combats.
Concrètement chaque soma est divisé en plusieurs catégories qu’il vous faudra faire augmenter avec les points gagnés à chaque niveau. Libre à vous de privilégier une caractéristique à une autre, chacune d’entre elle débloquant une capacité, un arte ou une arme à chaque palier franchi. De plus, lorsqu’un certain palier est atteint pour deux caractéristiques il arrive que vous débloquiez des compétences ou des armes cachées. Si au final vous chercherez à tout faire monter vous êtes tout de même libre de le faire comme bon vous semble, un bon point donc.
Somatiste un jour…
Mais pour évoluer il vous faudra combattre et là encore l’ADN de la série est présent. Ainsi dans Tales of Hearts R vous combattrez dans des arènes en 3D dans lesquelles vous serez libre de choisir votre cible que vous écraserez avec vos coups classiques mais aussi vos Artes, un nom barbare désignant simplement des attaques spéciales vous coûtant des PT (Points Techniques). Ici pas de jauge de magie, une attaque spéciale ou une magie dévastatrice utilisera un certain nombre de PT. Comme d’habitude, vous ne dirigez qu’un seul personnage en combat, les autres étant gérés par l’IA. Vous avez la possibilité d’établir des stratégies pour leur éviter de gaspiller leurs précieux PT ou pour lancer des soins dès que cela s’impose. Vos coéquipiers ne feront que peu de boulettes si vous passez un peu de temps dans ce menu spécifique.
Le système de combat est très dynamique et inclut même une contre-attaque exécutable avec le bon timing. Vous pouvez également éjecter votre adversaire en l’air et produire un assaut. L’ennemi, incapable de réagir se prendra vos nombreux combos en pleine face et pourra même subir une double attaque de temps à autres. Il vous suffira pour ça de toucher du doigt l’un des portraits de vos alliés s’il clignote pendant un assaut. En plus d’infliger des dégâts, cette technique vous permettra d’augmenter la durée de l’assaut. Un système de combat très technique et dynamique donc.
Tales of parfait ?
Non, loin s’en faut. Si comme vous pouvez le constater il ne manque pas de qualités, ce Tales of Hearts R comprend aussi pas mal de défauts. Par exemple les musiques. Si certains thèmes sont excellents, d’autres sont plus passe-partout et presque indignes d’une telle série. De plus, certains thèmes sont réutilisés de nombreuses fois pour de nombreux lieux différents. Dommage. Autre point problématique, les saynètes. Ces scènes très classiques de la série sont ici au centre du titre. En effet, énormément de phases de dialogues principales se passent par le biais de saynètes et non pas avec le moteur du jeu. Les personnages sont en effet relativement statiques pendant les phases de dialogue, ce qui casse un peu l’immersion. Et étrangement, certaines saynètes ne sont pas doublées. Le scénario est quand à lui plutôt intéressant même s’il reste inférieur aux meilleurs épisodes de la série.
Parmi les défauts on pourra également citer la présence d’un personnage complètement en retrait durant toute l’aventure (Gall), les cinématiques animées (jolies au demeurant) en 4:3 ou encore des villes assez minimalistes. Mais le vrai point noir du titre (pour moi) est le caractère du héros. Kor est tout bonnement insupportable à s’extasier de tout, à hurler tout le temps. Bref, le héros typique d’un shonen manga qui tombe amoureux de l’héroïne mais n’ose pas lui avouer alors qu’elle est clairement intéressée également. Dommage car certains personnages sont, eux, très intéressants.
Faut-il pour autant bouder ce Tales of Hearts R ? Clairement pas. S’il n’est pas le meilleur épisode de la série il a le mérite de sortir sur une PlayStation Vita en mal de jeux et de J-RPG. De plus, l’effort de traduction de Namco-Bandaï fait plaisir. De même que la présence des voix originales. Le titre possède également une bonne durée de vie pour le genre (comptez 60/70 heures pour tout faire et 50 pour l’histoire) et un univers intéressant. Si vous possédez une PlayStation Vita et que vous êtes en manque de J-RPG et/ou fan de la série alors foncez. Pour ceux ne possédant pas la console, je vous conseille de ne pas craquer juste pour ce titre. Il serait sans doute passé plus inaperçu sur une console concurrente mais dans l’état il reste un bon J-RPG.