Quelques années après le succès de Strange Horticulture, Bad Viking remet le couvert et délivre Strange Antiquities, inscrit lui aussi dans la ville fictive anglaise d’Undermere. Capitalisant sur son premier gros succès, le petit studio anglais reprend la formule concoctée dans le précédent épisode.
Une formule qui a pu être découverte par un plus grand nombre, Strange Horticulture ayant été récemment offert par l’Epic Games Store. Un moyen habile de faire découvrir le gameplay de la désormais série des Strange avant d’en publier le nouvel épisode. Strange Antiquities part donc avec la tâche d’au moins égaler son prédécesseur afin d’ancrer la série comme une nouvelle référence du point’n’click. Et il y parvient, tout en allant plus loin.
(Test de Strange Antiquities réalisé sur PC via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Bienvenue dans la boutique
À peine lancé, le jeu pose son ambiance. Rien d’extravagant, mais un brin énigmatique. Nous voilà dans Strange Antiquities, une petite boutique de totems, pendentifs et autres babioles, entouré par le chat Jupiter et des meubles tout aussi mystérieux que les objets disposés sur les étagères. Nous sommes l’assistant d’Eli White, le propriétaire de la boutique, et ce dernier a dû s’absenter et nous laisse la lourde tâche de tenir le commerce. Car Strange Antiquities n’est pas un magasin de souvenirs : c’est une boutique de thaumaturgie, promettant aux clients l’acquisition de babioles aux effets mystiques et variés afin de régler leurs tracas.
Notre mission est donc d’accueillir les habitants d’Undermere et des alentours afin de répondre à leurs demandes en leur dénichant un objet susceptible de répondre à leurs problématiques. Surdité progressive, cauchemars incessants ou rituel à préparer, autant de situations qui requièrent notre expertise. Les villageois ayant vraisemblablement quelques connaissances en matière de thaumaturgie, ils énoncent le nom de l’objet recherché, qu’il nous faut trouver dans notre collection à l’aide d’une encyclopédie répertoriant de multiples antiquités.
La boucle de jeu est simple : on identifie l’objet désiré dans l’encyclopédie, on analyse sa description et en extrait des informations caractéristiques, puis on cherche parmi notre inventaire de gri-gris celui qui correspond le plus à cette description. Que ce soit dans sa forme, sa composition, sa texture, son odeur ou notre perception de celui-ci, chaque information peut être un indice pour dénicher celui qui résoudra le problème de notre interlocuteur.
Recherches assidues
Au premier abord simpliste, la boucle de gameplay n’en reste pas moins satisfaisante. Chaque requête complétée rapporte une nouvelle page de l’encyclopédie, et il n’y a rien de plus gratifiant que de cerner immédiatement la relique décrite par cette nouvelle page. Attention cependant aux erreurs, car chacune fait grandir la peur en nous, jusqu’à ce qu’il faille la purger dans un jeu de dés, à ne pas rater sinon c’est le Game Over.
Outre cette première boucle, le jeu se diversifie de plusieurs manières. Premièrement, afin de se réapprovisionner, le jeu nous donnera une carte d’Undermere et de ses environs qui, combinée à des indices sur des localisations, nous permettront de dénicher de nouvelles raretés. Ainsi, tel Lara Croft, on explorera des lieux abandonnées ou dissimulés pour nous approprier leurs trésors.
Deuxièmement, de nouvelles encyclopédies viendront s’ajouter à celle répertoriant les reliques. Entre symbologie, science des gemmes et champs d’énergie dégagés par les objets, il devient rapidement nécessaire de croiser plusieurs ouvrages et informations afin de trouver la solution.
Enfin, la boucle principale diffère de plus en plus au fil de l’avancement du jeu. Parfois, des clients ne connaîtront pas le nom de la relique pouvant résoudre leur problème. Il faudra alors écumer l’encyclopédie à la recherche de celle qui pourrait les aider, qu’elle ait déjà été utilisée (et donc identifiée) ou non. Aussi, le jeu nous met régulièrement face à un choix. Un même problème peut avoir plusieurs solutions, auquel cas l’issue diffère. Ce sera donc à nous de déterminer vers quel destin orienter notre client. Ces choix ont généralement une option par défaut, une relique que nous sommes obligés de posséder à ce stade du jeu, et un choix alternatif, demandant une relique obtenue en explorant minutieusement notre boutique et en exploitant les indices d’exploration collectés jusque-là. Ce choix alternatif permet d’orienter l’intrigue vers une direction différente, nous permettant d’influer à une certaine échelle sur la trame narrative.
Le système de jeu par rapport au premier épisode est au final beaucoup plus complexe. Les idées de Strange Horticulture sont reprises en les poussant plus loin. L’identification de relique et l’exploration de la boutique sont notamment plus intéressantes, grâce aux nombreuses informations à recouper. Même l’exploration extérieur, qui était déjà très agréable dans le premier opus, gagne en diversité. Outre la première carte d’Undermere, deux autres viendront s’y rajouter, avec chacune leur style d’énigmes environnementales.
Boulot, complot, dodo
Cette trame d’ailleurs, sans être extraordinaire, tient en haleine et motive l’enchaînement des jours de travail. La ville d’Undermere est cette fois frappée par une malédiction à l’origine inconnue. Dans ses rues, des cadavres aux yeux complètement noirs sont retrouvés, et par l’intermédiaire d’une poignée de personnages récurrents, il nous faudra faire la lumière sur ces évènements, et tenter d’y trouver une solution grâce à nos connaissances.
Point’n’click oblige, les dialogues et les différents écrits sont très importants pour rendre l’expérience agréable. Strange Antiquities est sur ce point plutôt bon. Le vocabulaire est riche et recherché, et l’esprit d’une Angleterre du XIXème siècle filtre correctement à travers les mots. La traduction française se permet même quelques petits clins d’œil. Elle n’est cependant pas exempte de défauts, et si la plupart ne dérange pas la compréhension, certains altèrent la nature des phrases, entre oubli de traduction et changement de l’anglais au français un peu trop littéral.
D’ailleurs, si les dialogues des personnages récurrents sont répertoriés afin de pouvoir revenir sur des informations importantes, tous ceux des autres clients croisés ne le sont pas, et certains participent activement à l’histoire, voir ont leur propre histoire. Il est donc vivement conseillé de rester accroché au jeu, auquel cas la compréhension de son scénario pourrait être plus difficile.
En une dizaine d’heure, Strange Antiquities respecte son contrat : celui de proposer une expérience aussi intéressante que son prédécesseur, et se permet de développer son gameplay. La boucle de gameplay fonctionne bien, et on garde la satisfaction de répondre aux demandes tout au long du jeu, notamment grâce à l’évolution de cette boucle. Et tant mieux, car même si le jeu peut tout à fait se jouer sans véritablement suivre l’histoire, il est facilement possible de perdre la trame après une longue pause. Auquel cas, les moments clés comme la fin du jeu et les différents choix nous impliqueront moins.
Bad Viking tient une série de point’n’click à succès, et il serait dommage de passer à côté, ou de continuer à l’exploiter. La ville d’Undermere vit régulièrement dans le mystère, alors pourquoi pas un futur Strange Potions ?