Simon the Sorcerer est un nom bien connu des fans du point’n’click de la première heure. Son système de jeu à la Monkey Island et son univers farfelu directement inspiré des Annales du Disque-monde (du regretté Terry Pratchett) avaient charmé les amigaïstes au début des années 90. Mais le passage à la 3D avait sonné le glas des aventures du magicien pour tomber peu à peu dans l’oubli. C’est donc avec un enthousiasme certain qu’on attendait Simon the Sorcerer Origins, qui promettait de revenir aux sources avec un préquel au premier jeu. Trente ans plus tard, la magie opère-t-elle toujours ?
(Test de Simon the Sorcerer Origins réalisé sur PC à partir d’une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Tel maître, tel apprenti
Simon, bientôt douze ans, est ce qu’on pourrait appeler un sale gosse. Un gamin turbulant, viré de l’école où on lui collait tout le temps le bonnet d’âne, toujours partant pour faire éclater un ou deux pétards. Au lieu d’aider ses parents à débarrasser les cartons du déménagement, le garnement se retrouve transporté dans un monde parallèle, peuplé de trolls, magiciens et autres sorcières.
L’histoire de Simon the Sorcerer Origins se déroule quelques semaines avant les aventures du jeu de 1993. On retrouve les personnages qu’on connaissait déjà dans la série comme le sorcier Calypso ou le chien Chippy, mais aussi et surtout l’humour omniprésent qui rendait ces jeux si mémorables. Simon brise constamment le quatrième mur avec son ton de pré-ado blasé pour s’adresser à nous, faire des commentaires sur le travail des développeurs ou sur sa nature de personnage de jeu vidéo. Les dialogues, objets et décors fourmillent aussi de détails faisant références à la culture populaire, ce qu’on pouvait déjà trouver dans les deux premiers jeux. Niveau ambiance, cette version est une réussite !
Au cours de son périple, Simon devra trouver un moyen d’entrer dans une académie de magie où il apprendra à jeter des sorts. Cette utilisation de la magie est l’une des originalités du jeu, qui se démarque ainsi des autres point’n’click : Simon pourra lancer des flammes, faire souffler le vent ou geler sa cible. Un objet du décor, un PNJ gênant, ou même des items de son inventaire, peuvent alors être transformés ou déplacés pour avancer dans l’histoire.
En plus des sortilèges, notre magicien en culotte courte aura à sa disposition une baguette et un chapeau aux capacités bien particulières (que nous ne dévoilerons pas ici), et devra parfois préparer des potions en suivant scrupuleusement les recettes. Autant d’occasions pour le jeu de nous proposer des énigmes, en n’oubliant pas les mécaniques classiques du genre : présenter un objet à un personnage en échange d’un autre objet, qui permet d’aller à l’étape suivante, etc.
Always look on the bright side of life
Même s’il n’est pas toujours facile de jauger objectivement le niveau de difficulté d’un point’n’click, on peut tout de même dire que Simon the Sorcerer Origins se classe dans la catégories des jeux aux énigmes bien corsées. Peu d’indices vous seront donnés lors de l’aventure, et il faudra se contenter de quelques dialogues pour vous mettre (ou pas) sur la voie, ainsi que d’une touche pour mettre en évidence les points d’interaction.
Derrière son aspect enfantin, le jeu propose donc un vrai défi, et on est resté à se creuser les méninges assez longtemps sur certains passages. La solution est souvent évidente (et on se sent un peu idiot de ne pas l’avoir vue plus tôt), mais à plusieurs reprises, on a quand bien tourné en rond, à regarder chaque item de notre inventaire, avant de comprendre la marche à suivre ou de ramasser LE bon objet.
Malgré toutes ces qualités, on regrettera quelques couacs dans l’expérience et certains choix graphiques. La navigation dans l’inventaire manque parfois de fluidité, tout comme les animations. Certaines cinématiques sont de vrais morceaux de bravoure, et on en prend plein les yeux l’espace de quelques instants. Les vieux de la vieille auraient sans doute préférés un style pixel, mais le choix de l’animation à la main style cartoon du mercredi matin est réussi (et nous fait oublier les épisodes 3D de la série).
Mais dans l’ensemble, et malgré l’amour évidant porté à cet univers par les équipes qui ont travaillé dessus, les différents tableaux manquent de vie. Certains PNJ passent à l’écran sans possibilité d’interaction, et quelques zones sont là uniquement pour être traversées. Vu le nombre d’allers-retours inhérents à ce genre de jeu, c’est un poil frustrant. Idem pour les animations qui coupent l’action quand il s’agit de sortir un objet de l’inventaire, opération qu’on est parfois amené à reproduire plusieurs fois de suite pour essayer de trouver la solution à une énigme.
Ceci dit, notons la réactivité des équipes, qui répondent rapidement sur Steam ou sur Discord, notamment pour récolter les retours concernant les bugs et les éventuelles optimisations. Le prochain patch viendra sans doute corriger certains de ces petits problèmes.
Simon the Sorcerer Origins ne réinvente pas la roue, mais ce n’est pas ce qu’on lui demande. Ses quelques défauts n’ont en aucun cas entamé le plaisir qu’on a eu à explorer ce point and click à l’ancienne. Le jeu réussit aussi parfaitement l’exercice d’être une préquelle qui parlera aux fans des premiers jeux, tout en n’excluant pas les nouveaux venus (quelqu’un qui découvre la série avec cet opus pourra tout comprendre sans problème). Les énigmes sont certes un peu difficiles, mais pas insurmontables ; le titre est très inspiré du Disque-monde, mais les puzzles sont loin d’être aussi barrés que ceux du jeu Discworld, justement.


