Wikipédia, il a dit : « Un scaphandrier est un plongeur sous-marin effectuant des explorations, des inspections ou des travaux subaquatiques. » Eh bien, voyez-vous, c’est exactement le personnage et les tâches citées auxquels vous allez avoir droit dans Shinsekai. Un camarade rédacteur de New Game Plus disait récemment à votre Humble Narrateur, en gros, et à propos de ce jeu précisément, qu’un stage de flotte dans un jeu de plateforme, c’est souvent relou, alors un jeu entier sous-marin… Nous allons donc voir de quoi il retourne et si le pré-avis de notre camarade est validé, manette en main.
De fait, quand on dit Capcom, ces derniers temps, on s’attend généralement à un titre du genre « Street Fighter 8 prime turbo plus definitive reboot » ou « Resident Evil 9 reloaded director’s cut Umbrella phoque da world ». Or, que voici que voilà, une nouvelle IP, destinée à l’origine à la plateforme Apple Arcade pour lancer cette dernière, mais qui débarque (haha) désormais sur Switch. Une bonne occasion de plonger (re-haha) dans ces eaux guère accueillantes à l’occasion d’un test en bonne et due forme…
À l’eau le monde
Shinsekai, à la base, c’est un quartier de la ville japonaise d’Osaka, un nom signifiant plus ou moins « nouveau monde ». En débutant une partie dans ce petit dernier de chez Capcom, on ne sait guère si le background concerne cet endroit en particulier, mais toujours est-il qu’on y découvre un monde englouti par les eaux, sous lesquelles reposent les vestiges d’un univers ancien désormais immergé. C’est également là que vous rencontrez votre énigmatique personnage, vêtu d’un scaphandre et apparemment dernier représentant d’une civilisation humaine quasi-extincte.
Shinsekai: Into the Depths ne se fend pas d’un long trailer d’intro expliquant le pourquoi du comment votre avatar se retrouve seul sous les eaux, réfugié dans le squelette d’un antique sous-marin, qu’il va d’ailleurs devoir quitter en grande hâte lorsque des amas de glace, eux aussi totalement énigmatiques, vont commencer à se former et à rogner petit à petit tout l’univers au sein duquel (sur)vivait notre perso. Shinsekai est décidément un jeu de peu de mots, cryptique, mystérieux dans son propos jusqu’à certaines formes de son gameplay hélas, mais heureusement, pas toutes. Penchons-nous sur ce sujet, ô toi, aquatique lecteur qui savoures cet écrit tel un plancton revigorifiant (non, on sait, ce mot n’existe pas).
Sous l’eau séant
Notre jeu ressemble un peu, quand on en voit des images, à un jeu de plateforme sous-marin. Genre, de la 2D, des zones à explorer, des combats, bref, un Castlevania ou un Metroid aquatique ; non ? Eh bah non.
De fait, Shinsekai base beaucoup plus son gameplay sur l’exploration que sur le calcul des sauts que l’on fait. Shinsekai, ce n’est pas un Sonic, il ne faut donc pas s’attendre à de la vitesse à tout-va. Sauter, en fait, même s’il y a un bouton dédié à cette action, c’est assez rare ; par contre, utiliser le stick gauche pour se mouvoir comme avec un jetpack, ça oui, ça vous servira constamment. Et c’est parfaitement fluide et simple d’usage, comme tout ce qui concerne ce jeu. Vous aurez droit à un tuto, mais soyez rassuré : la maniabilité de Shinsekai est tout simplement parfaite.
Donc, si c’est pas un platformer, c’est quoi ? C’est, pour résumer, un metroidvania qui prend son temps, qui vous laisse marcher à votre rythme, forer des gisements de matériaux, observer votre environnement, affronter les quelques bestioles (organiques ou robotiques) placées sur votre trajet, bref, on n’est pas ici dans du speed-running, mais plutôt dans la contemplation et la découverte.
Rien que de l’eau, de l’eau de pluie, de l’eau de là-haut
Alors, en cette période de confinement (si vous lisez ceci à peu près à l’époque où ce test est écrit) où le temps glisse calmement et où nos heures peuvent servir à profiter d’un bon jeu vidéo (entre autres), Shinsekai nous semble être un bon choix pour se détendre. Il vous ouvrira tout un monde de salles, de couloirs et de grottes sous-marines à explorer, avec la possibilité de faire évoluer votre « armure » afin de pouvoir descendre toujours plus profondément. L’utilisation de votre lampe vous permettra d’ailleurs de repérer les matériaux cachés afin d’aller les récupérer pour améliorer votre combinaison et vos réserves d’air, mais aussi vos armes (flèches, harpon…).
Sachez également que, outre votre univers aquatique quasi-constant, vous tomberez parfois sur des poches d’air au sein desquelles vous n’aurez plus loisir d’utiliser vos propulseurs comme quand vous êtes sous l’eau, et vous vous retrouverez alors avec une armure bien lourde qui ne facilitera pas vos déplacements. Heureusement, ces phases sont plutôt rares, et vous replongerez bien vite dans votre océan de solitude dans lequel la gravité ne vous cantonne pas à ramper sur le sol. Shinsekai effectue un travail admirable pour faire apprécier l’élément liquide au joueur, en lui proposant un maniement aux petits oignons. Bien vu les mecs, car comme évoqué plus haut, les jeux vidéo sont rarement compatibles avec un gameplay sous-marin appréciable.
Eau-delà du réel
Il n’y a pas grand-chose à critiquer dans Shinsekai: Into the Depths. Il s’agit d’un jeu contemplatif et plutôt lent, donc si vous étiez à la recherche d’un nouveau Gears ou d’un nouveau Bayonetta, vous pouvez passer votre chemin. Les seuls petits reproches qu’on pourrait éventuellement soulever, ce serait la répétitivité des musiques, pourtant parfaitement atmosphériques et qui nous plongent (haha) bien dans l’ambiance sub-aquatique du scénario, et les explications cryptiques que l’on nous sert de temps en temps.
De fait, quand vous découvrez une nouvelle fonctionnalité ou une nouvelle zone à débloquer, le jeu vous offre une explication de comment y accéder, mais comme il s’agit essentiellement de dessins à interpréter du mieux possible et d’icônes absconses, on se retrouve souvent à tâtonner pour progresser, car on n’a rien pané du message.
C’est comme si vous achetiez un appareil électroménager et que vous n’aviez qu’une notice en sanskrit ou en inca vernaculaire pour vous guider dans vos apprentissages. Heureusement, ces passages sont plutôt rares, mais vous laisseront immanquablement pantois avec votre seule logique pour démêler les actions à effectuer.
Shinsekai est un jeu totalement sympathique. Son gameplay est impec’, son atmosphère est prenante, ses musiques (pour peu qu’on ne stagne pas trois heures à les écouter) retranscrivent bien l’action sous-marine décrite, bref, on prend grand plaisir à parcourir ce titre atypique made in Capcom.
Alors, si vous n’êtes pas en quête de bourrinage et vous trouvez plus dans une volonté vidéoludique contemplative et calme, les profondeurs vous attendent. N’hésitez pas à plonger avec notre énigmatique avatar ; la balade en vaut la peine.