Avant toute chose, il faut savoir que Shin Megami Tensei IV : Apocalypse d’Atlus fait suite directe à Shin Megami Tensei IV. On retrouve d’immenses ressemblances entre les deux jeux : lieux à l’intérieur de Tokyo très ressemblants, énonciations et présences de certains personnage du quatrième opus, gameplay très ressemblant : Shin Megami Tensei IV : Apocalypse ressemble trait pour trait à une extension de Shin Megami Tensei IV. Néanmoins, le scénario diffère drastiquement et nous allons aborder ici le jeu de manière individuelle. Vous incarnez dans cet opus Nanashi, un jeune garçon de quinze ans au rang de Cadet à « L’association des Chasseurs ». L’association des Chasseurs sont ceux qui luttent pour la survie de l’espèce humaine à Tokyo. Alors pourquoi l’espèce humaine a-t-elle besoin de survivre ? Parce que Démons et Anges se battent entre eux afin d’asservir les humains à leur solde sous un dôme de pierre recouvrant l’intégralité de la ville. Vous commencez le jeu avec une myriade de questions : quel est ce dôme recouvrant Tokyo ? Pourquoi cette guerre entre Anges et Démons ? Et surtout : pourquoi vous vous retrouvez au milieu de tout ce merdier ? Puis vous mourez en essayant de protéger votre amie d’enfance : Asahi (ou par pure fragilité devant ce monde de brute, à vous de voir). Un démon du nom de Dagda que vous ne connaissez ni d’Eve ni d’Adam fait son apparition et vous demande s’il doit vous ressusciter. En échange, vous deviendrez son « Godslayer » et lui appartiendrez. Et c’est là que les choses intéressantes commencent.
Shin Megami Tensei IV : Apocalypse, le J-RPG morbide qui n’en finit pas de nous épater
Quand l’esprit est dérangé, mais pas le plaisir de jouer
Shin Megami Tensei IV : Apocalypse, c’est la remise en question par son scénario de plein de cultures et religions particulières. On passe par un Odin cruel et monstrueux, un Krishna manipulateur et qui souhaite littéralement détruire le monde, un Merkabah qui souhaite vous tuer à tous les coins de rue et un Lucifer qui, bien sûr, n’aura de réelle satisfaction que lorsqu’il vous verra les boyaux à l’air. En d’autres termes, d’un point de vue purement « religieux », vous êtes seul contre tous. Malgré tout, le jeu ne va jamais critiquer une religion par rapport à une autre, et c’est pour ça que le jeu, tout en abordant des thématiques religieuses très importantes, reste très athéiste, tout en proposant des « créatures » de la culture générale comme Jack l’Eventreur ou encore Jack Frost. Ce qui est critiqué de prime abord avec Shin Megami Tensei IV : Apocalypse tout comme son prédécesseur, c’est la vision manichéiste du monde, c’est-à-dire la vision d’un monde avec d’un côté le bien, et de l’autre le mal. Le message que porte le jeu, c’est qu’en situation de fin du monde, ce serait chacun pour soi. Pour souligner tout cela, des designs de démons parfaitement dérangeants, et excellents, nous montrent à quel point Shin Megami Tensei IV n’est pas forcément tout public et tend vers un public plus âgé que la moyenne.
Une idée de gameplay vraiment intéressante
On change drastiquement des RPG classiques dans lesquels vous avez votre équipe d’humains avec le voleur, le mage, le guerrier et le prêtre. Non, dans Shin Megami Tensei IV : Apocalypse, vous avez votre personnage et plusieurs démons que vous menez à la baguette. Chacun a des caractéristiques propres : Force, Dextérité, Magie, Chance ou Agilité, tout comme votre personnage qui, lorsqu’il gagne un niveau, peut augmenter ses caractéristiques de cinq points maximum. Parlons-en, de comment « capturer » un démon. Puisque Shin Megami Tensei IV : Apocalypse semble trouver que passer un pacte écrit avec le diable c’est so 1808, vous enfermez les démons et les invoquez à l’aide de votre Smartphone. Oui, vous dégainez votre Iphone 6 et grâce à une application très sympathique, vous êtes en mesure d’invoquer des démons. De même, vous pouvez les faire fusionner dans « La Cathédrale des Ombres », où Mudo vous proposera, comme dans Shin Megami Tensei IV, différentes fusions. A faire bien attention, car la fusion d’un monstre puissant, et d’un autre monstre puissant, peut parfois vous donner un démon tout nul. Aussi, il faut faire attention stratégiquement aux capacités de vos démons ainsi qu’aux statistiques de ceux-ci. Pas facile donc, car tout doit être pris en compte.
Les phases d’exploration sont réellement satisfaisantes, avec recherche d’objets et de « reliques », qui sont des objets que vous pouvez redonner aux différents marchands du jeu afin de gagner des Maccas, le monnaie du jeu. Pour recruter un démon, il faut lui « parler », et pas lancer une simple Pokéball et voir si ça fonctionne. La phase de négociation se déroule souvent ainsi : le démon vous pose une question, vous lui répondez, si votre réponse lui convient, il vous demande alors des objets ou des Maccas. Et, malheureusement, que vous lui concédiez ou non les objets en question, il y a une probabilité qu’il vous dise « bye, sucker ! » et s’en aille comme un petit… démon qu’il est. Aussi, un système de résistance et de faiblesse par créature en face de vous aide lors des combats. Avec vos démons, vous avez aussi vos compagnons humains qui vous accompagnent, tous avec des caractéristiques particulières, et vous pouvez en choisir un pour vous aider au cœur de la bataille. Les obstacles mis devant vous sont intéressants et parfois même rageants, surtout lors des phases d’explorations. La difficulté, vraiment bien dosée, et la durée de vie du jeu conséquente en font aussi un jeu très intéressant qui saura charmer les joueurs de RPG les plus endurcis. Aussi, il existe une fonctionnalité Street Pass, pas réellement utile car il faut croiser un joueur de Shin Megami Tensei IV : Apocalypse et pour cela bon courage, afin d’échanger vos démons.
Un jeu artistiquement mitigé
Comme Shin Megami Tensei IV, le jeu est réellement beau sur ces phases en 3D. On n’en attend pas moins d’un jeu 3DS et la patte graphique rend un réel cachet morbide à l’ensemble. L’image contribue réellement à cette sensation d’apocalypse présente durant tout le jeu. Une mention supplémentaire aux différents combats contre Shesha, notamment le premier, qui en plus de nous montrer un monstre en 3D réellement correct, joue vraiment sur la couleur de ce dernier. Mais comme les phases en 3D ne sont pas seules à jouer sur le jeu, attardons-nous sur les monstres en 2D, et là les défauts sont plus apparents.
Tout d’abord, lors des dialogues avec les personnages, on voit des personnages mal incrustés au décor, et réellement loin de nous, comme pour nous cacher les défauts du jeu. On voit un amalgame de pixels pas vraiment sympathiques à l’œil qui, pour être honnête, est vraiment décevant. De plus, pour les démons, même si le bestiaire est un des points forts du jeu avec un grand nombre de démons et d’anges, on aurait apprécié avoir plus de détails et non pas des images en 2D avec des sprites plus que douteux, critique qui avait été donnée lors de notre récente confrontation avec Shin Megami Tensei IV. C’est un mauvais point, qui ne gâche pas pour autant le plaisir de jeu, mais qui déçoit lorsqu’on voit cependant que les designs des démons sont vraiment très bien dessinés. L’ambiance musicale, elle, vient rehausser encore un peu plus le jeu avec une OST vraiment travaillée pour rendre le malaise constant, et les safe places apaisantes.
Conclusion sur Shin Megami Tensei IV : Apocalypse
Encore une fois, la série Shin Megami Tensei a pu nous régaler d’un jeu équilibré, ainsi que d’un RPG très intéressant. Scénario travaillé et mystérieux, graphismes 3D jolis, ambiance sonore au rendez-vous, personnages attachants sans pour autant être désespérants (quoiqu’avec Asahi on a du mal à contenir sa fureur parfois) : Shin Megami Tensei IV : Apocalypse saura accomplir son devoir et ravir le cœur des joueurs les plus courageux. On peut noter en petit défaut la présence d’une direction artistique 2D pas vraiment au point, mais aussi et surtout la présence de dialogue en anglais, qui restreint terriblement le public même si l’anglais reste l’une des langues les plus parlées dans le monde. Nos amis, joueurs de RPG, qui n’ont pas de notion en anglais ne pourront pas apprécier le jeu dans sa globalité, et même lorsqu’on parle un minimum d’anglais, il est difficile de cerner toutes les subtilités du dialogue (jeux de mots, tournures de phrases, expressions). On est toujours obligé de remettre les phrases dans leur contexte pour tenter de discerner tout l’humour que le jeu a à revendre. Néanmoins, le jeu reste tout de même un immense coup de cœur que nous vous recommandons grandement.