Ah, ça fait bizarre d’écrire un test sur Shin Megami Tensei IV… Pourquoi bizarre ? Pour plusieurs raisons : nous n’avons pas eu de nouvel épisode numéroté de la série depuis plusieurs années (le troisième est sorti au Japon en 2003 tout de même !), le quatrième opus est sorti sur 3DS contre toutes attentes et nous l’avons enfin en Europe après plusieurs mois d’attente, une attente qui a été récompensée par… une version uniquement disponible sur l’eShop et uniquement en anglais. De quoi rebuter les joueurs mais attention, rater Shin Megami Tensei IV, c’est rater un RPG d’exception comme on en voit rarement… Explications dans le test qui suit !
Test de Shin Megami Tensei IV sur 3DS
Retour vers le sombre futur
Avec une sortie eShop à 20€ et une très faible promotion en Europe, on peut penser que Shin Megami Tensei IV, c’est un soft peu ambitieux mais cette remarque, ça ne serait pas connaître la série. Bien qu’elle n’ait pas autant de succès que Final Fantasy et d’autres ténors du RPG, la licence Shin Megami Tensei est l’une des plus appréciées par les joueurs grâce à son ambiance sombre et folle sublimée par des mécaniques de gameplay simples mais ô combien redoutables, ce qui est bien le cas dans Shin Megami Tensei IV, autant le dire tout de suite. Par contre, attendez-vous à réfléchir plus d’une fois… Tout commence de façon mystérieuse : le héros du jeu, Flynn (ou quel que soit le prénom que vous lui donnerez), fait un rêve étrange et voit deux personnages qu’il ne va pas tarder à découvrir et qui vont profondément changer son destin, destin fort troublé qui le mènera à vivre une aventure aussi bizarre que sordide. En dire plus serait du gâchis car l’histoire est un gros point fort du jeu : Shin Megami Tensei IV, c’est deux mondes forts différents (univers médiéval dans l’état fictif Mikado et monde moderne à Tokyo) mais connectés d’une étrange manière , des personnages principaux intéressants qui réagissent tous de manière différente aux événements auxquels ils font face, des choix à faire (le jeu a plusieurs fins) pour conclure une histoire où les questions ne cessent de s’entasser et où les réponses étonnent, en étant rarement agréables… Ne vous laissez pas tromper pas le PEGI européen du jeu, déconseillé aux moins de douze ans chez nous pour de mystérieuses raisons, le soft se veut bien plus glauque et mature qu’on ne peut le croire, il suffit de jeter un coup d’œil aux nombreux démons au design plus ou moins inquiétant qui ne cessent de tuer les humains (mais ils ne font pas tous ça, ils cachent bien leur jeu les bougres) et au langage grossier qui intervient régulièrement pour s’en rendre compte. Pour ce qui est de l’ambiance et du scénario, pas de soucis, Shin Megami Tensei IV reste un Shin Megami Tensei et propose aux joueurs une histoire intéressante où jamais rien n’est certain, où rien n’est tout blanc ou tout noir, toutefois, on peut regretter que certains événements soient trop prévisibles, même si cela est un choix des développeurs au vu de l’introduction du jeu. Cependant, qu’en est-il du gameplay ?
Menus pas si fretins
En plus de dix ans, le RPG et le public ont bien changé, cependant, que faire pour satisfaire les vieux de la veille et attirer de possibles nouveaux fans ? Car Shin Megami Tensei, c’est du gameplay classique avec une difficulté à en faire pâlir plus d’un… Eh bien Atlus a tenté de faire plaisir à tout le monde et le moins qu’on puisse dire, c’est que le résultat est bien agréable ! En lançant le jeu, les néophytes (et mêmes les anciens) découvrent que Shin Megami Tensei IV, c’est un labyrinthe où on ne sait pas trop comment se diriger avec de vilains monstres à chaque croisement prêts à vous tuer en un clin d’œil. Allons étape par étape : tout d’abord, on a beaucoup de menus et croyez-moi, les menus, c’est important dans ce jeu. Au menu (ah ah), vous avez de quoi utiliser vos skills en dehors des combats, vos items, gérer vos démons, votre équipement, vérifier le statut de votre personnage et de ses fidèles bestioles, voir les quêtes à faire (principales et facultatives, ces dernières sont faisables une seule à la fois), faire des fusions de démons (plutôt simple ici, Mido vous recommandant des fusions et montrant toutes celles qui sont faisables, impossible de ne pas avoir ce qu’on veut, sauf lorsque le système déraille et donne un démon imprévu, un fait plutôt rare malgré tout) et puis vient le menu à l’intérieur d’un menu, Burroughs. Burroughs, c’est l’IA à la voix suave qui vous aide dans le jeu à travers un bracelet que porte le héros, en plus de vous donner accès aux diverses options, elle sert à sauvegarder la partie à tout moment, acheter des applications qui permettent de faciliter grandement la partie (une des bonnes idées d’Atlus afin d’aider les joueurs, ceux qui veulent de la difficulté peuvent oublier les applications tandis que les autres ont largement de quoi se faire aider, cela va d’expansions de capacités aux HP qui se régénèrent en marchant), la fonction StreetPass qui permet d’exporter et importer des démons en croisant d’autres gens (enfin, les chances de rencontrer des joueurs avec Shin Megami Tensei IV sont vraiment minces…) et cerise sur le gâteau pour ceux qui veulent jouer tranquillement au jeu sans faire de crise de nerfs : l’option permettant de changer de difficulté. Celle-ci se débloque en mourant deux fois (en mourant, vous allez vers le Styx et le fameux Charon, qu’il est inutile de présenter, vous propose de revivre en échange d’un peu de monnaie, eh oui, les temps sont durs pour tout le monde, même dans l’Au-Delà… où « l’En-Dessous », difficile à dire ici) et vous avez ainsi le choix entre le mode de base, assez difficile, surtout au début avec des démons qui vous tuent à la moindre erreur de stratégie et/ou par manque de chance, ainsi que le mode facile, bien plus abordable grâce à la possibilité de fuir chaque combat, une montée de niveaux plus rapide, etc., de quoi faire plaisir aux joueurs amateurs qui veulent tout de même voir le bout du chemin. Tout ça, c’était pour les menus, maintenant, passons à la seconde grosse partie du jeu, à savoir l’exploration et les combats.
Around the demon world
L’exploration se fait sur plusieurs plans : à Mikado, approche old-school avec des destinations à choisir manuellement et des zones en 2D avec des plans fixes où on peut accéder aux boutiques, parler aux gens et j’en passe. La seule zone du pays qui donne un avant-goût de ce qui attend vraiment les joueurs dans la suite de l’aventure, c’est Naraku, la zone souterraine où les Samurais, ceux qui défendent Mikado des démons, ont pour tâche d’exterminer les monstres voulant monter à la surface. Ici, c’est la 3D à la troisième personne qui fait son entrée et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle est agréable : nombreuses zones à explorer (à Tokyo, on perd le compte à force) contenant reliques et trésors à trouver à chaque coin, on prend un malin plaisir à se balader un peu partout malgré la simplicité de la chose. Après tout, l’exploration est fluide, la carte, disponible en continu sur l’écran tactile, est simple et efficace, on n’a pas de mal à se repérer dessus. Cependant, tout n’est pas rose : pour monter ou descendre des plateformes, il faut toujours baisser ou monter la caméra avec la croix directionnelle et appuyer sur un bouton, un système un brin complexe pour des actions aussi simples. Aussi, si on n’a pas de difficulté à se retrouver dans les zones explorables de chaque zone, il en est tout autre de la world-map de Tokyo : tandis qu’à Mikado, on rejoint chaque lieu par un simple clic, à Tokyo, on déplace un curseur dans une zone en 3D. Si l’initiative est louable, l’exécution n’est guère bonne à cause d’un manque d’information sur la map. Même après avoir visité un lieu, quand on revient sur la map, le nom du lieu n’apparaît pas à son emplacement, ce qui fait qu’on se trompe souvent de lieu les premières fois. Même si on sait à chaque instant dans quelle zone de Tokyo on se trouve, la carte sur l’écran tactile n’indique pas les autres lieux, bref, il faut se fier à sa mémoire. C’était peut-être voulu de la part des développeurs, afin de forcer les joueurs à éprouver de la difficulté même dans l’exploration mais un poil plus de clarté n’aurait pas fait de mal. Heureusement, les combats, eux, sont impeccables. Durant l’exploration, les démons apparaissent sous formes de données, à chaque fois qu’elles vous voient, elles foncent vers avec des murmures plus ou moins angoissants. Là, trois options : soit vous les évitez, soit elles vous atteignent, soit vous les attaquez en premier afin de débuter le combat en premier. Le système de combat se veut on ne peut plus classique : chacun à son tour, avec le nombre d’attaques et d’utilisations de magie/d’items qui peut varier grâce aux coups critiques et autres facteurs, on choisit les diverses actions à effectuer (attaque basique, magie offensive ou défensive, soins à faire, etc.), faiblesses de l’ennemi à trouver et à exploiter, statuts à changer selon les conditions (il est primordial d’augmenter de temps en temps ses défenses par exemple, sous peine de voir son équipe se faire démolir en quelques secondes si on tombe sur un ennemi fort, ça peut paraître exagéré mais c’est la dure réalité de Shin Megami Tensei IV), objets à utiliser avec parcimonie… Shin Megami Tensei IV n’invente rien mais il sublime tout ce qui a déjà été fait par le passé afin d’offrir une agréable expérience, même si assez cruelle par moments avec des ennemis qui se montrent souvent sans pitié (un peu moins tout de même avec le mode facile, ne tremblez pas trop), à vous de les surprendre et de bien choisir quelles compétences améliorer à chaque montée de niveau afin de les exterminer le plus rapidement possible ! Pour ce qui est du recrutement des démons, on garde ce qui fait le charme de la série : la causette avec les monstres. Eh oui, pour qu’ils combattent à vos côtés, il faut leur parler, ça peut paraître simple mais avec ces vils lascars, ça peut vite tourner au drame car selon les réponses choisies à leurs questions, ils peuvent tout aussi bien rejoindre votre camp après avoir pris quelques piécettes tout comme commencer les hostilités après vous avoir volé de précieux objets, un système aussi original qu’amusant qui réserve toujours son lot de surprises. Après, il y a le système de fusion dont je vous ai déjà parlé avant afin d’obtenir de nouveaux démons plus puissants (pas toujours, toutefois) mélangeant les pouvoirs de ceux qui ont servi à leurs créations, bref, pour ce qui est des combats et du contrôle de son équipe, Shin Megami Tensei IV s’en tire comme un grand.
Belle est la bête
Maintenant, venons-en au point critique : Shin Megami Tensei IV est-il digne de la 3DS et surtout, la 3DS est-elle digne de recevoir ce jeu ? Les réponses sont… oui et oui ! Du côté des graphismes, nous avons un rendu qui fait souvent plaisir aux yeux : les parties en 3D sont vraiment réussies avec une bonne fluidité, des textures et des modélisations qui font plaisir à voir (sauf pour quelques exceptions) par rapport aux capacités de la 3DS et c’est assez impressionnant lorsqu’on voit le nombre de lieux à explorer. Pour ce qui est des éléments en 2D, le rendu est plus inégal : si les sprites des démons et certains artworks sont réussis, notamment ceux des personnages, des démons et des décors, quelques fois, les humains sont assez peu détaillés lorsqu’ils sont vus de loin et s’incrustent mal dans les décors, surtout lorsque ces derniers sont en 3D. Aussi, si les (rares) cinématiques sont de qualité, davantage d’animation n’aurait pas fait de mal et le rendu est un peu pixelisé à cause de la résolution de la 3DS mais ce ne sont que de légers détails. Après, les combats gardent un aspect old school avec seulement les ennemis visibles de face qui gardent une animation de base tout au long des hostilités, une petite régression par rapport au troisième Shin Megami Tensei et la série spin-off Persona mais le rendu se veut tout de même plaisant grâce à des sprites et des effets de qualité (les morts sont particulièrement agréables à regarder grâce à divers effets graphiques selon les attaques : ennemis coupés en deux par une attaque tranchante, transpercés par des balles…). L’interface, elle, se veut claire, limpide et grâce à l’ergonomie de la 3DS, mélangeant boutons et tactile, naviguer à travers les menus est relativement plaisant. Pour ce qui est de la direction artistique, elle se veut recherchée et l’ambiance sombre, oppressante et mature qu’ont voulu donner les développeurs marche fort bien grâce à des décors variés et inquiétants (grottes sombres, rues désertes et ensanglantées, laboratoires troublants…), cependant, en ce qui concerne les personnages et les démons, le rendu est assez inégal : bien sûr, chacun juge les choses de différente manière mais certains personnages ont un look détonnant avec le reste (je pense surtout aux héros qui, en dehors de Walter, ont des coiffures de mauvais goût, mention spéciale à la jeune Isabeau), tout comme quelques démons dont l’aspect et les couleurs collent parfois mal avec le reste, d’ailleurs, le design des nouveaux monstres s’éloigne quelque peu des standards de la série. Cependant, la majorité des démons (plus de 400 au total) impose le respect et réussit parfaitement ses objectifs, à savoir inquiéter, impressionner et séduire, le tout en prenant inspiration de divers mythes, religions et faits réels de notre univers. Tout cela est servi par des musiques, des bruitages et des voix anglaises (à défaut des japonaises…) faisant bien leur travail, même s’il manque un peu de pistes musicales à mon goût, notamment pour les combats. Mais surtout, le point à retenir de Shin Megami Tensei IV, c’est le contenu gigantesque ! Rien que la quête principale demande facilement plus de 30 heures de jeu et les quêtes annexes sont fort nombreuses, tout en étant agréables à faire grâce à des objectifs divers et variés, vraiment, vous en avez pour votre argent avec ce soft (surtout qu’il est disponible à maximum 20€ chez nous et que la rejouabilité est au rendez-vous avec les diverses fins). Des DLC gratuits et payants sont de la partie si vous désirez rallonger davantage le plaisir de jeu, ils proposent surtout d’affronter des démons spéciaux ou de livrer certains objets afin de gagner de précieux items et de nouveaux démons à fusionner. Petite déception tout de même concernant l’absence de traduction française (l’anglais est la seule langue disponible) mais n’ayez pas peur, le jeu possède des dialogues simples, les menus et tâches à effectuer sont facilement compréhensibles, ceux ayant une connaissance basique de l’anglais (niveau lycée je dirais) n’ont pas de quoi s’inquiéter.
Conclusion Shin Megami Tensei IV
Comment, vous êtes encore là à vouloir en savoir plus sur le jeu alors que j’ai dit tout ce qu’il fallait pour que vous craquiez ? Bon, très bien, je vais ajouter quelques mots encore afin de définitivement vous convaincre : malgré quelques petites imperfections par-ci par-là, Shin Megami Tensei IV est un RPG de très bonne facture proposant une histoire passionnante et mystérieuse du début jusqu’à la fin, une ambiance et un univers sordides prenant aux tripes, des combats simples mais jouissifs, une exploration fort sympathique (malgré quelques aléas, surtout sur cette fameuse world-map de Tokyo), un contenu hors du commun, une difficulté adaptée aux novices comme aux amateurs d’hardcore et j’en passe. Tous les amateurs du genre se doivent de posséder ce jeu, qui est définitivement l’un des titres à retenir sur 3DS (malgré la localisation européenne laissant à désirer) et l’un des meilleurs représentants du RPG japonais (et RPG tout court) de ces dernières années. Merci Atlus.
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