Après Sherlock Holmes: Crimes and Punishments, notre détective favori revient pour une huitième aventure dans Sherlock Holmes: The Devil’s Daughter. Ce nouvel opus est à nouveau développé par Frogwares et édité cette fois-ci par le français BigBen Interactive, qui nous avait habitués à un tout autre type de jeux. Sorti le 10 juin sur PC, PlayStation 4 et Xbox One, le jeu retrace les aventures de Sherlock Holmes et de son fidèle acolyte John Watson.
Qu’est-ce qui a bien pu amener Katelyn, la fille adoptive de Sherlock Holmes, au 221B Baker Street ? A-t-elle découvert la sombre vérité sur son père ? Et qui est cette voyante charmeuse qui emménage au 221C ? La logique implacable de Sherlock viendra-t-elle à bout d’un tourbillon d’émotions mêlant désirs de vengeance, amour paternel et rituels occultes ? Pour la première fois dans sa prestigieuse carrière, le plus illustre des détectives ne doit pas se battre pour dévoiler un secret, mais pour en garder un…
Sherlock Holmes adopte un tout nouveau style
Un duo rajeuni et plus moderne
Les habitués de la franchise ont dû avoir une sacrée surprise en lançant Sherlock Holmes: The Devil’s Daughter. Notre détective favori et son partenaire ont en effet été rajeunis de plusieurs dizaines d’années. La présence de BigBen Interactive dans le développement du jeu se ressent à plusieurs niveaux et notamment sur l’aspect des personnages. Nous avons à présent affaire à un Sherlock Holmes plus badass, vêtu d’un pardessus nonchalamment jeté sur les épaules et ressemblant fort à Robert Downey Jr, ainsi qu’à un Watson aux airs de Jude Law, plus moderne et plus présent. Même leurs personnalités ont été influencées par le Sherlock et le Watson interprétés par les deux acteurs américains. Le studio s’est d’ailleurs arrogé les services des doubleurs français de Sherlock, Watson et Lestrade de la série produite par la BBC. BigBen Interactive s’est permis d’emprunter plusieurs éléments à celle-ci dans le but de moderniser son personnage principal, de rythmer son jeu, mais surtout d’attirer de nouveaux joueurs sans décevoir les fans déjà présents. Mais ce choix risque de ne pas être au goût de tout le monde, puisque l’aspect « téléfilm » qui faisait le charme des précédents opus a ainsi disparu.
À présent trentenaire, notre fameux duo est prêt pour de nouvelles aventures. Le jeu commence sur une très belle cinématique, mais qui reste très mystérieuse. On y voit Sherlock courir dans une forêt, pourchassé. Une balle est tirée et arrive dans sa direction. On ne saura pas si elle l’atteint, car soudain surgit un écran noir qui nous propulse 48h plus tôt. À nouveau on remarque l’influence du nouvel éditeur : le moteur de jeu est le même, les graphismes ont peu changé, mais les textures et les éclairages ont grandement été améliorés. Dès les premières minutes on est charmé par cet infime changement qui apporte une amélioration visuelle non négligeable.
On entre alors dans le jeu. Le gameplay reste le même : investigation, exploration et enquête se mêlent. L’intelligence et la déduction des joueurs seront mises à rude épreuve dans ce point-and-click en apparence exigeant. Il faut cependant préciser que Sherlock Holmes: The Devil’s Daughter a été enrichi par l’ajout de scènes d’actions. Vous êtes dans la peau du plus grand des détectives et il vous faut remplir ce rôle. Chacune de vos déductions et de vos actions oriente la suite de l’histoire, soyez prudent !
Un Londres sombre et secret
Les développeurs ont annoncé avoir modélisé une plus grande zone de jeu, de l’ordre de deux quartiers de Londres. Sans aller jusqu’au monde ouvert, le but est de donner une plus grande impression de liberté aux joueurs. Ces derniers peuvent ainsi se balader dans les rues de la capitale anglaise ou rejoindre une scène de crime à pied, sans utiliser de déplacement rapide. Londres n’est d’ailleurs pas que retranscrit par les yeux de Sherlock, mais aussi par ceux de deux autres personnages. Le joueur peut incarner dans ce nouvel opus l’orphelin Wiggins, rencontré en début de jeu, lors d’une séquence de filature sur les toits de Londres. Le chien Toby est également jouable et vous pourrez faire appel à son flair pour progresser dans votre enquête. De plus, les développeurs proposent pour la première fois deux niveaux de difficulté : l’un « normal », l’autre « difficile ». À vous de voir dans quel environnement vous souhaitez évoluer.
Par quatre fois donc, le quotidien de l’appartement de Baker Street est bouleversé par un nouveau mystère. D’un coup d’oeil, l’habitué saura reconnaître les classiques des point-and-click de la saga Sherlock, entre exploration fortement cloisonnée, collecte d’indices dans l’univers, observations des témoins et reconstitutions d’événements à l’aide des sens de détective. Vous aurez la possibilité de classer l’affaire à mi-parcours, sans forcément réunir toutes les preuves. À vous de voir si vous êtes prêt à prendre le risque. Sherlock Holmes: The Devil’s Daughter propose d’ailleurs la possibilité de vérifier le verdict et de revenir à la phase de délibération ou tester une autre conclusion en fin de chapitre.
Chaque enquête a son lot de surprises, d’indices et surtout de mini-jeux et c’est sans aucun doute l’un des points fort du jeu. Vous ne pouvez vous en lasser : chaque mini-jeu est unique et pimente votre avancée. Si ce genre de casse-tête n’est pas votre tasse de thé, vous pouvez toujours choisir de les passer au bout de trois essais. Essayez de résister à la tentation pour pouvoir pleinement profiter de votre expérience de jeu. Au travers de ceux-ci, le scénario va pouvoir progresser de manière plus dynamique. De plus, ils permettent au jeu de revêtir un aspect plus participatif. Il faut cependant souligner que Sherlock Holmes: The Devil’s Daughter, comme presque tous les point-and-click, reste très fermé et particulièrement dirigiste. Par exemple, lors d’une enquête, seuls certains objets qui sont marqués par des points peuvent être analysés. Pratiquement toutes les réponses sont données par le jeu et les conclusions viennent d’elles mêmes. Souvent au nombre de trois par enquête, elles laissent en vérité peu de place à l’hésitation.
Le retour du plus grand des détectives ?
Sherlock et son cynisme légendaire sont de retour pour dénouer les mystères qui entoure notre héros. Il y a d’ailleurs une autre petite nouveauté de ce côté : vous pouvez arrêter le temps pendant votre observation d’un personnage, et ainsi déduire son histoire à partir de menus détails, tels qu’une tache, une mouchoir, un bras un peu maigre. Vous avez également la possibilité d’intervenir pendant le discours des autres personnages pour faire étalage de votre sens de la déduction. Soyez cependant prudents avec vos dons : des choix dans vos déductions et vos questions vous seront proposés et il vous est tout à fait possible de vous tromper. Il vous faudra donc être prudent avec vos capacités et cela dès la première enquête. Celle-ci est pour le moins mystérieuse, puisque votre voisine vous a amené un garçon en pleurs dont le père a soudainement disparu… Une enquête qui mènera Sherlock dans un café où il devra intervenir plus ou moins discrètement. Il vous faudra alors choisir l’ordre des actions à effectuer, afin d’arriver à vos fins. Si vous vous retrouvez en difficulté l’icône « Déduction » sera là pour vous aider.
Les relations de Sherlock avec sa fille adoptive Katelyn sont ici encore en filigrane de l’histoire principale, comme dans Le Testament de Sherlock Holmes. Après la conclusion de votre première affaire, un second bouleversement débarque à Baker Street : Kate, la fille adoptive du détective, partage désormais l’appartement avec notre bien-aimé duo. Ce personnage a une importance non négligeable. En plus de servir de fil rouge à l’histoire, elle permet tout d’abord de donner plus d’épaisseur à Holmes. L’idée de morale, qui avait fait son apparition dans Crimes et Châtiments réapparaît dans cet opus. Vous devrez en effet faire des choix dans des dialogues aux issues multiples entre le père et sa fille, mais aussi lors de la conclusion des différentes enquêtes auxquelles vous avez été confronté. À vous de choisir, au moment de classer votre affaire, d’absoudre ou de condamner l’accusé. Mais les soudaines angoisses paternelles de Sherlock et son empathie ne convaincront pas tout le monde. Elles arrivent presque trop brutalement et le personnage froid et hyper-rationnel de Sherlock n’a plus de sens.
Ce n’est malheureusement pas la seule faiblesse du jeu : si les investigations, les thèmes et personnages sont tout à fait corrects, voire même originaux, on ne peut s’empêcher de relever une certaine répétition de la formule. Le jeu est particulièrement dirigiste et le chemin est tout tracé et indiqué. Parfois même, Sherlock semble avoir un projet, que le joueur ne découvre que bien après lui, comme si nous étions à la place de Watson, toujours un peu perdu. Au contraire, des incohérences inverses existent et il n’est pas impossible de saisir les choses plus vite que le détective et d’être piégé dans une zone parce qu’un dernier indice mineur n’a pas été observé.
Conclusion Sherlock Holmes: The Devil’s Daughter
Sherlock Holmes: The Devil’s Daughter, en tant que jeu, est très appréciable. Si vous ne connaissez pas du tout la saga, vous serez charmé par les graphismes, le cynisme et l’intelligence de Sherlock ainsi que par la variété du gameplay. Le jeu, rythmé par la musique, peut devenir très vite addictif, même pour les néophytes. Pour les plus connaisseurs, il peut y avoir quelques déceptions. Le jeu ne propose pas de véritable difficulté, à part dans les mini-jeux. L’amélioration du visuel ne suffit pas toujours à rattraper le manque de fluidité de certains éléments. Les phases d’action sont très présentes, ce qui n’est pas forcément du goût de tout le monde. Et quand on arrive aux énigmes et à l’exploration, le jeu nous laisse beaucoup trop d’indices. Néanmoins, Sherlock Holmes: The Devil’s Daughter conserve un charme non négligeable. L’intrigue est intéressante, les enquêtes sympathiques : en tant que suite ce nouvel opus n’est peut-être pas grandiose, mais en tant que simple jeu il est tout à fait satisfaisant.