Jeu indépendant développé par le studio australien Robot House, Rumu est sorti le 12 décembre 2017 sur Steam. Aux côtés des annonces d’Assassin’s Creed Origins et autres Okami HD, il est passé assez inaperçu, mais les premières images ont suffi à nous faire rêver : une histoire mystérieuse, des pièces au design fouillé… et le résultat est à la hauteur de nos attentes ! Plongez avec nous avec un aspirateur tout mignon qui découvre une histoire plus sombre qu’il n’y paraît.
Rumu – Une machine peut-elle avoir des sentiments ?
Bonjour, je m’appelle Rumu et j’aime les gros câlins
Rumu, c’est un robot aspirateur. C’est nous, aussi. Enfin, « c’est nous » : c’est lui qu’on incarne tout au long du jeu, quoi… mais c’est vrai qu’on y met aussi un peu de notre cœur. En même temps, Rumu est adorable. Il est fait pour ! Tout en rondeurs, blanc avec un énorme écran qui affiche deux « yeux » pixellisés qui clignent et peuvent changer de forme (paupières baissées quand il est « triste », tourbillons quand on tourne trop), Rumu a été conçu pour n’être qu’amour. D’ailleurs, au début, il ne s’exprime qu’avec des « I love… », ce qui est assez drôle à voir.
Il s’exprime, donc, et petit à petit développe son vocabulaire et son intelligence en interagissant avec Sabrina, une voix qui le guide tout au long du jeu. C’est elle qui nous fait découvrir nos capacités, nous explique qui sont nos propriétaires (David et Cecily, deux informaticiens très brillants mais un peu distraits, paraît-il), et ne veut… que notre bien. C’est pour ça qu’elle nous cache des choses. Qu’elle ne veut pas qu’on sorte du tutoriel. Qu’elle nous débranche parfois quand on s’aventure trop loin, trop vite.
Pour notre bien…
Bon, en fait, Sabrina a des problèmes. Et David et Cecily aussi, sans qu’on sache s’ils en sont la cause ou la conséquence… Mais on le sent confusément, à travers Sabrina, à travers ses hésitations quand elle nous parle. Parce que oui, si Sabrina se présente comme l’IA en charge de la maison, elle hésite, s’énerve, nous en veut parfois. Mais elle ne cherche qu’à nous protéger du monde complexe que Rumu n’est sans doute pas prêt à affronter, on sent qu’elle nous cache des choses et même, en tant qu’être humain derrière notre écran, qu’elle nous ment peut-être.
Avec l’aide, ou disons les explications, de Sabrina, on explore la maison de David et Cecily lorsqu’ils ne sont pas là (Sabrina ne nous réveille que lorsqu’ils sont hors de la maison). On découvre ainsi peu à peu leur relation et leur histoire en négatif, par le biais des notes qu’ils se laissent sur le frigo, des objets renversés et du contenu de leurs appareils électroniques. Et, en découvrant des pièces dans lesquelles Rumu n’est pas censé aller, des parts de leur histoire que même Sabrina semble chercher à oublier.
Un Curiosity à domicile
Techniquement, donc, Rumu est un jeu d’exploration où on contrôle ce petit robot aspirateur à travers les différentes pièces de la maison. Au début, chaque jour Sabrina nous réveille et nous envoie nettoyer le bazar laissé dans une pièce : après tout, notre rôle premier est de nettoyer la maison. On contrôle le robot très simplement en cliquant à l’endroit où on veut qu’il aille, et il calcule lui-même sa trajectoire pour éviter les obstacles (et ça marche… la plupart du temps).
Cela nous demande parfois d’explorer la maison davantage (et laisser ainsi libre cours à notre curiosité, soyons honnêtes), et pour cela on utilise les conduits d’aération par exemple, parfaitement adaptés à notre petite taille. Sabrina nous donne également accès à la grille de répartition de l’électricité, ce qui est utile pour certaines énigmes (rediriger l’énergie vers un certain mécanisme) ainsi que pour repérer facilement les objets qu’on peut examiner, sur lesquels on a des données, et qui nous en apprennent plus sur l’histoire.
La plupart des objets ne sont pas utiles à l’histoire et ne servent qu’à créer un environnement : on peut les examiner, lire une phrase d’un livre ou apprendre l’utilité de tel appareil… mais globalement on peut s’en passer. Certes, certains font référence à l’histoire (ah, David et ses toasts), mais à part ça ils sont plutôt là pour les complétistes parmi nous qui veulent avoir tous les succès et donc lire tous les livres, par exemple !
Trop robot pour être vrai
On ne parlera pas davantage de l’histoire pour ne pas vous la divulgâcher (comme disent les Canadiens), elle en vaut la peine… et je pèse mes mots. Après tout, Rumu est avant tout un jeu narratif, qui est présenté par son équipe comme ayant à peu près la même durée qu’un bon film (ça dépend vraiment des gens, vous pouvez prendre une dizaine d’heures pour le finir en vous émerveillant de chaque détail #histoirevraie, tout comme vous pouvez le finir en 2-3h en allant à l’essentiel).
Rumu présente un design léché pour chaque pièce de la maison explorée par notre petit robot aspirateur, avec une palette de couleur spécifique qui leur donne une identité propre. La cuisine est blanc lino, une pièce laisse entrer la lumière du soleil levant, une autre n’est éclairée que par la lueur de la lune… Ajoutez à cela les particules qui flottent dans l’air et le néon des appareils connectés, et vous avez une très belle ambiance dans laquelle on se plonge tout à fait. La bande-son vient compléter tout cela, elle aussi variant d’une pièce à l’autre. De l’électro légère en musique de menu, on passe à des notes de piano douces en arrière-plan pour certains souvenirs, agrémentées d’autres instruments selon notre environnement. Bien qu’assez répétitive parfois (surtout quand on tourne en rond dans une pièce à la recherche de la solution d’une énigme…), on ne s’en rend pas compte tant elle pose bien l’ambiance de chaque pièce.
Conclusion de Rumu
Rumu est beau. Son histoire est touchante. La manière dont on la découvre est fort bien trouvée, nous laissant la main pour explorer librement chaque pièce tout en découvrant des éléments supplémentaires de l’histoire qui se construit en arrière-plan. En bref, Rumu colle exactement à ce qu’on s’attendait, et on ne peut que vous le recommander si vous aimez les jeux narratifs et les robots… et vous retrouver le cœur retourné par l’histoire qu’a vécu ce robot et ses propriétaires.