La saga Resident Evil n’est plus à présenter : des millions de ventes au compteur et des épisodes cultes qui restent gravés dans l’esprit des joueurs. Avec Survival Unit, Capcom prend un virage surprenant sur mobile. La licence, déjà forte de nombreux spin-off, n’avait encore jamais exploré le terrain de la stratégie mobile. Malgré le succès de la série, ses épisodes dérivés ont souvent eu du mal à s’imposer. Avec ce nouveau titre, personne ne s’attendait à un jeu façon Clash of Clans, et pourtant Capcom nous propose encore une nouvelle itération de sa saga culte.
(Test de Resident Evil : Survival Unit réalisé sur iPhone via une copie commerciale du jeu )
Au lancement, le jeu ressemble à un Resident Evil version mobile. On se réveille dans un hôpital, la caméra reprend l’angle des premiers épisodes, et l’exploration se fait librement. Pour les fans, c’est un plaisir : de nombreuses références aux anciens opus sont parsemées dans les environnements, et l’exploration initiale fonctionne parfaitement. Le premier zombie apparaît rapidement, clin d’œil aux habitués de la série. L’exploration continue, ponctuée d’énigmes simples et de repères visuels jaunes pour guider le joueur. Même si le tout est un peu poussif, c’est agréable, mais à mesure que l’on progresse, on est invité à se réfugier dans un « manoir ». Là, le vrai jeu commence… et pour certains, le fun s’arrête.
Des débuts prometteurs, mais trompeurs
La caméra bascule définitivement en vue stratégique. À la manière d’un Clash of Clans, il faut gérer sa base, organiser les constructions et optimiser les ressources. Le tutoriel initie le joueur, entrecoupé de petites phases d’exploration qui nous demandent d’explorer les premiers bâtiments. Au départ, le mélange des deux genres se prête bien au jeu, l’exploration est toujours présente et l’aspect stratégique ne vient pas (encore) prendre tout le temps du joueur. Mais rapidement, les vraies difficultés apparaissent. L’interface fournit peu d’indications, ce qui peut frustrer un néophyte du genre.
Survival Unit semble surtout pensé pour les fans de stratégie : ceux qui découvrent le genre devront fouiller chaque recoin de leur base pour comprendre les mécaniques. Rien d’insurmontable, mais une meilleure formalisation aurait été bienvenue. Une fois les bâtiments installés, place aux missions. Après avoir construit la caserne, vous pouvez envoyer vos troupes récupérer des ressources ou affronter des zombies autour de votre base. Une fois la mission lancée, tout se déroule automatiquement. La possibilité d’envoyer plusieurs groupes existe, mais elle nécessite de passer à la caisse, ce qui limite rapidement l’aspect gameplay et force le joueur à attendre.
Un autre type de mission, appelé « Exploration », permet de sélectionner trois personnages pour les envoyer au combat. Cette fois, vous participez directement : les attaques restent automatiques, mais vous pouvez déclencher manuellement les compétences de vos héros. Cependant, au fil des explorations, le mode automatique devient vite incontournable, tant le challenge des missions reste faible ou quasiment impossible si votre base n’est pas suffisamment améliorée.
Un modèle économique limite
Comme tout jeu de stratégie mobile, les constructions prennent du temps. Au départ, la progression est fluide et les ressources généreuses. Mais à mesure que la base grandit, l’attente devient un véritable fardeau. Au début, les boosts d’accélération gratuits sont fréquents et permettent de planifier vos améliorations pour avancer à un meilleur rythme, mais le modèle Free-to-Play montre vite ses limites : une seule base peut être améliorée à la fois. Débloquer la possibilité d’en améliorer deux en même temps coûte quelques euros : sans ça, le joueur est limité à une. Une somme modeste pour certains, mais un gros frein pour d’autres, le tout s’apparentant à un modèle « pay to win », d’autant plus quand vous avez une alliance à maintenir et à faire évoluer pour défendre vos alliés et attaquer vos ennemis.
Côté héros, vous pouvez constituer une équipe de trois personnages grâce à un système de tirage aléatoire. Aucun personnage légendaire n’est disponible gratuitement, un seul peut être obtenu via les tirages payants. Les autres légendaires sont accessibles uniquement via la boutique : Léon demande un niveau VIP élevé, une sorte d’abonnement qui demande beaucoup d’investissement, Jill nécessite l’achat d’un pack spécifique, et Ada réclame un certain montant dépensé dans la boutique. Tout est articulé autour de la boutique et fait pour que le joueur dépense un peu partout s’il veut se procurer ses personnages favoris.
L’exploration sacrifiée
L’introduction promettait plus d’exploration. Après un certain niveau, il est possible de parcourir les sous-sols du manoir, mais ces phases durent à peine quelques minutes avant de replonger dans le gameplay principal. En dehors du nom Resident Evil, le système n’a rien qui diffère des jeux mobiles récents : un gameplay accrocheur pour attirer le joueur, suivi d’un retour à un gameplay plus classique. L’exploration sert surtout d’appât avant de replonger dans la gestion de la base. Une méthode bien connu des jeux mobiles qui savent attirer le jouer avec une pub qui n’a souvent rien avoir avec son jeu d’origine.
Malgré tout, pour un fan de la saga, le gameplay peut sembler plaisant pendant un certain temps. Voir sa base grandir, débloquer des personnages et constituer son équipe sont autant d’éléments qui conservent leur attrait au début, mais la redondance se fait vite sentir. Les alliances sont un point positif : elles permettent de progresser avec d’autres joueurs, explorer la carte et participer à des événements spéciaux, comme s’attaquer à un Tyran pour gagner quelques récompenses. Mais sans membres prêts à investir de l’argent pour de gros raids, l’intérêt reste limité à la mécanique principale : attendre pour progresser.
Resident Evil Survival Unit laissait entrevoir un spin-off intelligent, capable de se démarquer. Au final, il s’agit d’un jeu de stratégie classique, dont la seule plus-value est l’univers Resident Evil, qui n’arrive jamais à aller bien loin dans sa proposition. Même de ce côté-là, l’effort est minime tant les troupes ne sont que de simples personnages sans âme, rappelant presque des personnages générés par IA. Le jeu ne s’adresse ni aux fans de la saga ni aux amateurs de stratégie confirmés. En voulant mélanger les genres, le jeu n’en traite aucun correctement et laisse les joueurs avec un sentiment mitigé qui pourra sans doutes les amuser quelques jours avant de laisser le jeu complètement tomber dans l’oubli.


