Comme bon nombre de jeux made in Nintendo de la Wii U, Pikmin 3 a eu droit à son portage sur Switch, en version Deluxe s’il vous plaît (qui pour une fois porte bien son nom). Une franchise désormais bien installée dans le paysage des Mario et cie, et dont le troisième opus aurait pu marquer les esprits à l’époque de sa première sortie si la console ne s’était pas fait les ligaments croisés. Néanmoins, le jeu a-t-il bien vieilli après ces quelques années ? Réponse dans notre test.
(Test de Pikmin 3 Deluxe sur Switch réalisé via une version fournie par l’éditeur.)
Un Pikmin ne prend pas d’âge
C’est un fait, chez Nintendo, les jeux prennent très rarement des rides. Tel un costard trois pièces de bon goût, les Super Metroid, Super Mario 64, ou la série des Donkey Kong Country ne semblent pas impactés par l’avancée du temps qui file. Ce même temps qui inexorablement rapproche la majorité des productions de la concurrence, moderne ou non, sur le banc de la péremption. Un constat qui impressionne toujours autant aujourd’hui, et qui prouve la qualité de gameplay des titres créés par Nintendo, dont Pikmin 3 Deluxe.
La franchise Pikmin, pour nos lecteurs néophytes en la matière, est basée autour d’un concept d’exploration à la metroidvania, où les armes/gadgets sont remplacés par des Pikmin aux couleurs aussi différentes que leurs aptitudes. Armé d’un sifflet et d’un sacré souffle, vous (le cosmonaute d’une planète fictive) devrez diriger ces petits êtres pour mener à bien les diverses missions du jeu.
Et cela ne sera pas forcément chose aisée, l’obéissance des Pikmin n’ayant d’égale que leur autonomie d’enfant de trois ans. Une sorte de candeur toute mimi hélas peu compatible avec la survie en milieu hostile. C’est pour cela qu’en bon chien de berger végan, vous enverrez ces petites plantes déterrer des objets, combattre de nombreux ennemis, et défaire les énigmes qui traverseront votre route, afin de prouver à votre planète d’origine (en sur-population) que le coin est clairement habitable.
Divisé en journées d’exploration, le jeu vous propose à chaque début de journée de visiter (ou revisiter) différents niveaux pour récupérer le maximum de fruits avant la tombée de la nuit. Une fois les douze coups de minuit sonnés, votre équipage et vos Pikmin s’envolent vers d’autres cieux, et consommeront une partie des fruits précédemment cités avant de passer au jour suivant. Un aspect légèrement survie qui ne prend son sens que dans les niveaux de difficulté élevée, les fruits étant facilement récupérables si l’on prend un peu la peine d’explorer les lieux. Un gameplay d’exploration teinté de survie donc, qui s’enrichit grâce à ses combats de boss.
Passés d’outils à armée sanguinaire en un clin d’œil, vos Pikmins, toujours aussi obéissants, n’attendent désormais que vos ordres pour se jeter sur la première bestiole qui passe pour lui administrer quelques coups de feuilles dans les parties. Déterminés à vous suivre jusqu’au trépas, vos Pikmins se feront assez régulièrement becqueter par des ennemis bien décidés à enrichir leur apport en légumes, et qui croqueront, écraseront, et avaleront vos légions étrangères par paquets de douze. Un aspect sur le papier terrifiant, mais qui, miracle de Nintendo, arrive à garder son côté choupi peu importe le nombre de Pikmins se faisant massacrer.
Une vraie version Deluxe
Du côté de la jouabilité, c’est aussi un grand soleil avec un titre qui n’a gardé que l’essentiel, et qui, malgré une base pensée pour la Wii U (notamment la map), offre dans sa version Switch une véritable expérience via son mode coopératif intégral. Probablement l’un des jeux les mieux pensés pour le mode deux joueurs et qui, Dieu merci, est possible en local.
Un vrai plus pour un titre riche en contenus et quêtes annexes fraîchement arrivées (dont celle du fameux Olimar) qui, sans pour autant être transcendantes, ont le mérite de rallonger une expérience en plein air un poil trop rapide. Et puis, si l’envie vous prend de vous fritter à coup de légumes, le mode Duel Bingo est toujours là pour vous.
Que cela soit en docké ou sur grand écran, le jeu est beau, c’est indéniable, néanmoins, il nous est difficile de faire la différence avec la version Wii U qui était déjà réellement magnifique. Alors oui, les Legolas du pixel auront remarqué un affinement des traits, toujours bon à prendre, mais qui n’apporte pas vraiment grand-chose au titre. Et puis, le jeu en avait-il besoin ? Lui qui a su nous rendre tout petit l’espace d’un instant, afin de profiter des reflets chatoyants d’un cours d’eau devenu rivière ?
Pour ce qui est des musiques et des ambiances sonores, c’est du même acabit, bien que l’on soit un peu frustré d’un manque de bruits d’atmosphère (pluie, etc.) une fois le casque branché. Un léger défaut qui n’enlèvera en rien le sentiment de quiétude que vous ressentirez lors de vos périples en terres inconnues. Des aventures trépidantes menées tambour battant le temps d’une journée, qui sauront vous faire voyager malgré la période de confinement actuel.
Quintessence du bucolique et du choupi, ce test de Pikmin 3 Deluxe nous aura ravis d’un bout à l’autre. Le titre n’a pas pris une ride, et s’est quand même payé le luxe d’un lifting. De plus, le principal défaut de longévité du titre d’origine a été pansé comme il se doit par l’ajout d’un mode coopération qui offre une vraie expérience à deux sur son canap’, et les quêtes annexes d’Olimar, qu’il est toujours bon de croiser. Petite pensée pour le système de trophées incorporé dans le jeu, toujours bienvenu pour les complétistes en herbe.
Que cela soit pour ses petits décors champêtres, son ingéniosité, ou ses éléments qui transpirent le « trop mignon », Pikmin 3 Deluxe est un indispensable pour tout amoureux d’exploration ou de stratégie. Un titre que l’on vous conseille, peu importe votre profil de joueur, et qui vous offrira une belle porte d’entrée pour le Pikmin 4 annoncé il y a déjà quelque temps…