Alors, soyons clairs, il est inutile de faire durer un suspense inutile. Persona 5 est un excellent jeu. Voilà. Test plié. Jouez à Persona 5, c’est 9/10, coup de cœur, indispensable, tout ce que vous voulez. Non, vraiment, pourquoi chercher à vous faire admettre l’évidence ? D’ailleurs, il est même possible que vous vous le soyez déjà procuré, et peut-être même vous l’avez déjà terminé. Donc voilà. Persona 5, c’est bon. Mangez-en. Cependant, peut-être serait-il bon que je vous dise pourquoi ? Très bien, petits margoulins, approchez-vous et voyons ensemble pourquoi Persona 5 s’affirme comme étant l’un des meilleurs J-RPG de ces dernières années.
Persona 5, un bon élève ?
Je ne vais pas vous faire l’affront de vous présenter Persona. Si vous ne connaissez pas la série, je ne peux que vous conseiller de vous référer à notre dossier Persona qui saura répondre à nombre de vos questions. Persona 5 est le cinquième volet numéroté de cette série de J-RPG dérivée de Shin Megami Tensei. Vous interprétez, comme souvent dans les jeux estampillés Persona, un lycéen qui se découvre des pouvoirs et doit mener de front une vie de justicier et une scolarité normale.
Dans Persona 5, le jeu démarre fort, et relate comment vous, cambrioleur de haut-vol répondant au nom de code de Joker, vous êtes fait coincer par la flicaille. Incarcéré et un peu brutalisé, vous êtes interrogé par Sae Nijima, jolie procureure qui aimerait bien savoir comment vous avez pu vous retrouver à voler des cœurs au lieu de préparer vos partiels. Le jeu se déroule alors au cours d’un flashback dans lequel votre personnage raconte comment il s’est retrouvé à créer le groupe des Phantom Thieves, une bande de voleurs aux pouvoirs surnaturels.
Changement d’ambiance comparé au précédent épisode. Si Persona 4 vous mettait dans la peau d’un gamin de la ville populaire qui arrivait dans une petite ville de campagne, cette fois-ci, vous vous retrouvez affublé d’un casier judiciaire, pointé du doigt par tous vos camarades de classe et seul dans tout Tokyo. Le feeling est très différent, et si dans Persona 4 on avait un peu l’impression d’être la coqueluche du lycée, cette fois-ci, vous aurez plutôt tendance à vous sentir comme un pestiféré. Mais pas d’inquiétude, au fur et à mesure de l’avancement de votre aventure, vous allez vous faire des amis et améliorer vos compétences sociales.
Pas le temps de s’ennuyer
Persona 5, comme tous les jeux de la série, se joue sur deux tableaux. D’un côté, vous avez l’aspect dungeon-RPG dans lequel vous devrez explorer des Palaces dans un temps limité, marqué par une date butoir sur votre calendrier. Ces donjons principaux à la difficulté assez relevée font avancer le scénario, et vous mettront aux prises avec des boss puissants. Ces Palaces sont très variés et représentent les désirs tordus de leurs boss respectifs. L’exploration d’un donjon se fait en plusieurs temps. Vous êtes un as de la cambriole, et votre but est de dérober le trésor du Palace. Mais avant cela, il vous faudra sécuriser une route d’infiltration (explorer le donjon, quoi) pour localiser le trésor. Par la suite, vous devrez envoyer une carte au maître du donjon dans la vraie vie, pour pouvoir susciter l’apparition dudit trésor et vous en emparer.
Ces étapes nécessitent au minimum trois jours, et encore, cela si aucun imprévu ne vient se mettre en travers de votre chemin. Il vous faut donc bien gérer votre temps pour ne pas gaspiller de précieuses journées. Par ailleurs, vous devrez prendre garde à ne pas vous faire repérer par les shadows qui patrouillent dans les Palaces. Si vous n’êtes pas assez prudents et que vous vous faites gauler, vous remplirez une jauge, qui, une fois pleine, vous vaudra d’être expulsé du Palace sans avoir la possibilité d’y revenir pendant une certaine période.
En dehors de vos aventures de voleur fantôme, vous devez gérer votre emploi du temps de lycéen en rencontrant vos amis ou en participant à diverses activités. Une bonne partie du jeu consiste donc à gérer votre planning, car chaque activité vous prendra une unité de temps. Et on a bien vite le tournis tant il y a à faire : étudier, faire du sport, aller au cinéma, au resto, aller bosser à mi-temps… être un lycéen japonais, ce n’est pas de tout repos. Toute activité vous sera cependant bénéfique, vous permettant d’augmenter vos compétences sociales (intelligence, charme, gentillesse, courage et compétence). Répondre correctement aux questions qui vous seront posées en cours, par exemple, vous octroiera un boost d’intelligence, tandis que réussir vos partiels vous rendra plus charmant auprès des autres.
Friends with benefits…
Le système de Social Links de Persona 3 et 4 revient et a été remanié. Finis les S-Links, à présent vos amis deviennent vos confidents. Si dans les faits le système paraît similaire, il est en vérité légèrement différent. Tout d’abord, il faut savoir que vos amis vous apporteront des bénéfices. Dans Persona 4, les S-Links des membres de votre équipe vous permettaient de débloquer leurs capacités ; cette fois-ci, tous vos confidents vous octroieront des compétences particulières. Si les membres des Phantom Thieves vous prodigueront des compétences qui vous aideront au combat, vos autres amis vous seront également utiles. Débloquer des soins supplémentaires, des techniques pour gagner du temps, un boost d’expérience, des remises en magasin… chacun de vos amis vous apportera des bonus non négligeables.
Les confidents, comme toujours, vous permettront aussi de bénéficier d’un boost d’expérience quand viendra le moment de créer vos Persona auprès de l’iconique Igor de la Velvet Room (création qui se fait par l’exécution de vos Persona). Et vous aurez de quoi faire pour soigner vos relations avec vos camarades. Vous pourrez leur acheter des cadeaux ou leur proposer des sorties dans des endroits spécifiques, à choisir selon leurs préférences. Cette partie « sociale », proche du visual novel, est très dense et a bénéficié d’un soin particulier. Ajoutons enfin que le scénario de chaque personnage est intéressant à suivre et ajoute un supplément de vie à l’univers du jeu.
It’s time for an All-Out Attack !
Le système de combat a également connu une refonte. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est stylish à mort. Finis les menus interminables, cette fois-ci, chaque bouton du pad correspond à une action. Vous pourrez attaquer physiquement vos adversaires ou leur tirer dessus avec votre arme à feu, pour occasionner plus de dégâts (vos munitions ne sont pas illimitées cependant), invoquer votre Persona pour utiliser vos magies (en échange de SP) ou des attaques physiques puissantes qui consomment vos HP. Enfin, une touche est dédiée à la sélection d’items et à la stratégie. Les joutes sont par ailleurs très bien mises en scène et très dynamiques, brisant la monotonie des combats inhérente au genre.
Concernant les combats, les bases restent les mêmes que dans Persona 3 et 4. Il vous faudra être attentif aux faiblesses de vos ennemis et de vos alliés pour les exploiter au mieux. Si vous parvenez à toucher les faiblesses de tous vos adversaires, vous pourrez lancer une All-Out attack, une attaque puissante qui vous mènera très souvent à la victoire. Cependant, et là Persona 5 va lorgner du côté de ses ancêtres Persona 1 et 2, vous pourrez aussi décider d’épargner vos ennemis. Une fois mis à terre en exploitant leurs faiblesses, vous les tiendrez en joue. Au cours du hold-up, vous pourrez leur demander de l’argent ou un objet en échange de leur vie. Vous pourrez aussi leur demander de vous prêter leur force. En effet, vos ennemis ne sont autres que des Persona eux-mêmes. Si vous leur demandez de vous rejoindre, ils vous poseront des questions. Si vous parvenez à y répondre de la bonne façon, ils daigneront alors vous rejoindre.
Regardez-moi, je suis le plus beau du quartier…
Persona 5, c’est un univers constitué de hype. Que ce soit la musique ou l’aspect visuel, tout dans ce jeu sent le style. Les menus eux-mêmes sont ultra classes et c’est un plaisir de naviguer à travers eux tant ils sont stylés. Graphiquement, le jeu est très honnête. Si par moments on sent que le développement a été fait en lead sur la PlayStation 3, la patte artistique est si forte que cela ne constitue pas un souci. Le jeu tourne très bien, et je n’ai pas constaté de chute de framerate ou de tearing sur la version PlayStation 4 malgré le nombre élevé de PNJ à l’écran. À ce sujet, un clipping est notable sur eux, une fois qu’ils se sont éloignés, mais là encore, je me demande si ce n’est pas un choix artistique, les figurants semblant être des fantômes moulés dans la société. La ville et l’école sont grouillantes de vie et les ambiances sont bien rendues. De même, les Palaces sont très inventifs visuellement.
Les doublages, qu’ils soient dans la langue de Naruto ou de Captain America, sont très convaincants et les bribes de dialogues entre PNJ participent à l’immersion dans l’univers. Par ailleurs, l’OST est superbe, comme toujours avec Shôji Meguro, le compositeur. Finie la J-Pop et le Hip-Hop, cet épisode est placé sous le signe de l’Acid Jazz bien groovy avec des morceaux inoubliables interprétés par la chanteuse Lin. Les musiques restent bien en tête, et il m’est difficile de choisir un morceau préféré. Musicalement, ce Persona 5 fait un sans-faute.
Quoi ? Conclure le test ? Mais il y a tant de choses à dire ! Persona 5 est une réussite incontestable. Le jeu est aussi profond qu’il est visuellement attirant. Et si je ne lui ai pas collé la note maximale, c’est uniquement parce que le jeu n’est pas traduit en français, ce qui est, vous en conviendrez, un peu bête pour un jeu qui a généré autant d’attente. C’est d’autant plus dommage que l’anglais utilisé dans le jeu est très argotique et que du coup, ceux qui ont du mal avec cette langue risquent d’être vraiment largués.
Mais hormis ce petit couac, Persona 5 fait un quasi sans-faute et tient absolument toutes ses promesses. Il parvient à redonner un nouveau souffle à la série, tout en renouant avec ses racines. Aux fans de J-RPG, il propose un défi intéressant, le jeu pouvant se montrer parfois assez ardu ; aux fans d’anime, il promet son lot de waifus à romancer et une esthétique dynamique ; et à ceux qui veulent en prendre plein les mirettes, il propose toute son inventivité formelle. Lancez-vous donc, si ce n’est pas déjà fait, dans cette aventure picaresque, vous ne le regretterez pas.