Nous sommes en 2013. Le petit monde du jeu vidéo indépendant crie d’effroi avec l’apparition soudaine d’un sombre jeu intitulé Outlast. Derrière ce titre, un concept simpliste mais bien novateur et une tonne d’idées au service de l’horreur, la vraie. En très peu de temps, le studio canadien Red Barrels est devenu le cador du jeu dit d’horreur, statut confirmé quelques mois plus tard avec l’excellent DLC Outlast Whistleblower.
Quelques années plus tard et avec un budget de développement tout autre, le studio outre-Atlantique nous livre un second opus sanglant. Plus ambitieux que son aîné, Outlast 2 a pour objectif de marquer au fer rouge le genre horreur en nous promettant une aventure au pays de la folie. On vous prévient d’entrée de jeu, le voyage n’est pas de tout repos et on n’en revient pas indemne. Pour le coup, l’expression « âmes sensibles s’abstenir » est plus que nécessaire. Ok, ça tourne là ? Place au test d’Outlast 2 sur PlayStation 4.
Horror Tapes
Blake et Lynn Langermann sont deux journalistes venus enquêter sur une étrange affaire en Arizona. Loin de toute ville, notre équipe survole en hélicoptère la région sauvage en quête d’information. En une fraction de seconde, l’hélicoptère s’écrase en zone hostile, tuant le pilote au passage. Une fois avoir repris conscience, Blake part à la recherche de sa partenaire Lynn dont les cris sont perceptibles au loin. Sans arme, notre reporter de l’impossible n’aura que sa caméra pour survivre. Le cauchemar commence.
Outlast 2 se démarque de son prédécesseur par un scénario et un cadre plus ambitieux. En effet, le jeu est divisé en six chapitres distincts qui vous plongeront à chaque fois dans un nouvel environnement. Là où Outlast vous cloisonnait dans un hôpital psychiatrique aux traitements discutables, Outlast 2 propose un monde plus varié et d’apparence plus ouvert. On passera donc d’un village à une forêt, en passant par une mine. Néanmoins, ces environnements ne font que masquer habilement une linéarité toujours bien présente.
Le concept d’Outlast repose sur deux points. Premièrement, vous ne pouvez attaquer ou vous défendre. Votre héros n’a apparemment aucune notion de self-défense et il faudra alors fuir à chaque affrontement. Cette vulnérabilité constante participe grandement à l’ambiance oppressante du jeu. Deuxième point : la caméra, celle-ci vous sert à vous repérer dans le noir le plus complet grâce à sa fonction infrarouge. Toutefois, son utilisation consomme de la batterie. Deux options s’offrent à vous, explorer les lieux et braver le danger potentiel afin de trouver des recharges ou l’utiliser avec parcimonie. Outlast 2 ajoute à cela la fonction microphone qui permet d’entendre les bruits avoisinants, idéale pour repérer le danger derrière une porte ou un placard.
Surenchère et gavage
Outlast premier du nom et son DLC mettaient la barre très haut sur le plan horreur. Que se soit par ses scènes sanglantes ou par son atmosphère nauséabonde, tout était pensé pour terrifier le joueur. À la fin de l’épisode, il était pour nous impossible de repousser les limites de l’horreur. Force est de constater qu’Outlast 2 va encore plus loin, nous propulsant dans un bain de sang et d’immondicité sans précédent. Pendaison, écartèlement, crucifixion ne sont que des exemples de sanglantes scènes qui vous attendent.
Outlast 2 surenchérit malheureusement beaucoup trop sur l’aspect frontal et finit donc par s’émousser. D’autant plus que le jeu se veut un poil trop long pour sa recette. La peur se génère avec l’inconnu, l’inattendu. Après avoir vécu une situation à plusieurs reprises, elle s’estompe et finit même par lasser. La durée de vie d’Outlast 2 ne rend pas service à son propos, bien au contraire, elle le discrédite.
Outre sa longévité, Outlast 2 pose une réelle question. Où est la limite de l’horreur ? Peut-on tout montrer sous prétexte qu’il s’agit d’un simple jeu vidéo, encore moins réel qu’un film ? Loin de nous l’idée de vous spoiler mais Outlast 2 nous place dans des situations que seuls les plus illuminés pourront apprécier. Notre limite a été atteinte, et même dépassée. L’horreur doit être impérativement dosée, minutieusement travaillée au profit d’une ambiance. Outlast 2 s’éloigne de ce postulat et rejoint les jump scares faciles non loin du Slender Man.
Voilà un voyage qu’on n’oubliera pas de sitôt. Outlast 2 respecte toutes ses promesses mais finit sa course dans l’excès, l’aventure se termine par un grincement de dents désagréable nous questionnant sur la limite de son concept. La surenchère constante de l’horreur déforme la portée du titre, les scènes frontales à outrance entachent l’ambiance oppressante. L’équilibre est rompu. À terme, on ne retiendra de ce second épisode que quelques passages inventifs sur le plan horrifique, délaissant l’expérience dans sa globalité, c’est ce qu’on appelle le gavage.
Red Barrels a annoncé travailler sur un autre projet. Outlast 2 n’aura pas de DLC comme le premier opus, sage décision que voilà. Il y a fort à parier qu’une expérience VR est sur le point d’émerger, repoussant encore les limites de l’horreur dans le jeu vidéo, âmes sensibles, continuez de vous abstenir.