Il y a tout pile cinq ans sortait Ori and the Blind Forest. Succès immédiat, le titre, malgré un gameplay plutôt convenu, a convaincu tout le monde grâce à une direction artistique magnifique récompensée aux Game Awards cette année-là. Succès surprise de l’année aux côtés de grosses machines comme MGS V ou Batman: Arkham Knight, bénéficiaire dès sa semaine de sortie, alors une suite coulait de source. C’est ainsi que débarque cinq ans plus tard Ori and the Will of the Wisps. Mais auréolé de la réputation du premier épisode, et au contraire de ce dernier, le jeu aura fort à faire avec les attentes qu’il suscite. Alors, petite déception ou nouveau coup de maître ?
(Test d’Ori and the Will of the Wisps réalisé sur PC via une copie fournie par l’éditeur)
Coño Kun !
Ori and the Will of the Wisps, soit Ori et le Testaments des Feux Follets. Voilà, avec un terme tel que « testament » d’entrée de jeu (si je puis dire) dans le titre, on se doute que l’aventure ne sera pas placée sous le signe de la rigolade. Quiconque a posé ses pads sur le premier volet des aventures d’Ori s’en est rendu compte : on est plus du côté de Bambi que de celui de Mon Petit Poney. Oui, c’est mignon, mais c’est surtout plutôt mélancolique.
Faut-il s’arrêter sur le scénario ? Probablement pas, d’abord parce que ce n’est pas le cœur du jeu, et ce dernier justifiera surtout de nous faire cavaler d’un bout à l’autre de la carte pour résoudre diverses situations plutôt dramatiques. Et puis parce que cela serait gâcher une partie du plaisir du jeu, qui se déroule de manière assez inattendue.
Alors on s’en tiendra au tout début du jeu, où l’on retrouve Ori, petit esprit de la forêt, sorte de mélange entre un Stitch fluo (du Disney Lilo & Stitch) et certaines figures connues, comme le très myazakien Naru. Ori et ses amis tentent de venir en aide à une petite chouette nommée Kun, handicapée par une aile mal foutue, dans ce qui tiendra lieu de tutoriel. Et alors que Kun sera enfin capable de prendre son envol, emmenant Ori sur son dos, une tempête aussi intense que subite séparera les deux amis. C’est le début de la quête d’Ori pour retrouver son amie à plumes.
Pile Ori
Ori and the Will of the Wisps est donc un jeu de plateforme en 2D de type metroidvania. Soit une carte à explorer dont certaines parties ne deviendront accessible qu’à des moments-clés de l’aventure, alors qu’Ori aura obtenu de nouvelles capacités (le double saut, la possibilité de planer, celle de « nager » dans le sable…). On fera donc nombre d’allers-retours sur la carte selon les endroits que de nouvelles compétences nous permettront de visiter.
Heureusement, le level design est maîtrisé, et pour peu qu’on prête un peu attention à son environnement, ces allers-retours ne seront que peu nombreux, et rythmés par des missions secondaires qui consisteront à rendre divers services aux habitants de la forêt dans laquelle on a échoué.
De manière générale, et c’était déjà le cas avec les premières aventures d’Ori, il s’agit d’un platformer extrêmement classique à la fois dans son déroulement et dans son gameplay. Du double – puis triple – saut au dash en passant par la capacité à s’agripper aux surfaces verticales ou celle de planer, des mini-boss aux vrais gros boss de fin de niveau, aucune mécanique de jeu n’a pas été vue ailleurs. Cependant, c’est si bien fait qu’on n’a pas grand-chose à redire. Certes, pour l’originalité, on repassera, mais le plaisir de jeu est lui bien là !
Ori fils
Plus gênant par contre est le manque de nouveautés apportées par cet épisode par rapport à Ori and the Blind Forest. C’est simple : c’est à deux ou trois détails près exactement le même jeu. On y retrouve les mêmes mécaniques de jeu, les mêmes décors, le même bestiaire…
Certes, c’est plus joli. Malgré une utilisation parfois à outrance des effets de glow, les tableaux sont plus fouillés, fourmillent de détails animés et réussissent à varier les environnements tout en douceur, à tel point qu’on a parfois l’impression de n’avoir qu’un seul et unique « niveau » dans le jeu, quand en vérité le décor qu’on a sous les yeux est complètement différent de la forêt dans laquelle on a débuté l’aventure. Les transitions se font ainsi naturellement, tout en douceur, sans rompre avec le rythme du gameplay.
Les animations ont aussi franchi un cap depuis 2015. Plus fines, plus fluides, elles sont aussi partout. C’est tout l’écran qui est animé, et en dehors des personnages et des ennemis, c’est la végétation, l’arrière-plan, et tout l’environnement qui prend vie.
Malheureusement, un gap technique qui ne s’est pas étendu au game design. On pourrait presque prendre Ori and the Will of the Wisps pour un remake de Ori and the Blind Forest. Et la surprise des nombreuses qualités du premier épisode laissera place au sentiment de déjà-vu, malgré des qualités tout aussi nombreuses.
Ori-zy
Toutefois, la surprise viendra quand même du déroulement du jeu. Après une première partie, agréable mais ne présentant aucun challenge, le jeu prend un tournant à la fois scénaristique et en termes de gameplay. Il représentera alors un défi bien plus ardu, comme si on était passé d’un mode facile en difficile, sans étape intermédiaire. Surprenant les premières minutes, le jeu se révèle alors bien plus intéressant, d’autant que dans le même temps, ses environnements se diversifieront également. Attention, il ne s’agira pas d’un de ces hardcore platformer à la Super Meat Boy, ou à la Celeste. Mais cette seconde partie du jeu va clairement réclamer sa dose de skill !
Ajoutons aussi un mot pour la superbe musique qui accompagnera le voyage d’Ori, souvent discrète, mais dont le thème principal vous accrochera rapidement, et avec certaines envolées toujours à propos. Enfin, précisons que le jeu est disponible via le Game Pass de Microsoft, et ce sur consoles et PC, permettant aux abonnés à ce service de jouer au jeu sans frais supplémentaires.
Ori and the Will of the Wisps est un excellent jeu de plateforme, un metroidvania maîtrisé qui nous laisse partir à la découverte d’une carte sans nous forcer à d’innombrables allers-retours (quelques-uns tout de même, c’est dans la nature du genre !). Peuplé de personnages plus mignons les uns que les autres, le titre adopte pourtant un ton grave, mélancolique, assez rare dans un jeu vidéo. Une mélancolie qui se ressent aussi dans ses décors, magnifiques. On lui reprochera toutefois de ne pas avoir su se renouveler autrement que graphiquement depuis le premier épisode. Ajoutez donc un point à notre note si vous n’avez jamais joué à Ori and the Blind Forest !