Voilà quelques années que la nostalgie de l’ère 16 bits est devenue le bon filon à exploiter pour les développeurs indie. Chaque semaine on a donc droit à une vague de jeux en pixel-art se revendiquant de tel ou tel titre ayant marqué la quatrième génération de console. Aujourd’hui nous avons entre les mains Mother Russia Bleeds, un titre sorti des fourneaux du studio français Le Cartel, fondé par l’ex-Ubisoft Frédéric Coispeau. Pour publier leur jeu ils se sont alliés à Devolver Digital, éditeur prolifique dont on retrouve le nom sur des titres tels que Broforce, Shadow Warrior(2013) et surtout Hotline Miami. En parlant d’Hotline Miami, impossible de toucher à Mother Russia Bleeds sans y penser : les influences se retrouvent partout à l’écran en commençant par le style artistique. Mother Russia Bleeds est donc un side-scrolling beat’em up se voulant l’héritier de Streets of Rage.
Mother Russia Bleeds : le bon et le mauvais de la nostalgie
Mother Miami Bleeds
Les jeux en pixel-art pullulent et contrairement à ce que pourraient penser certains détracteurs de ce style graphique, il y a une forte compétition pour se démarquer de la concurrence et offrir quelque chose de visuellement plaisant aux joueurs. Evidemment, pour chaque Hyper Light Drifter nous avons droit à 50 jeux fades et paresseux. Rassurez-vous, Mother Russia Bleeds ne fait pas partie de ce lot, même si tout n’est pas parfait. Le style rappelle énormément celui de Hotline Miami (tout doute quant à une coïncidence disparaît lorsqu’on visite le site des développeurs) mais fonctionne moins bien ici, probablement dû au fait que le premier est joué en vue du dessus et offre donc une vue moins élargie de ses personnages. Malgré tout, le jeu nous offre des effets assez réussis, particulièrement en termes de gore, et certains environnements flattent vraiment la rétine. Le (petit) point qui chagrine donc est un léger manque d’identité mais il s’agit là d’un avis purement personnel.
Russia of Rage
Les aspects visuels de côté, on s’intéresse au plus important : le gameplay. Ici pas de surprise, Le Cartel ne réinvente pas la roue et reprend une formule qui marche : si on décongelait un type cryogénisé en 1991 aux côtés de sa Megadrive et qu’on lui mettait Mother Russia Bleeds entre les mains il pourrait probablement y jouer sans avoir besoin d’un temps d’adaptation. On retrouve ainsi les coups de poing, coups de pieds ou encore coups de pieds sautés qui nous sont familiers. On a droit également à un arsenal d’armes très classiques : battes de baseball, couteaux et l’éventuelle arme à feu. Mention spéciale pour le niveau où vous pourrez tabasser vos ennemis à grands coups de toilettes.
Le Cartel a tout de même fait un effort pour rafraîchir un peu la formule des beat’em up. Le système de scoring tente d’encourager les joueurs à faire preuve de créativité et varier les combos au lieu de se borner à répéter le même coup sans arrêt. Si vous vous foutez du score vous pouvez toujours spammer le tacle contre la plupart des ennemis mais attention : l’efficacité est parfois l’ennemie du fun. Les personnages contrôlés par le joueur sont accrocs au Nekro, une drogue que vous pourrez récolter sur certains ennemis lorsqu’ils sont pris de spasmes (pas du tout liés au fait que vous venez de leur ouvrir la boîte crânienne à grands coups de batte). Garder un oeil sur votre réserve de Nekro ne servira pas uniquement à assurer votre prochain fix mais également à vous soigner ou lorsqu’une quantité suffisante est consommée, pour vous placer dans un mode berserk pendant quelques temps. Si vous jouez en coop’ vous pourrez également l’utiliser pour soigner/réanimer votre coéquipier.
Petite note sur le multijoueur : votre voyage meurtrier au travers des huit niveaux de Mother Russia Bleeds ne s’effectuera en compagnie d’un ami qu’à condition de jouer sur la même machine. L’absence d’un multijoueur en ligne en 2016 est un point qui fait un peu tache mais pour ceux qui n’auront pas de copains acceptant de faire le déplacement il restera les compagnons contrôlés par l’IA. Parlons-en de l’IA : jouer avec est une sorte de pile ou face. Parfois elle se montrera très compétente et vous remportera des combats à elle seule et d’un coup deviendra d’une stupidité impossible en décidant de déposer des grenades à vos pieds.
Au fil de votre progression le jeu commencera à vous balancer des ennemis de plus en plus costauds et c’est là qu’un autre point négatif se révèle : certains ennemis sont des sacs à PV intolérables et prennent un temps fou à tomber. Le recours à ce genre de difficulté artificielle est certainement dû aux limitations du genre mais on aurait préféré une solution plus élégante pour offrir un challenge aux joueurs.
Conclusion Mother Russia Bleeds
Mother Russia Bleeds aurait pu être commercialisé sous le nom Streets of Rage dans les années 90 sans soulever de questions (hormis peut-être le niveau de violence qu’il présente). C’est à la fois le gros point fort et le point faible du jeu : il s’agit d’un titre qui aurait pu sortir sur Megadrive et faire un carton. Malheureusement en canalisant l’esprit des jeux de l’époque 16 bits, Mother Russia Bleeds en récupère aussi quelques défauts qui dérangeront ceux qui s’attendaient à un traitement modernisé du beat’em up en sidescrolling. En tout cas, après y avoir joué je suis allé ressortir ma cartouche de Streets of Rage de son étagère.
Mother Russia Bleeds est disponible depuis le 5 Septembre sur Steam, Humble Store et GOG au prix de 14,99€.