Si des jeux qui font régulièrement l’actualité comme Fortnite et GTA sont assurément des marques puissantes dans l’industrie du jeu vidéo, la popularité des deux titres est pourtant loin d’égaler celle de Minecraft. Sorti il y a maintenant plus de onze ans, le succès du jeu de briques ne s’est jamais démenti et il est désormais le jeu le plus vendu de l’Histoire, avec plus de 200 millions de copies écoulées.
Une réussite que Microsoft ne pouvait pas ne pas exploiter en faisant de Minecraft une vraie licence à développer. Dernière itération en date : Minecraft Dungeons.
(Test de Minecraft Dungeons réalisé sur PC et Nintendo Switch via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Les faux monnayeurs
Ce n’est pas la première fois qu’on nous livre un jeu issu de l’univers cubique de Minecraft sans pour autant qu’il soit question de construction. En 2015, Telltale nous avait ainsi proposé un jeu narratif reprenant le principe de ses autres titres phares, Minecraft: Story Mode. Une aventure qui d’ailleurs a depuis échoué sur Netflix. L’année dernière, c’est le jeu mobile en réalité augmentée Minecraft Earth, reprenant, en gros, le principe de Pokémon GO, qui débarquait sur le PlayStore.
Troisième proposition située dans l’univers de Minecraft : Minecraft Dungeons, hack’n slash dont la formule ne sera pas sans rappeler un parent illustre.
Et justement, le point commun entre ces trois jeux, outre l’utilisation de l’univers Minecraft, c’est qu’ils adaptent tous les trois des titres et des mécaniques de jeu qui ont fait leurs preuves à la sauce voxels de Mojang. Minecraft, le faussaire du jeu vidéo ?
Diableries !
On peut résumer Minecraft Dungeons en un mot : Diablo. Le dernier né de chez Mojang partage de très nombreux points communs avec la référence mondiale du hack’n slash. On est ainsi devant un jeu orienté action, en 3D isométrique vue de dessus, dans lequel il s’agira de progresser dans les environnements générés procéduralement en éliminant les nombreuses menaces qui se dressent sur notre passage.
Pour ce faire, on dispose d’un arsenal assez correct constitué d’une armure pouvant offrir des bonus divers et variés, d’une arme de contact (épée, dague, hallebarde, etc.), d’une arme de jet (arc, arbalète, etc.) et d’une série de sorts offensifs, défensifs, de soins, ou invoquant un familier qui viendra nous assister en combat (très utile pour attirer à lui les flèches des squelettes, et nous laisser ainsi tout le loisir d’aller en faire des osselets).
Comme dans Diablo, notre équipement évoluera au fur et à mesure des loots, c’est-à-dire des récompenses récupérées aléatoirement au gré des niveaux. Équipement qui tient lieu de composante de personnalisation du personnage : c’est en effet le choix des armes et des sorts qui déterminera le « build » de notre héros. Car si on nous demande de choisir au tout début de l’aventure entre différents avatars, l’enjeu n’est que cosmétique.
PEGI 3
S’il est difficile de ne pas voir le lien de parenté entre ce Minecraft Dungeon et Diablo, il faut y voir surtout une sorte de Diablo Pour les Nuls. Le jeu garde ainsi les mécaniques de gameplay principales, tout en se séparant de ce qui était un peu complexe. Pas de compétences, ni de caractéristiques ou de points d’expérience à répartir, c’est l’équipement qui remplit les cases de la fiche de personnage.
Et comme on aura tendance à vouloir tester un peu tout le matériel qui nous tombera entre les mains, on ne privilégiera pas exactement tel ou tel style de jeu. On papillonnera ainsi entre différents types de gameplay, choisissant à un moment les explosifs, à un autre les attaques à l’épée à deux mains…
Bien sûr, il est possible de jouer plus « méta », en réfléchissant plus profondément aux mécaniques de jeu et à ce qu’elles permettent, notamment avec le système des enchantements qu’on peut ajouter sur les armes, puis recycler, ou avec celui des âmes, sorte de coût magique capable de déclencher des attaques destructrices. C’est peut-être une facette du jeu sur laquelle on se penchera plus facilement en jouant multi, pour construire des groupes cohérents et équilibrés (healer, archer, etc.).
Il est en effet possible de jouer entre amis, façon canapé ou en ligne. C’est une option bienvenue, mais qui ne changera pas fondamentalement l’expérience de jeu, même s’il est évidemment toujours plus sympa de jouer entre copains.
On sent cependant que Minecraft Dungeons offre ces mécaniques (un peu) plus fouillées comme un bonus, mais veut d’abord se présenter comme une confiserie pour tout un chacun. Le premier run est très facile, accessible, accueillant.
Les fans du genre y retourneront, essaieront de construire un personnage toujours plus puissant, et iront se frotter aux difficultés supérieures du jeu, mais les plus jeunes y trouveront également leur compte, sans être frustrés par une difficulté répulsive ou des sous-menus de gestion des caractéristiques illisibles.
Pour 100 briques, t’as plus rien
Si le jeu adapte plutôt bien l’esthétique particulière des blocs de Minecraft, on aurait pu s’attendre à une proposition un tout petit peu plus originale de la part d’une licence aussi importante. Ici, on est en terrain connu, dans un hack’n slash classique au possible (ce qui ne veut pas dire mauvais), tout juste recouvert d’un skin Minecraft. Alors oui, la communauté sera sûrement contente d’aller affronter les Creepers et autres Endermen iconiques dans les mines de Redstone, mais est-ce suffisant ?
D’autant que venant de Minecraft, on s’attendait à plus de modalité au niveau des assets. Rien n’est destructible à part les rares objets identifiés comme tel. Et à aucun moment n’interviennent des mécaniques de construction. Dans un jeu Minecraft, c’est un comble !
On regrettera enfin l’impossibilité de jouer ensemble en cross-play. Le papa qui y joue via le Game Pass (où le jeu est disponible depuis sa sortie) sur PC ou Xbox One ne pourra ainsi pas rejoindre la partie de sa fille qui y joue depuis sa Nintendo Switch Lite.
C’est d’autant plus dommage que le jeu sort sur toutes les plateformes, et que son côté « kids friendly » permet parfaitement des moments de jeu parents-enfants. Une limitation qui sera peut-être levée lors d’une prochaine mise à jour ?
Hack’n slash bien exécuté, presque scolaire, Minecraft Dungeons manque d’une proposition originale. Cependant, il constitue une porte d’entrée idéale dans le genre pour les plus jeunes, et une excellente occasion de lancer des parties parents-enfants en co-op. L’univers cubique de Mojang se prête plutôt bien à l’exercice, et nous donne à voir un univers rigolo et coloré. Le jeu bénéficie de plus de la narration de l’actrice qui double habituellement Whoopi Goldberg, Marie Christine « Maïk » Darah.
Les sessions de jeu peuvent être assez courtes, et si on est abonné au Game Pass (et qu’on peut donc en profiter sans repasser à la caisse), le jeu a vraiment tout de la sucrerie, ce petit plaisir en plus, aussi peu nécessaire que réconfortant.