Activision n’est pas le seul à déterrer nos vieilles licences d’antan pour tenter de les mettre au goût du jour (et de se faire de l’argent sans trop se mouiller). Appartenant à la marque PlayStation, MediEvil s’essaye à une seconde jeunesse sur PlayStation 4 plus de vingt ans après sa sortie initiale. À dire vrai, il s’agit d’un second remake du jeu. Eh oui, tout le monde semble avoir oublié l’épisode MediEvil Ressurection sorti en 2005 sur PSP. Bon, il faut avouer que les consoles portables de chez Sony n’ont jamais eu le soutien mérité dans notre marché européen. Mais nous divaguons, revenons à notre cadavre (et on ne parle pas de la PlayStation Vita).
Développé par SCE Studio Cambridge devenu Guerrilla Cambridge avant sa fermeture, MediEvil reste une référence, et Sir Fortesque, une icône du jeu vidéo. Le studio Other Ocean Interactive s’est attelé à dépoussiérer le jeu pour nous proposer une aventure dans l’ère du temps. La tâche était loin d’être aisée. Vingt années les séparent, c’est long, surtout avec la vitesse frénétique du média. Prenez votre pelle, direction le cimetière de Gallowmere et plus précisément une crypte où repose un étrange chevalier.
MediEvil ou les contes de la crypte
MediEvil, qu’est-ce que c’est ? Oui, on le disait en introduction, vingt ans c’est sacrément long et il y a maintenant des nouveaux joueurs qui n’ont jamais croisé le chemin du borgne. Avant de détailler les apports du remake, attardons-nous un instant sur le jeu dans son ensemble.
MediEvil est un jeu d’action/aventure dans lequel le joueur incarne le défunt chevalier Sir Fortesque. Il y a longtemps, le royaume de Gallowmere connut une guerre sans précédent, une bataille lancée par le terrible sorcier Zarok. À cette époque, Fortesque était capitaine. Il mena ses troupes à la bataille. Malheureusement, notre héros reçut une flèche en plein dans son œil gauche. Fauché sur place avant même sa première rencontre avec l’ennemi, on se souviendra du chevalier comme d’un raté. Zarok fut vaincu mais le sorcier a ressuscité et s’apprête à prendre le pouvoir. Quand tout espoir semble perdu, quand la mort semble être la seule issue, il faut parfois se tourner vers la crypte. Car il est temps pour Sir Fortesque de faire ses preuves, même mort.
Certes le scénario semble anecdotique mais le fait que notre héros soit considéré comme un bon à rien participe grandement à l’ambiance si particulière du jeu. Car oui, MediEvil, c’est avant tout une ambiance unique, mélange habile d’un film de Tim Burton (époque où il faisait des bons films, outch) et d’un jeu d’aventure à la Rayman. Pour la petite histoire, Chris Sorell, le concepteur du jeu, souhaitait à l’origine développer un Ghosts’n Goblins en 3D, et il y a de ça.
Force est de constater que cette ambiance n’a pas pris une seule ride. Il suffira de quelques minutes de jeu pour retrouver cette douce nostalgie si chère. C’est loufoque et morbide, les niveaux se veulent variés et travaillés dans leur mise en scène. La bande-son est juste incroyable, c’est à se demander si cette dernière n’a pas été composée par le grand Danny Elfman. Bref, la recette fonctionne encore en 2019… enfin presque.
Les morts souffrent aussi d’arthrose
Côté graphismes, Other Ocean Interactive a mené un travail remarquable. C’est le jour et la nuit. L’équipe de développement a même dû rajouter des pans entiers de paysage pour combler l’insuffisance graphique de la PlayStation première du nom. Attention, il ne s’agit pas là d’un jeu à vous déchirer la rétine mais le fossé entre les deux jeux est juste incroyable, mention spéciale aux effets de lumière. Pour une raison inconnue, notre PlayStation 4 Pro crachait ses poumons pendant nos parties, curieux surtout pour un titre pas très gourmand.
Les affres du temps n’échappent à personne, même pas aux morts. Le gameplay si novateur à l’époque a vieilli à en faire grincer des dents. Les combats sont brouillons et manquent de précision, une exigence acquise ces dernières années mais bien devenue indispensable. La portée des attaques semble aléatoire, on se prend des coups sans trop comprendre pourquoi, les affrontement peuvent vite devenir un sacré foutoir où l’on se contentera de marteler le bouton attaque. Pareil pour les phases de plateforme, ça manque de précision et la caméra incertaine ne vient pas en aide, bien au contraire. On peut également citer le menu de l’équipement, peu ergonomique.
Il semblerait que le coup de chiffon n’ait pas suffi. Là où Crash Bandicoot (pour ne citer que lui) avait réussi à prendre ce tournant technique, le remake de MediEvil sur PlayStation 4 manque sa cible sans pour autant échouer lamentablement. Oui, ça a vieilli mais est-ce fondamentalement un mal ? Vous avez quatre heures.
De même, la difficulté n’a pas été revue. Et certains niveaux vont donneront du fil à retordre. MediEvil fonctionne avec un système de vie. Si vous n’en avez plus, vous recommencez entièrement le niveau. Une configuration classique qui va, à coup sûr, en énerver plus d’un. Pour nous, remake ne veut pas obligatoirement dire tout refaire. Le titre doit garder quelques éléments originels pour justement ne pas dénaturaliser l’oeuvre de base.
MediEvil PS4 n’est pas venu les mains vides. Une quête optionnelle inédite accompagne cette version. Une fois le jeu terminé, vous pourrez partir à la recherche des âmes en peine dispersées à travers les niveaux. La quête s’articule en deux temps : trouver les âmes plus ou moins cachées, les apaiser en accomplissant leurs dernières volontés. Pour cela, il faudra déchiffrer leurs dires et aller au bon endroit. Cela va demander de connaitre chaque niveau. Cette quête apporte une rejouabilité bienvenue pour un titre un poil court, surtout pour les standards actuels.
Une fois accomplie, vous débloquerez un bonus très sympathique, un clin d’œil (sans vilain de jeu mot) pour les joueurs de la première heure. Nous n’en dirons pas plus de peur de gâcher cette jolie surprise. Non, ce n’est pas MediEvil 2, et c’est fort dommage. D’ailleurs, et c’est notre principale critique du test, pourquoi diable MediEvil Remake n’est pas venu avec sa suite dans un beau bundle ?
Alors, déterrer notre squelette était une bonne idée ? Oui. Même si le remake de MediEvil sur PlayStation 4 souffre de différents travers principalement liés à son gameplay et causés par son grand âge, le jeu est toujours aussi savoureux et mérite amplement sa place en 2019. Ce retour à Gallowmere en compagnie de Sir Fortesque est un bol d’air frais et permet de baliser notre parcours de plus en plus effréné de joueur.
On regrettera l’absence de MediEvil 2 (tout aussi excellent dans nos souvenirs). Vous pouvez nous qualifier de doux rêveurs (de la même manière que pour le remaster d’Onimusha de Capcom) mais il est toujours utile de pointer du doigt ces décisions strictement marketing, prises au détriment des joueurs. Et après tout, il n’y a que les morts qui ne rêvent pas, n’est-ce pas Fortesque ?