S’il y a bien quelque chose auquel nous sommes tous confrontés au cours de la vie, c’est le deuil. Nous n’y sommes jamais vraiment préparés, et chacun le vit d’une façon unique à l’image des êtres chers qui nous quittent. How to Say Goodbye, le dernier puzzle game signé Arte Games, nous propose une interprétation de celui-ci remplie de douceur et de bienveillance.
(Test du jeu How to Say Goodbye sur Nintendo Switch réalisée à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Au travers de seize chapitres, nous contrôlons un personnage après son décès. Chaque chapitre est composé de puzzles à résoudre, et accompagne l’apaisement spirituel de notre protagoniste qui ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive. Accepter la mort, c’est l’objectif final de ce titre : au travers de rencontres avec des fantômes, des souvenirs ou encore des lieux jadis chéris, le voyage se veut doucereux et initiatique pour accompagner du mieux possible le défunt dans sa nouvelle vie. Niveau après niveau, porte après porte, notre personnage s’élève à chaque fois vers un nouveau niveau d’apaisement sans s’en rendre compte.
La force est dans le trait
Visuellement, le jeu s’inspire des livres jeunesse des années 70, avec pour référence les Shadoks, le Petit Prince ou encore les Moomin. On traverse des niveaux aux couleurs pastel, on rencontre des personnages aux traits simples et aux sourires malicieux, comme si tout avait été griffonné sur notre écran au crayon gras. Cette direction artistique originale se prête tout à fait au thème, doux sans être infantilisant, bienveillant sans sonner faux. Les palettes sont variées et changent d’un chapitre à l’autre.
Côté mécanique, la logique des puzzles est très intuitive. Le niveau de difficulté monte progressivement, avec des phases de plateau aux propositions plus complexes, qui nécessitent même d’interagir avec le décor, avant de finalement redescendre en douceur comme pour atterrir pour le grand final. L’atmosphère sonore y est évidemment calme, douce, mais attention : pas de requiem ni de menuet obséquieux ! Le ton se veut léger et ambiant. Ici, l’émotion reste subtile, et surtout au choix du joueur.
Une expérience modulable et unique
La véritable force de How to Say Goodbye réside dans le cadeau fait par les développeurs : on choisit, ou non, de personnifier ce voyage. En début de partie, libre à vous de nommer votre personnage, de choisir ses pronoms ou encore son plat préféré.
Le jeu peut passer de moment ludique à véritable réconfort pour ceux qui souhaitent attribuer l’identité d’un proche au petit fantôme qu’ils vont contrôler, et à qui ils pourront dire au revoir. L’expérience commune d’un jeu se transforme finalement en expérience personnelle, et intrinsèquement, personne ne vivra la même.
Alors même que l’on pourrait penser l’idée risquée en proposant un jeu sur le deuil, Arte Games a su changer la donne avec How to Say Goodbye. D’une identité jamais vue auparavant en passant par une quantité de dialogues et une pudeur savamment dosées, l’apaisement ressenti à la fin du jeu dépasse de beaucoup les intrigues des titres du moment.
Un thème aussi universel ne pouvait fonctionner qu’avec un puzzle game, si simple en théorie et laissant finalement tellement de place pour l’émotion et l’interprétation personnelle. Là où les êtres disparus n’ont que peu de place dans le jeu vidéo, How to Say Goodbye leur offre un espace, et un beau.