Le rail shooter a fait, et continue de faire les beaux jours des salles d’arcade. Le principe est très simple. Seul ou avec un comparse, vous faites feu de tout bois à l’aide d’un contrôleur en forme de flingue, et nettoyez des tableaux dans lesquels vous vous déplacez automatiquement. Accessible, efficace, convivial, le rail shooter est un genre qui a donné naissance à des titres légendaires comme Time Crisis, Virtua Cop ou encore House of the Dead. La série Gal*Gun a proposé l’idée de rendre le genre moins violent, plus kawai, en prenant pour postulat de départ une idée assez inédite. Finies les pétoires et le plomb, les joueurs sont à présent armés d’un flingue qui tire des phéromones. Quant aux terroristes et autres criminels, ils sont remplacés par des jeunes lycéennes moe qui vous poursuivent de leurs assiduités. Votre but : tirer vos phéromones en visant leurs points sensibles afin de les mettre hors d’état de vous nuire. Après un Gal*Gun Double Peace sympa, testé par notre inénarrable City, les anges, chibi-démons, et waifus reviennent dans un Gal*Gun 2 qui, disons-le clairement, n’est absolument pas à la hauteur.
Gal*Gun 2 ou quand le fan-service ne suffit plus.
Touché en plein cœur
Alors que vous bullez au lycée, comme tous les jours, vous découvrez un colis posé sur votre pupitre. Celui-ci, une fois ouvert, dévoile une sorte de casque de réalité virtuelle et un flingue aux faux airs de sèche-cheveux. Une fois le casque enfilé, vous faites connaissance avec la blondinette Risu, ange maladroite qui vous explique que le lycée est envahi par des démons qui transforment les filles en obsédées. Muni de votre Sweeper Gun, vous devrez exorciser le lycée tout en repoussant les hordes d’adolescentes qui vous sauteront dessus à la moindre occasion. Vous pourriez également en profiter pour trouver l’amour, puisque vous semblez être inscrit au lycée des waifus. Bon, on ne va pas se le cacher, le scénario de Gal*Gun 2 est un prétexte. Ne vous attendez pas à une intrigue homérique et encore moins à des trouvailles narratives. Les amateurs de moe seront dans leur zone de confort.
En effet, difficile de faire plus générique que l’univers de Gal*Gun 2. Que ce soit le scénario, ou l’univers visuel, on est dans la lignée de ce qui se fait à la pelle dans l’archipel nippon, en ce qui concerne les anime harem un peu ecchi sur les bords. Le titre vous mettra en relation avec des personnages archétypiques du genre. Et en termes de poncifs, rien ne nous est épargné. L’amie d’enfance secrètement amoureuse du héros, l’hikikomori renfermée sur elle-même secrètement amoureuse du héros, la blondinette pas très maligne mais courageuse secrètement amoureuse du héros, la pétillante tsundere caractérielle secrètement amoureuse du héros, mais pas parce qu’elle est amoureuse du héros… baka ! Chaque personnage que vous pourrez romancer vous donnera accès à deux routes différentes menant à des fins distinctes, selon vos actions et votre capacité à vous faire aimer d’elles. Dommage que le titre soit si générique, car il essaye de se rendre aimable avec quelques trouvailles rigolotes, comme le bouton « urgence » qui remplace l’action par un écran 8-bit, au cas où vos parents ou votre conjoint(e) entreraient inopinément dans la pièce.
Pas dans le lycée !
Gal*Gun 2, en tant que successeur de la lignée de la série Gal*Gun, est un shooter en vue subjective qui diffère de ses prédécesseurs en cela qu‘il ne s’agit pas d’un rail shooter, mais d’un jeu qui semble pensé pour la VR. Les fans de la saga doivent normalement avoir levé le sourcil à la lecture de cette phrase, et on peut les comprendre. Il existe déjà un Gal*Gun VR. Et ce Gal*Gun 2 n’hésite pas à piocher très lourdement dans cet épisode sur de très nombreux points (l’idée des démones et du flingue aspirateur, les décors et les assets). On ne va pas faire de procès d’intention, sinon, le mot « paresse » pourrait nous échapper. Quand bien même vous pourrez nous demander quel est le problème avec l’interface VR ? Et bien c’est simple, petits freluquets. Ca ramollit le jeu et le rend moins dynamique que ses prédécesseurs. Si avant votre perso déambulait (automatiquement), ce qui permettait de rendre les niveaux vivants, cette fois si, vous vous déplacez en faisant des sauts spatiaux (comme dans les jeux VR). En d’autres termes, vous tirez sur des cibles dans des tableaux statiques. Le jeu devient alors très vite monotone et ennuyeux, passées les premières minutes de découverte. Certaines idées (piquées à Gal*Gun VR) essayent de briser la monotonie du jeu, par exemple la possibilité de faire une attaque de zone, qui se déclenche lorsqu’on tire sur une prétendante après l’avoir charmée en la regardant dans les yeux, mais non ça ne le fait pas. Et puis même les combats de boss ne sont pas passionnants.
Hélas, à aucun moment Gal*Gun 2 ne parvient à décoller. Le déroulement du jeu est répétitif à souhait. En gros, vous aurez un temps limité en jours pour mener à bien la quête de Risu. Chaque jour, vous pourrez mener deux missions parmi un large choix qui est en fait fantoche. Les missions se répartissent en trois types différents qui se déclinent à l’infini : à savoir des missions de tir, de recherche d’objet, ou de protection d’une fille face à des démons. Parmi les missions que vous pourrez choisir, certaines sont liées à l’intrigue principale, d’autres sont des missions secondaires permettant d’augmenter l’affection d’une des waifus du jeu, enfin les missions libres vous permettent d’obtenir les numéros de filles afin de pouvoir les inviter chez vous et suffisamment vous faire aimer pour enclencher le mode Doki-Doki, une phase de jeu ecchi dans laquelle vous devrez chasser les démons planqués dans les zones érogènes des jeunes filles en tirant dessus. Une fois un certain nombre de démons chassés, elle explosera de joie dans un cri orgasmique tandis que ses vêtement disparaîtront. L’aspect dating sim du jeu pue autant la flemme que le reste. En effet, pour gagner l’amour d’une fille, plutôt que de vous investir dans un scénario, vous devrez simplement leur donner des bonbons et autres sucreries. Oui, dans Gal*Gun 2 vous donnez des bonbons à des lycéennes pour les voir en sous-vêtements… euh… attendez, c’est possible de reformuler ?
Senpai will not notice you…
Ne vous méprenez pas, cependant. Gal*Gun 2 n’est pas aussi vulgaire qu’on pourrait le croire. Comme les autres épisodes de la série, le titre ne se veut pas être un hentai. Hormis quelques malaises pour les plus pudibonds, ne vous attendez pas à de la full-nudité ou des dialogues (même pas localisés dans la langue de Denis Brogniart) beaufs comme ceux de Senran Kagura Peach Beach Splash (qu’on aurait pu croire écrits par Franky Vincent après une longue période d’abstinence forcée). L’univers reste acidulé et plus mignon que sexy. Cependant, pour tout coloré que soit le titre, il n’en reste pas moins que c’est moche. Gal*Gun 2 arrive à accomplir l’exploit d’être plus moche que le premier Gal*Gun. Comment est-ce possible ? Et bien avec des modèles 3D sommaires pour les personnages, tout d’abord. Les PNJ semblent manquer de vie. Les développeurs n’ont même pas appliqué de shaders, vous savez, ces effets d’ombres qui permettent de donner de la substance aux objets 3D. De toutes les façons, on a inspecté la skybox du jeu et nous sommes rendus compte que le soleil n’existe pas dans le monde de Gal*Gun 2. Pas de jeu d’ombre, pas de jeu de lumière (pourtant présents, même de façon rudimentaire dans les précédents). Et à cela s’ajoutent des décors vides et répétitifs. Snif, snif, cette odeur de je m’en foutisme est décidément de plus en plus forte. En plus d’être peu folichon graphiquement, le titre a l’outrecuidance d’être blindé de temps de chargement irritants…
Bon vous l’aurez compris, Gal*Gun 2 ne vous charmera pas les yeux. Mais et les oreilles ? Ben non. C’est bien simple, pour la première fois, votre testeur a joué SANS LE SON ! Alors certes, tous les goûts sont dans la nature, mais là, c’est trop de petits cris stridents, de couinements à la fois. Et encore, on a pas osé la VR… Par ailleurs, la musique n’aide pas, oscillant entre le mauvais et le vrillage de crâne. Le thème principal restera dans votre esprit, mais pas par sa qualité. Non, le thème principal du jeu restera en tête car il reviendra, sous plusieurs formes, comme un leitmotiv auquel vous ne pourrez pas échapper. Enfin de toutes les façons, la musique sera masquée par les interventions inutiles de Risu et sa doubleuse énervante, mêlées au concert de piaillements. Pour l’anecdote, votre valeureux testeur, qui a l’habitude de jouer au casque, a longuement contemplé l’idée de se plonger un tournevis dans l’oreille.
Conclusion Gal*Gun 2
Quand je vais dans la rue, j’veux qu’on parle de moi, que les filles soient nues, qu’elle se jettent sur moi… chantait Daniel Balavoine. Cependant, ce pauvre Daniel aurait probablement changé d’avis, s’il avait du jouer à Gal*Gun 2. Pourquoi ce titre est-il mauvais ? Parce que c’est un jeu fan-service ? Non ! Il existe de nombreux jeux avec un aspect fan-service qui s’avèrent être en plus de bons titres, à l’image de certains opus de la licence Senran Kagura, ou les jeux Dead or Alive. De toute évidence, il y a une demande pour le moe et le ecchi vu le nombre de jeux de cet acabit qui sortent par chez nous. Et il en faut pour tous les goûts. Même les précédents Gal*Gun se sont révélés être de bons jeux, des titres amusants. Mais pas ce Gal*Gun 2. Ce jeu suinte la flemme, sur tous les aspects. Les développeurs se sont imaginés qu’ils pouvaient se permettre de fournir le service minimum uniquement parce qu’ils montrent des culottes. Mais non messieurs. Il faudra plus que des jeunes filles en fleur et des jupes volantes pour nous convaincre que cet épisode est plus qu’une vaste fumisterie. Les jeux avec une esthétique moe sont de plus en plus nombreux sur le marché occidental. De fait, il sera nécessaire de redresser la barre (sans mauvais jeu de mots) et de proposer du contenu de qualité. Le fan-service ne suffit plus, messieurs les développeurs. Espérons que vous mettiez les bouchées doubles, voir triples, pour la suite de la série.