Depuis maintenant quelques mois, Ubisoft s’est clairement remis sur les bons rails, preuve en est, les jeux qui sont sortis de leurs studios dernièrement. Ils jouent la carte de la diversité et jusqu’à présent la tactique fonctionne parfaitement, invitant les joueurs à explorer de nouveaux horizons, plutôt que de les noyer dans l’éternelle recommencement Assassin’s Creed.
For Honor sera-t-il une nouvelle preuve qu’Ubisoft possède toujours la verve créative ? C’est ce que nous allons voir tout de suite.
Un tutoriel dont beaucoup devraient s’inspirer
For Honor est un jeu clairement taillé pour le multijoueur et Ubisoft a bien insisté sur ce point durant sa campagne de communication, ne mettant jamais en avant le mode solo qui ne représente qu’une partie infime du jeu. Celui-ci nous plonge alors dans une guerre de factions insolite, voyant s’affronter les Samouraïs, les Vikings et les Chevaliers. Ce conflit va d’ailleurs être mis en place et présenté par le biais d’un magnifique tutoriel.
Ici tutoriel et mode solo sont confondus et donnent lieu à une sorte de campagne scénarisée qu’il est alors possible de faire en solo ou en coopération. Le jeu étant facile à prendre en main mais difficile à maîtriser, le tutoriel vous permettra de découvrir tous les types de héros que vous pourrez jouer en multijoueur et de mettre en avant les valeurs défendues par chaque faction. Le scénario en lui-même n’est pas extraordinaire, on vous rappelle qu’il ne s’agit que d’un tuto géant. Cependant la voix off narrant l’aventure et le charisme assez incroyable d’Apollyon en font une expérience aussi utile qu’agréable.
Dans ce compartiment du jeu, nous allons engranger de l’expérience et débloquer des aptitudes au combat (regain de vie, force accrue…) qui ne seront utilisables qu’ici et ne vous serviront à rien d’autre. Nous aurions pu nous attendre à ce que l’expérience puisse nous servir en multijoueur, mais il n’en est rien. Dommage car une fois arrivé au terme de l’histoire, il n’y a plus vraiment de raison d’y revenir, sauf peut-être pour récupérer quelques collectibles à l’intérêt restreint.
Lors de notre test nous avons décidé de nous mettre le maximum de challenge possible, nous avons alors réalisé la campagne dans le plus haut mode de difficulté (réaliste), ce qui nous a pris grosso modo 5 heures pour en venir à bout. D’ailleurs, pour information, nous ne pouvons que vous conseiller de le faire avant de vous jeter sur le multijoueur, car les récompenses pour l’avoir terminé sont plus qu’intéressantes, ce qui constituera une bonne base avant de vous lancer sur les champs de bataille.
Pour terminer sur ce point, le seul petit hic à nous fournir un tutoriel de ce genre, c’est qu’à l’arrivée, nous en voulons plus. Intéressant pour sa narration en solo, il prendra même une dimension supérieure en coopération, ce qui nous pousse à espérer qu’une nouvelle partie puisse venir s’ajouter au fil du temps, via un DLC par exemple.
Les tambours des profondeurs
Sur le plan technique For Honor possède bien des qualités, mais se devait avant toute chose d’être irréprochable sur un point en particulier : la fluidité. De ce côté nos prières ont été entendues puisque nous n’avons, peut importe le mode, jamais rencontré aucun ralentissement. Le niveau de fluidité reste alors des plus stable pour un plaisir de jeu optimal.
Ce constat contraste cependant grandement avec la qualité de la connexion aux serveurs d’Ubisoft, qui souffre énormément sur le début de vie de For Honor. Nous allons vous le dire franchement, il ne s’est, jusqu’à présent, jamais passé une seule session de jeu sans que nous ne subissions de déconnexion ou qu’un bug ne bloque la formation d’un groupe, forçant alors à redémarrer le jeu. Espérons que ces problèmes soient réglés dans les prochaines mises à jour car cela devient plutôt agaçant à la longue.
Mais il en faudrait plus pour venir nous empêcher de prendre part aux combats et une fois lancé, il faut bien le dire, la qualité graphique est vraiment au rendez-vous, que ce soit au niveau des environnements qui sont crédibles et cohérents avec l’univers, ou au niveau des personnages dont le character design est vraiment très réussi. Les différentes cartes ont toutes une vraie identité qui vous fera entrer dans des ambiances relatives aux différentes factions et pour l’instant notre préférence va clairement aux lieux où la végétation luxuriante dépayse totalement.
On regrettera cependant le manque de musique, ou plutôt le parti pris de ne pas mettre de musique pendant les combats. Les sons se résumeront alors aux éclats des affrontements et à des percutions tribales, certes vraiment classes, mais manquant un poil d’accompagnement. On imagine que ce choix a été fait pour favoriser la concentration des joueurs et apporter une ambiance guerrière aux combats, mais quelques mélodies légères et discrètes auraient aussi été les bienvenues.
Ne chipotons cependant pas trop, le jeu est très fluide, très beau, avec beaucoup de détails à l’écran, de superbes éclairages en fonction de la météo ou de l’heure de la journée et l’ambiance générale est vraiment extra, que l’on se trouve dans un vieux temple japonais, dans des contreforts occidentaux ou dans un camps viking.
Le multijoueurs s’appuie sur quelques détails intéressants
Nous arrivons donc doucement mais surement vers la partie la plus importante de For Honor, celle qui vous prendra le plus de votre temps et vous demandera le plus d’investissement, aussi bien physique que moral. Car nous le savons tous, dès qu’il y a de la compétition, la rage peut facilement monter, surtout quand l’on était tout proche de la victoire. Mais commençons par voir de quoi se compose le multijoueur du jeu.
Vous allez être amené à choisir une faction dont vous défendrez les valeurs sur le champ de bataille. Cette faction ne limitera cependant pas le choix du héros que vous souhaitez incarner, n’ayez donc pas peur de choisir une faction de coeur, pour jouer ensuite un héros vous convenant plus au niveau des sensations. Le conflit initié par le mode solo prend ici toute son importance puisque les trois factions se retrouvent dans une lutte perpétuelle afin de s’emparer des territoires ennemis.
Après chaque combat, il vous sera demandé de répartir des ressources sur la carte, ce qui aura pour incidence d’attaquer ou de défendre un territoire où votre faction est en conflit. Au bout du compte, cette guerre de territoire vise à déterminer quelle sera la faction gagnante à la fin de la saison, sachant que chaque saison dure 2 semaines. Cet aspect pouvant sembler anodin au départ, n’est pas à prendre à la légère puisque la faction gagnante aura droit à de multiples récompenses sur lesquelles vous ne cracherez surement pas.
Avant même que For Honor ne sorte, il était légitime de se demander si les micro-transactions allaient être au coeur du jeu ou si celui-ci allait récompenser nos efforts plutôt que notre portefeuilles. Heureusement la boutique, même si elle permet d’acheter de la monnaie du jeu contre de l’argent réel, ne transforme pas For Honor en pay to win. D’ailleurs il est très intéressant de voir que nous pouvons tout acheter à la sueur de notre front en jouant suffisamment, ce qui va même jusqu’à nous permettre de troquer la monnaie du jeu contre le Season Pass complet.
For Honor devient rapidement un jeu très addictif
Pour faire simple, vous allez pouvoir vous battre dans 5 modes différents : Rixe (2v2), Duel (1v1), Dominion (4v4), Élimination (4v4) et Escarmouche (4v4), bien que ce dernier soit une déclinaison basique du précédent. Chacun de ces modes vous proposera de jouer contre des joueurs réels ou contre une IA au niveau variable, mais attention tout de même car parfois l’IA a tendance à ne vous laisser aucune chance.
Ce choix de jouer contre l’IA ou contre d’autres joueurs se répercute sur les Ordres (quêtes journalières) qui vous permettent de gagner plus d’expérience et plus d’argent en accomplissant certains objectifs. Il est donc intéressant de voir que même si vous êtes un joueurs débutant, vous aurez toujours la possibilité de progresser à une vitesse relativement équivalente aux autres, grâce aux Ordres jouables contre l’IA. Cet aspect est plutôt intéressant et encourage le joueur à rester sur le jeu. Dès que la frustration commence à monter contre d’autres joueurs, il est alors possible d’aller faire redescendre tout ça contre un ordinateur.
Dans le gameplay à proprement parler, la difficulté de maîtrise du personnage ira croissante en fonction du héros choisi et des attaques relatives qu’il faudra apprendre par coeur pour agir non plus par réflexion mais par instinct. Après, globalement il existe un coup faible, un coup fort, et un bouton pour contrer, ce qui mettra votre adversaire à votre merci pendant quelques instants. Le feeling est complètement différent d’un héros à l’autre, même entre un assassin et un autre. Les combos ne sont pas toujours simples à placer mais c’est ce qui fait le sel de ce titre à l’instar d’un Rocket League. Un jeu pour lequel la phrase suivante est parfaitement appropriée : « Easy to learn, hard to master ».
Pour en revenir aux modes de jeux, ils ne sont pas tous aussi intéressants les uns que les autres. En Escarmouche tuer des ennemis rapporte des points et arrivé à 1000 points les adversaires ne peuvent plus ressusciter. Si on les tue tous à ce moment-là, la partie est remportée. Ce mode est surement celui qui nous a le moins convaincus et qui était de surcroît le moins plaisant à jouer. Il sera plus intéressant de choisir le mode Élimination se jouant en 3 manches gagnantes.
Dominion est surement l’un des plus intéressant si vous souhaitez jouer en équipe. Il s’agit au final d’une mode de capture de drapeau à la différence près que l’on doit aussi gérer une zone de conflit centrale où des IA représentant l’armée de chaque équipe viendront se battre. L’ambiance est alors délectable, nous faisant ressentir des sensations qu’on ne retrouve dans aucun autre mode. Pour faire simple, on a alors clairement l’impression d’être, non plus dans un match entre deux équipes, mais dans une guerre entre celles-ci.
Il nous reste alors les modes Rixe et Duel qui sont ce qui devrait représenter le coeur de la composante e-Sport que Ubisoft souhaite mettre en place. C’est dans ces parties que la technicité des joueurs prend tout son sens, et c’est là que l’on fait parler l’expérience au dépend de l’instinct de lâche nous poussant à donner des coups d’épée dans le dos en 4v4.
Pour terminer nous allons parler de l’équipement qui est un aspect important du jeu et que vous gagnez soit en récompense de fin de partie, soit en achetant des coffres contre de l’acier (la monnaie du jeu). Qu’il s’agisse des pièces d’armure ou d’arme, l’équipement semble globalement équilibré et il y a toujours une équivalence proportionnelle entre les statistiques que l’on gagne et celles que l’on perd. Il n’y a donc pas de pièce complètement pétée venant vous rendre surpuissant. Il faudra donc bien choisir en fonction de votre style de jeu et de votre personnage, car cela changera en fonction que vous preniez un Tank, un DPS, ou un personnage équilibré.
Au niveau de l’équilibre des personnages, le talent et l’expérience sont là pour parler à votre place. Il n’y a pas réellement de héros plus abusés que d’autres et c’est l’une des grandes forces de For Honor, que de pouvoir proposer une expérience multijoueur plutôt bien équilibrée. C’est ce qui rend le jeu très addictif car comme dans un Souls par exemple, vous avez vraiment l’impression que la défaite est de votre fait, et non pas de la classe de personnage que vous combattez. Il y a toujours un goût de revenez-y qui vous fait dire « allez une petite dernière », et ce n’est pas quelque chose qui est donné à tous les jeux.
Après des phases de bêta encourageantes, For Honor arrive enfin dans une version finale qui est tout ce que nous pouvions espérer. Seules des erreurs de jeunesses au niveau des déconnexions serveurs, ainsi que quelques petits soucis d’ergonomie viennent ternir le tableau.
Beau, exigeant et terriblement addictif, le nouveau jeu d’Ubisoft n’a rien à envier à la concurrence et a tout ce qu’il faut pour se forger une belle communauté dès à présent. Avec ce genre encore très peu exploité sur le marché du jeu vidéo, nos frères bretons ont peut-être trouvé ici un joli filon à exploiter.
Remerciements particuliers à Slydeurion qui a participé au test en se risquant sur les chemins sinueux de la coopération dans le mode solo.