Il y a quelque chose de mythologique au sujet de Dragon Ball, manga homérique d’Akira Toriyama, dont le premier chapitre est paru en 1984 dans les pages du légendaire magazine Weekly Shonen Jump. Les aventures de Son Goku ont captivé des générations à travers le monde. Ici en France, la licence suscite toujours autant d’émoi, que ce soit auprès des vieux de la vieille, qui suivaient la série dans le Club Dorothée, ou des plus jeunes.
Dragon Ball et le jeu vidéo, c’est également une grande histoire d’amour. La série a connu de nombreuses adaptations, certaines, comme Dragon Ball Z Budokai, de qualité, d’autres, comme Dragon Ball Z Final Bout, à peine dignes de brûler dans un feu de poubelle. À peine les premières images dévoilées, Dragon Ball FighterZ, jeu de Arc System Works (à qui nous devons Guilty Gears, BlazBlue ou encore Persona 4 Arena), a su conquérir les fans qui attendaient le titre comme le messie (un messie qu’on appellerait Lionel, même).
À l’heure où vous lirez ces lignes, le jeu sera sorti, et peut-être vous éclaterez-vous dessus. Et vous auriez raison, car Dragon Ball FighterZ est un bon jeu. Cependant, serait-il aussi jouissif, s’il n’avait pas été béni par la licence Dragon Ball ?
Cha-la ! Head Cha-la !
Les jeux Dragon Ball Z sont nombreux. Certains, comme les titres de la série Dragon Ball Z Budokai, ont essayé de proposer aux joueurs une expérience proche de l’anime. D’autres, comme les jeux de la série Dragon Ball Z Xenoverse, visaient surtout à nous mettre dans la peau des guerriers de la série, en nous conférant leur puissance et leur liberté de mouvement. Entre les deux, Dragon Ball FighterZ a fait le choix du consensus.
Avec son aspect visuel léché, le titre essaie de nous plonger dans la charte graphique de l’anime. Mais pad en main, le jeu tend à faire de nous des super guerriers. Arc System Works a toujours été très compétent, graphiquement, avec des jeux 2D d’une beauté absolue.
Visuellement, ce Dragon Ball FighterZ ne fait pas honte à la tradition du développeur. Le titre est une réussite, avec ses graphismes en 2,5D. Les personnages sont reconnaissables, les animations sont fluides, les couleurs pètent et les effets spéciaux décollent la rétine. Ce Dragon Ball FighterZ est un bonbon pour les yeux.
Le titre est par ailleurs très (trop ?) accessible. Les personnages répondent parfaitement aux commandes, ce qui est très positif, tant les combats sont nerveux. Le titre demande des réflexes acérés et les joueurs vigilants sont récompensés. Les combos sont impressionnants, et il n’est pas rare de voir un adversaire valdinguer dans les airs et se prendre une bonne volée de bois vert avant même de toucher le sol.
Mention spéciale à la possibilité de se téléporter derrière l’ennemi, ce qui permet non seulement de trouver des façons originales de placer des combos, mais également de punir un adversaire qui aurait un peu trop tendance à spammer les attaques à distance. Dragon Ball FighterZ est un jeu qui récompense les joueurs réactifs.
Cependant, si le jeu est assez tactique (notamment dans la gestion de ses strikers, mais nous y reviendrons), les joueurs les plus exigeants pourraient lui reprocher un aspect quasiment casual. Les amateurs de VS fighting habitués aux combos qui détruisent les pouces et les techniciens du jeu de combat criseront face à la présence d’auto-combos, et ne pourront qu’être déçus de constater des listes de coups parfois trop similaires entre les combattants (ainsi, chaque super attaque s’effectue avec un quart de cercle). Certains personnages, comme Ginyu et Hit tirent un peu leur épingle du jeu, cependant.
Ka… mé… haaaa… méééééé… HAAAAAAA !
Vous connaissez probablement le terme fan-service. Ce concept, comme l’indique son nom, consiste à contenter les fans. Et en ce sens, Dragon Ball FighterZ est un pur jeu fan-service. Le soin du détail apporté au titre force le respect. Les scènes d’intro des personnages sont très fidèles à l’œuvre. Et si les conditions sont respectées, vous pourrez même déclencher des scènes iconiques de la série, par exemple l’emblématique transformation de Son Gohan en SSJ 2 lors de son combat contre Cell.
Ces petits clins d’œil rendent très bien, notamment grâce à l’esthétique du jeu. Si les musiques ne sont pas celles de la série, elles restent parfaitement dans le ton, entre riffs de guitare survoltés et morceaux épiques. L’univers Dragon Ball est parfaitement retranscrit. Les fans de la licence se retrouveront en terrain connu. Les néophytes pourraient se sentir perdus, néanmoins, le titre étant blindé de références.
Dragon Ball FighterZ propose également un mode Histoire qui rappellera celui du premier Dissidia: Final Fantasy, sorti sur PSP, avec ses plateaux à explorer en un nombre limité de tours. Si l’intrigue, purement prétexte, n’est pas folichonne (voire très mauvaise), le mode reste sympathique, avec ses trois scénarios et propose des scènes qui, là encore, raviront les fans. Vous vous êtes demandé ce qu’auraient à se dire Yamcha et Nappa s’ils se revoyaient ? Vous êtes curieux de voir Bulma interagir avec Cell et Freezer ?
Le mode histoire est rempli de saynètes qui parleront au cœur des fans. Par ailleurs, ce mode permet de rencontrer C-21, personnage créé par Akira Toriyama, spécialement pour le jeu, et qui proposera un challenge plus redoutable pour les personnages que pour les joueurs.
Il a beau être nerveux, survolté, et beau, il n’en reste pas moins que Dragon Ball FighterZ reste un jeu somme toute très classique. Les fans de la licence pourraient se sentir un peu lésés au vu du roster un peu léger, qui s’élève à 24 personnages au total (parmi lesquels 3 à débloquer). Par ailleurs, il est regrettable que, contrairement à Dragon Ball Z Budokai 3, il ne soit pas possible de se transformer en plein combat.
Ainsi Goku ne se battra que sous sa forme Super Saiyen (à moins de débloquer sa version alternative Super Saiyen Blue). Ce qui est rageant, c’est que certains personnages, comme Son Goten, Trunks enfant, C-17, Whis ou Zamasu ont été modélisés, mais ne seront pas jouables, apparaissant au mieux en tant que soutiens, ou au pire ne servant qu’aux cinématiques d’introduction. Les personnages sont nombreux dans Dragon Ball Z, et s’il n’est pas nécessaire de tous les inclure, quelques combattants de plus à débloquer (Videl, Great Saiyaman, Kale…) auraient été parfaits pour servir de carotte, afin de faire avancer le joueur.
Notons toutefois que, même s’il n’est pas gargantuesque, le roster est parfaitement équilibré, et rares sont les personnages à la puissance écrasante. Oui, vous pouvez mettre une peignée à Perfect Cell en contrôlant Ten Shin Han.
Dans Dragon Ball FighterZ, les combats se font par équipe (comme dans Marvel vs. Capcom: Infinite que nous avons testé). Et le système est très bien rôdé. Le fait d’avoir deux strikers est notamment parfait pour ajouter une pointe de stratégie aux échauffourées. Les joueurs avertis garderont un œil sur la barre d’action de leurs équipiers afin de les faire intervenir pour une attaque ou pour changer de guerrier.
Seulement, les amateurs de duels seront déçus d’apprendre qu’il est impossible de choisir le nombre d’équipiers qui constitueront l’équipe. C’est trois combattants par équipe, pas moins ! Cependant, il ne s’agit là que de pinaillage.
Ce qui n’en est pas, en revanche, c’est le manque de contenu solo. Il est évident que Dragon Ball FighterZ est principalement tourné vers le multijoueur online. Les amateurs de plaisirs solitaires ne pourront se dégourdir le stick que sur un mode libre, un mode arcade et le mode histoire. En termes de contenu, c’est un peu chiche, et ce ne sont pas les divers bonus cosmétiques des loot boxes qui satisferont le joueur en quête de choses à faire.
Dragon Ball FighterZ est un bon jeu de combat. Que cela soit dit ! Le titre est par ailleurs un cri d’amour adressé aux fans de la licence d’Akira Toriyama. Cependant, il est dommage que le titre ne soit pas plus généreux. Quelques personnages et modes de jeux supplémentaires n’auraient pas été de refus.
Si le gameplay du jeu peut paraître trop simpliste aux vétérans du jeu de combat, il n’en est pas pour autant dénué de subtilités. Plus technique qu’il n’y parait, outrageusement beau et aisé à prendre en main, nul doute que Dragon Ball FighterZ saura plaire aux fans de Dragon Ball, et aux fans de jeux de castagne en général.