Fleuron des séries MP3 françaises, cela fait maintenant vingt ans que Le Donjon de Nalheubeuk fait vibrer le cœur des rôlistes au travers de ses aventures loufoques. Se présentant sous de nombreux formats tels que des BD ou encore des livres, cette série de Pen of Chaos s’est décidé à franchir le cap du monde vidéoludique, avec la sortie du jeu Le Donjon de Naheulbeuk : L’Amulette du Désordre sur PC.
Ayant rencontré un succès plus que raisonnable sur cette plateforme, les développeurs de Dear Villagers ont décidé de proposer un portage sur consoles avec la Chicken Edition qui offre aux joueurs la possibilité de découvrir l’aventure principale ainsi que le premier DLC « Les Ruines de Limis ». Reste à savoir si le portage est à la hauteur de la version PC du jeu.
(Test de Le Donjon de Naheulbeuk : L’Amulette du Désordre réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Il est temps de rentrer dans l’antre de Zangdar !
Comme toute bonne aventure, cette dernière commence à l’entrée d’un donjon (à défaut d’une taverne) avec le groupe d’aventuriers tristement célèbres. Mais alors qu’on pourrait s’attendre à un portage bête et méchant de l’aventure MP3, il n’en est rien. Les développeurs ont en effet décidé de nous faire vivre une aventure alternative à celle de nos joyeux lurons. Si l’histoire se suit dans les grandes lignes, un maléfice semble en effet frapper le donjon et altérer les événements de l’histoire originelle pour le meilleur comme pour le pire, et ce n’est pas le voleur parfaitement vivant qui s’en plaindra.
L’ensemble de l’aventure va donc consister à parcourir le donjon de Naheulbeuk tout en essayant de percer le mystère qui frappe l’ensemble du complexe donjonique. L’occasion pour notre groupe de se démarquer au travers de nombreuses quêtes annexes et événements qui viendront donner du piment à l’aventure. Mais le jeu ne serait pas digne du matériel original sans une bonne dose d’humour et de références, et sur ce point, il est clair que Dear Villagers ont parfaitement capté l’essence de la série.
On ne compte pas les nombreux événements burlesques qui vont se présenter à nous tout au long de l’aventure, amenant avec eux leur lot de problèmes. Si cet humour ne conviendra pas à tout le monde, il ravira sans aucun mal les fans de la licence, et pour les consommateurs aguerris de chiantos (déjà, que faites-vous là ?), certaines options permettent même de faire taire certains personnages.
Même constat pour les nombreuses références à la pop-culture qu’il est possible de rencontrer au cours de l’aventure et qui ne manqueront pas de vous faire lâcher un sourire. Les joueurs les plus attentifs pourront ainsi remarquer des références à la série Kaamelott ou à Ratatouille lors des quêtes annexes, mais aussi bien d’autres que nous vous laissons le plaisir de découvrir. Vous l’aurez compris, en ce qui concerne l’humour et le respect du matériel d’origine, Le Donjon de Naheulbeuk : L’Amulette du Désordre fait parfaitement l’affaire.
Prononcez l’allocution habituelle des situations désastreuses
Mais ce n’est pas une bonne blague ou une insulte dirigée à l’encontre de l’elfe qui va permettre à nos aventuriers de gagner des niveaux ou de se payer une épée runique+8 buveuse d’âmes. Il est donc temps d’explorer le donjon. Composé de plusieurs étages, il faudra alors choisir quel aventurier adopter afin de guider le groupe, sachant que certains personnages tels que l’ogre ou le voleur peuvent débloquer certains passages ou détecter les pièges.
En soi, rien de nouveau dans le monde du RPG, puisque la grande partie de l’exploration consistera à la recherche de trésors cachés. Toutefois, cette phase d’exploration permet de mettre en exergue deux défauts de ce jeu dont un propre au portage. Premièrement, la longueur des temps de chargement, alors que l’on entre peu à peu dans une ère sans temps de chargement. Il est plutôt agaçant de perdre plusieurs minutes lors des changements d’étage, et ce ne sont pas les écrans de chargement très répétitifs qui viendront sauver le tout.
L’autre problème est quant à lui bien plus dérangeant, il s’agit de la maniabilité manette en main. Si l’ensemble est globalement correct, certains mappages de touche restent pour le moins discutables et vont vous forcer à faire quelques gymnastiques fort peu agréables. On pense notamment à la surbrillance des points d’intérêt qui rend difficile les déplacements en simultané, chose pour le moins problématique, car c’est justement en se déplaçant que cette option prend tout son intérêt.
Heureusement ces deux défauts ne viennent pas totalement gâcher les phases d’exploration du jeu, ce qui aurait eu un réel impact négatif sur ce dernier. Le Donjon de Naheulbeuk : L’Amulette du Désordre n’oublie pas ses racines et n’hésite pas à proposer de nombreuses énigmes au cours de notre exploration, dont certaines faisant directement référence à nos connaissances Naheulbeukiennes. Encore une fois, les fans ne seront donc pas dépaysés par ce qu’offre le jeu.
BASTON !!!
Vient alors le temps de discuter du dernier aspect du jeu, à savoir les combats. Car il est vrai que lorsque la ruse ne fonctionne pas ou que le barbare commence à avoir mal à la tête, la baston reste la meilleure solution pour ranger vos ennemis à votre avis. Se basant sur un système de tour par tour, les combats se fondent sur un subtil mélange entre stratégies et coups de chance qui reprend à merveille les sensations que de nombreux joueurs ont pu ressentir lors d’une partie de jeu de rôle papier. Il faudra gérer ses actions, mais aussi ses compétences récupérées au fil des niveaux.
Car il ne faut pas l’oublier, nos aventuriers sont quand même de sacrées baltringues et donc rien ne se passe jamais comme prévu. Les développeurs ont tenu à nous laisser constamment ce sentiment amer en bouche par le biais de la chance qui, à certains moments, vous sera favorable et vous accordera une réussite critique, mais qui la plupart du temps se rira de vous avant de dévier la flèche de l’elfe directement dans le dos du voleur avec un échec critique. Assez frustrante au premier abord, on finit vite par s’habituer à cette malchance et elle finit même par donner une certaine saveur au combat.
En effet, Le Donjon de Naheulbeuk : L’Amulette du Désordre pourrait sembler simple au premier abord avec son côté joyeux, mais il n’en est rien. Les combats sont exigeants et demandent une réelle réflexion pour en venir à bout, du moins quand les bugs ne s’en mêlent pas. Et là, nous sommes obligés de mettre un carton Zwifi ! (rouge pour ceux ne comprenant pas le gobelin). Déjà présents sur la version PC, il est dérangeant que les versions consoles soient aussi dotées de bugs, surtout que ces derniers sont nombreux et parfois fortement handicapants (combats infinis, objets qui se multiplient, etc.).
Très dérangeants de base, ces bugs sont encore plus gênants dans le DLC vu que ce dernier se base essentiellement sur des combats contre les vampires ou les morts-vivants. Un aspect qui peut réellement impacter le plaisir du DLC, surtout que ce dernier est pour le moins intéressant avec son nouvel environnement et son aventure inédite. Il est d’ailleurs intéressant de noter que ce DLC peut être joué à la fin de l’aventure de base en gardant votre équipe ou au contraire à tout moment en débutant avec une équipe de niveau 10.
En résumé, Le Donjon de Naheulbeuk : L’Amulette du Désordre propose une aventure réellement fun pour les fans de la licence, et qui arrivera à vous contenter durant de nombreuses heures. Toutefois, si les néophytes de la licence pourront prendre du plaisir sur le jeu, ils rateront l’essentiel des qualités de ce T-RPG. Concernant l’intérêt du portage, nous serons plus mitigés. S’il est intéressant de pouvoir jouer sur toutes les plateformes, nous conseillerons aux joueurs de privilégier la version PC s’ils en ont la possibilité pour éviter la maniabilité manette.