Il y a des jeux qu’il est très difficile d’évaluer, de noter et même d’écrire ou de décrire, c’est selon. Il est vraiment compliqué pour nous d’émettre un avis tranché sur le dernier jeu de CD Projekt RED tant il est d’une complexité folle, mais aussi terriblement frustrant. Pourtant, nous allons nous y essayer et tenter de vous apporter les réponses aux questions que vous vous posez sur Cyberpunk 2077 ou plutôt nos réponses, car s’il est bien une vérité, c’est qu’il n’en existe aucune autre que celle qui nous est personnelle.
Cyberpunk 2077 est donc sorti, avec tout le bordel l’accompagnant, et entres les multiples débats qui ont entaché son lancement, nous avons tout de même pris le temps de nous y adonner plus de cent heures, histoire de vous faire un compte rendu des plus complets de notre expérience dans cette fantastique ville qu’est Night City.
Après huit ans d’attente, de hype et de promesses, que vaut donc ce nouveau fleuron du RPG qui voulait révolutionner le genre ?
(Test de Cyberpunk 2077 sur PC réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Nous sommes en 2077. L’économie telle que nous la connaissons n’est plus. Son effondrement a donné lieu à de grandes et longues guerres impliquant le monde entier et qui ravagèrent une bonne partie de la planète. Les grands vainqueurs ne furent pas les États ou les peuples, mais de grandes corporations qui ont à présent la mainmise sur chaque aspect vital de notre vie. L’industrie, l’énergie, la nourriture, la robotique, les forces armées et de sécurité, la politique ou encore les technologies émergentes, tout est sous le contrôle de nombreuses « corpos » qui n’ont qu’une seule obsession : la quête du pouvoir.
Cette quête mena et mène encore à des guerres dont la population asservie est le dommage collatéral silencieux, moutons qui peinent à s’éveiller et idolâtrent les résistants déchus au système sans réussir à prendre les armes pour leur propre liberté. La violence est devenue monnaie courante, les inégalités entre les Hommes se sont creusées et la société a explosé pour devenir celle de tous les excès.
Le lieu est Night City, ville se situant au sud de San Francisco dans l’État libre de Californie du Nord. Près de six millions d’âmes vivent dans cette mégalopole chargée d’histoire, hier fleuron de la guerre civile contre les corporations et aujourd’hui corrompue jusqu’à la moelle. Dans cet amas d’âmes puantes, V sera notre guide dans les rues de Night City, un mercs (mercenaire) de plus qui essaie de percer et de devenir une légende vivante. Ainsi commence son histoire. Ainsi commence notre voyage dans la magnifique et crasseuse cité aux mille lumières qu’est Night City.
Cyberpunk 2077 se fait suite
Le cyberpunk fait partie d’un sous-genre de la science-fiction appelé hard fiction. C’est une dystopie futuriste alternative au monde dans lequel nous évoluons, nous autres êtres du réel, et dans laquelle bien souvent l’univers est contrôlé par des entreprises toute-puissante s’étant substituées aux différents gouvernements. Un océan d’inégalités qui se noie dans la dépendance au transhumanisme et à la cyber-technologie.
Cyberpunk 2077 fait suite à l’une des œuvres majeures de ce courant littéraire que sont les jeux de rôle papiers Cyberpunk 2013 et surtout 2020. On y retrouve les mêmes univers, lieux, personnages et surtout une histoire commune que CD Projekt RED s’est décidé à continuer en collaboration avec le créateur du JDR, Mike Pondsmith.
Très sincèrement, ce n’est franchement pas une mince affaire, et si on sait que le studio polonais est capable du meilleur quand il s’agit d’adapter un récit existant, la trilogie The Witcher restant une référence de ce point de vue, on ne savait en revanche pas ce que cela donnerait avec un scénario original, ayant certes un background déjà bien fourni, mais à la continuité totalement inédite.
Autant ne pas vous faire languir plus longtemps, Cyberpunk 2077 est de ce point de vue une réussite totale, proposant un scénario, une narration, une profondeur de propos et une immersion qui frôlent le sans-faute.
Mon nom est V
Tout commence alors que V s’associe avec Jackie Wells pour former un duo (trio si l’on compte la netrunner T-Bug) de mercenaires se faisant petit à petit une bonne réputation dans les rues de Night City. Forts de cette nouvelle renommée, tous trois sont contactés par un fixer au bras long du nom de Dexter « Dex » DeShawn qui nous offre l’opportunité d’une vie en réalisant un job qui pourrait rapporter très gros. Il suffit tout simplement de cambrioler la chambre d’hôtel de Yorinobu Arasaka, héritier de l’une des plus grosses corporations de l’univers de Cyberpunk 2077, à savoir Arasaka.
Ceci afin de récupérer un éclat, sorte de disque de données, assez spécial et dont le prix est inestimable. Aidés de plusieurs autres personnages hauts en couleur, comme la ravissante Evelyn ou encore la corporatiste de Militech Meredith Stout, nous allons donc réussir à nous infiltrer dans l’hôtel et voler l’éclat en question.
Mais après un événement que nous tairons ici, les choses dégénèrent et le fragile éclat se retrouve endommagé. Pour le préserver, nous décidons de l’introduire dans notre cortex cérébral. Après de grosses fusillades, et quelques larmes, V finit par s’échapper de l’hôtel avec l’éclat, mais ne finira pas sa course de la meilleure des façons.
Laissé(e) pour mort(e), notre héros/héroïne se relève parmi les vivants grâce à l’éclat en lui/elle et apparaît alors un certain Johny Silverhand.
- Le choix de départ
Lorsqu’on lance notre partie de Cyberpunk 2077, on nous laisse le choix entre trois points de départ différents. Nomade, Gosse des rues ou Corpo. Peu importe ce que l’on choisit, on est très vite rattrapé par le scénario et le déroulé classique des choses. Mais ne vous y trompez pas, cela change bien plus l’expérience de jeu qu’il n’y paraît.
En effet, cela donne accès à des choix de dialogues différents et change l’image qu’ont les gens de V. On s’attendait certes à peut-être un peu plus d’impact de choix sur notre aventure, mais cette petite particularité réussit tout de même à faire mouche, en offrant à chaque parcours des avantages et inconvénients. Le corpo sera plus à l’aise avec la haute société, le gosse des rues aura une connaissance accrue des codes de la rue de Night City et le nomade sera plus à l’aise dans les Badlands qu’en ville.
Et ceci est mon histoire
Nous voilà donc seul, mal en point et avec une sorte de fantôme surgi d’un lointain passé bloqué dans notre caboche et grignotant notre vie au fur et à mesure que les minutes s’égrènent. Car cet éclat contient l’engramme (comprenez l’esprit ou l’âme numérisé) de Johny Silverhand, ex-leader du groupe de rock Samuraï et mort en 2023 après un assaut sur la tour Arasaka de Night City.
Nous tairons les raisons de sa présence dans l’éclat, mais ce qu’il faut savoir, c’est que bien malgré lui, il tue à petit feu V en prenant possession de son corps et en annihilant son âme pour prendre sa place.
C’est là le commencement d’une histoire qui deviendra nôtre, de par nos choix et notre vision de ce qui est juste ou non. L’une des forces de Cyberpunk 2077 est sa narration, son écriture et la complexité de son univers. Tous les personnages que nous rencontrons sont uniques, intéressants et, en fonction de leur importance, d’une profondeur insoupçonnée au départ.
Ils ont une histoire, un vécu qui conditionnent ce qu’ils font et qui ils sont. La qualité de la plume de CD Projekt amène bien souvent à des discussions pertinentes et savoureuses, on a alors aucun mal à se prendre d’affection ou non pour beaucoup d’entre eux et très vite, notre personnage, V, devient plus qu’un point d’accès à Night City, il devient un ami, quelqu’un dont on se soucie.
La richesse de Night City permet aussi de vivre mille et une aventures, découvrir un grand nombre de nouvelles histoires toujours plus élaborées et interconnectées pour la plupart avec notre quête principale. Car tout part souvent d’une rencontre, d’un acte que nous effectuons et qui amène à la découverte d’histoires annexes et pourtant très importantes, influençant parfois même le final du jeu.
Il y a un réel éclectisme dans les thèmes abordés, dans les quêtes qui nous sont proposées, et le studio polonais s’est évertué à nous donner là une sorte de bac à sable narratif dans lequel on se plonge avec un plaisir certain. Cyberpunk 2077 est un vrai RPG, avec un nombre hallucinant de dialogues, de choses à lire, à découvrir, de conversations à mener, de choix à effectuer et aussi de choses à voir.
Se montrant assez linéaire dans son segment principal, par souci de rythme, Cyberpunk 2077 l’est bien moins dans le reste. Mais cela ne veut pas dire que l’on perd l’essence de liberté qui transpire du jeu, juste qu’il faut parfois que le récit reprenne le dessus pour maximiser l’impact des événements. Pourtant, même ainsi, on a bien souvent le choix des mots et des actes, nous laissant écrire notre destinée.
Le jeu puise sa force dans un univers qui sait vivre, respirer, et qui nous happe dès les premières minutes. Certes, il montre aussi ses limites, notamment parce que les interactions avec les PNJ lambdas sont quasiment inexistantes, parce que l’on ne ressent pas assez les conséquences de nos actions sur la ville et parce que l’on est finalement dans un jeu vidéo avec ses qualités et défauts.
Alors oui, Night City est un terrain de jeu prodigieux, visuellement unique, qui s’exprime et nous parle, nous invitant à le découvrir constamment et sans nous laisser de répit. Mais au-delà de ça, la ville est cruellement enracinée dans une modernité dont le jeu vidéo peine à se détacher. Sans pour autant que cela soit si néfaste que ça à l’expérience de jeu qui puise sa force dans d’autres choses.
On parle là de cohérence d’univers, de personnages forts qui réagissent, eux, à nos actes et à l’image qu’on leur renvoie, ou encore à cette vie qui émane de Night City et qui, on le redit, nous a littéralement bluffés.
Il est rare qu’un jeu vidéo nous présente un monde dans lequel on croit que tout ce qui nous est montré peut être vrai, que ce clochard qui fait la manche peut exister et que cet immeuble est bien réel et peuplé. Dommage alors que l’on puisse si peu interagir avec ce monde et que l’on soit plus un observateur privilégié qu’un réel acteur de cet univers, même si nous jouons notre rôle à la perfection dans l’histoire.
- Johny Silverhand
Incarné par un Keanu Reeves très en forme et doublé intégralement en français par son doubleur officiel Jean-Pierre Michaël, Johny Silverhand nous accompagne du début à la fin de l’aventure. Il est un peu notre conscience, à la fois ange et démon, personnage fort et intrigant, aussi complexe, et il est un fardeau que l’on apprécie porter. Son importance est capitale au récit et il est l’un, si ce n’est le personnage le plus réussi de tous.
La relation que l’on noue avec lui a d’ailleurs une forte influence sur les événements et sur la fin du voyage. Toutes nos discussions partagées ont un sens et comptent pour quelque chose. Elle sont souvent révélatrices de la portée de nos actes et participent grandement à la construction du personnage de V.
Dans une Night City flamboyante
Night City. Nous avons rarement vu de nos yeux de joueur une ville aussi travaillée. Car si la narration, l’histoire et ses à-côtés, ainsi que les personnages participent à rendre Cyberpunk 2077 terriblement immersif, c’est bien Night City qui tient la dragée haute au reste dans le jeu.
Artistiquement, on atteint des sommets de beauté. Des couleurs flashy inhérentes au style cyberpunk aux différents styles architecturaux, en passant par la diversité de ses quartiers (japonais, chinois, latinos, etc.) et de ses mégastructures aux cimes vertigineuses, on prend une vraie claque en pleine tronche à chacun de nos pas dans cette cité futuriste.
De plus, elle transpire la vie, de par la densité de sa population et de ses activités, de sa circulation, de ses publicités holographiques qui émaillent toute la ville, de ses écrans de télévision qui attirent constamment le regard ou même de son ambiance sonore qui retranscrit admirablement bien le brouhaha que l’on imagine d’une telle mégalopole, mais aussi toute la pollution visuelle qui va avec.
Si les influences sont marquées, entre Blade Runner, Neuromancer, Ghost in the Shell, (et forcément Cyberpunk 2013 et 2020) on en passe et des meilleures, Cyberpunk 2077 possède sa propre identité visuelle et n’a rien à envier à toutes ces œuvres fondatrices du genre. Et on parle là aussi bien de Night City que de sa population au character design réellement réussi à tous les niveaux. Que l’on aime ou pas d’ailleurs, car dans ce genre particulier, il n’est pas question que de bon gout, cela n’aurait aucun sens d’ailleurs.
Qu’ils soient augmentés ou avec des modifications apparentes, les modèles de personnages sont un réel plus à l’univers et si des clones existent au vu de la foule grouillante présente en ville, cela ne se remarque jamais tant il existe de PNJ différents. Tout est fait dans une recherche de cohérence dans un univers totalement fou et incontrôlable. Night City est la digne représentation d’un genre beaucoup plus codifié et artistique qu’il n’y paraît.
Elle représente à elle seule toutes les dérives de la dystopie cyberpunk, en mettant en lumière les inégalités sociales, en présentant des quartiers aux bassins de population différents. Plus on s’écarte du centre-ville et de ses immeubles et rues propres, de sa population aisée, bien habillée, qui mange dans les plus beaux restaurants, plus on s’enfonce dans la crasse, dans des quartiers délabrés aux mille visages anonymes, des endroits délaissés par la municipalité dans lesquels les gangs règnent d’une main de fer.
Les mots nous manquent pour décrire Night City, tant il faut vivre l’expérience, frotter ses semelles numériques sur son bitume pour se rendre compte des trésors qu’elle a à offrir. C’est le point sans fausse note de Cyberpunk 2077 qui se permet même de transmettre une charge historique forte à travers elle, tant la narration visuelle lorsque l’on se promène en ses rues est d’une importance capitale pour comprendre la cité.
C’est aussi le seul moyen pour comprendre l’univers décomplexé de Cyberpunk 2077, de découvrir sa violence visuelle, sa société sans tabou et totalement décomplexée. De découvrir les dérives liées à la cyber-technologie qui transforme les gens en cyber-psychos, les rendant fous et agressifs au point de tuer et tuer encore. C’est le seul moyen en somme de découvrir toute la folie qui habite Night City, mais aussi sa grandeur et sa splendeur.
- Les gangs
Les gangs de Night City sont les principales menaces que l’on rencontrera au cours de notre périple. Ils dirigent les différents quartiers de la ville et les trafics qui la gangrènent, cela va de la drogue aux organes humains. Tous ne sont pas hostiles et ne montreront les dents que si l’on se met en travers de leur route ou que l’on tente de les empêcher de nuire. D’autres sont même amicaux, mais attention, les apparences peuvent être trompeuses.
On en dénombre dix différents, dont les principaux sont les Moxes, le Maelstrom, les Animals ou encore les Voodoo Boys et les Tyger Claws. Tous ont des particularités et des signes distinctifs et opèrent dans un domaine précis. Ils sont parfois en guerre et il arrive souvent que l’on se retrouve pris entre deux feux.
Terre fétiche des mercs
C’est donc dans cette ville et ses environs, puisqu’une portion désertique appelée Badlands est accessible, que nous allons évoluer. Et si Night City nous a conquis, le reste aussi, mais dans une moindre mesure. Finalement, Cyberpunk 2077 est très classique dans ses mécaniques de jeu, car si on omet ses quêtes principales et annexes scénarisées enthousiasmantes, le reste n’est peut-être pas à la hauteur des attentes. Attention, ce n’est pas mauvais, mais en rien révolutionnaire.
Les menaces dans Night City sont donc diverses et variées et présentes dans tous les aspects de la société. Au fur et à mesure que notre réputation augmente, on débloque de plus en plus de jobs à effectuer dans la ville. Ces derniers pouvant nous être donnés par le fixer de la zone ou une tierce personne ayant entendu parler de nous.
La plupart d’entre elles sont satisfaisantes, même les plus courtes, et apportent leur lot d’action et de séquences réussies. Elles nous demandent de descendre une cible gênante, récupérer un objet, de hacker un terminal (en utilisant le seul mini-jeu de piratage de tout le jeu) ou encore de secourir une âme en peine. Les rewards, qu’ils soient chiffrés ou non, sont aussi à la hauteur des attentes, pour les missions les plus élaborées notamment.
Certaines même sont scénarisées un minimum et apportent encore en immersion et en authenticité. Cependant, à côté de cela, il est bien un phénomène que l’on ne pensait pas retrouver dans ce Cyberpunk 2077, celui de la carte aux nombreux points d’interrogation, fléau des mondes ouverts de cette dernière décennie.
Trop d’activités secondaires et répétitives hantent cette map et allongent artificiellement la durée de vie. Elles n’apportent, pour la plupart (pas toutes), pas grand-chose et témoignent d’une sorte de défaitisme vis-à-vis des mécaniques d’exploration, cette dernière devenant alors moins organique que le reste et de ce fait plus mécanique.
Pléthore de crimes à résoudre pour le NCPD, d’agressions auxquelles mettre un terme, bref d’activités criminelles à mettre à mal. Cela se résume souvent à percer de balles les corps de tout ce qui bouge et de récupérer un sac de preuves ou de looter un coffre parfois plus ou moins bien caché. Le souci, c’est qu’au cinquième crime, cela devient très redondant. Argent et réputation faciles ne font pas tout.
Mais ce ne serait pas rendre justice à la richesse de Cyberpunk 2077 que de s’arrêter uniquement là-dessus et d’en tirer une conclusion ferme. En définitive, tout ceci est secondaire et ce qui reste en mémoire après avoir bouclé le jeu, ce sont ses personnages, ses side stories, ainsi que sa ville qui invite seule à l’exploration. Pas besoin de quêtes ou de loot quand on a Night City, car ce qui reste ancré en nous, ce sont ces longues heures passées à visiter chaque recoin de la ville.
Du quartier de la débauche et de la prostitution de Jig-Jig Street, jusqu’au riche centre-ville, en passant par les zones industrielles et le bord de mer de Pacifica, il y a de quoi voir, faire et trouver, car Night City recèle des secrets en tout genre et en nombre élevé, comme quelques easter eggs bien trouvés par exemple.
- Les moyens de transport
Les moyens de locomotion dans Night City ne sont pas légion. Notre exploration s’effectuera ainsi la plupart du temps à pied, en deux ou quatre roues, et on regrette que l’on ne puisse pas piloter ou être passager quand on le désire de Navi, des navettes de transport volantes. De même que les transports en commun sont inexistants et remplacés par un système de voyage rapide qui ne ravira en aucun cas les amateurs de role play.
Aussi, la conduite des différents véhicules, bien qu’ils se démarquent les uns des autres, est trop imprécise à notre goût et souffre d’un moteur physique à l’ouest amenant bien souvent bugs et collisions. Alors, ce n’est pas désagréable, surtout que l’on s’y fait, mais on attendait mieux de ce côté, même si cela n’a jamais été le fort de CD Projekt. Remember Ablette…
Aux multiples talents
Il est temps d’en venir à ce que propose concrètement, clavier/souris en mains, ce Cyberpunk 2077. Sous ses airs de FPS déguisé en jeu de rôle, le titre a été bien aidé en cela par une campagne marketing trop axée sur l’action et pas assez sur ce qu’est principalement le jeu, c’est-à-dire un RPG pur et dur. Narratif, immersif et misant tout sur son univers et son atmosphère, le titre est en réalité un pur immersive sim comme on voit que trop peu.
Ainsi, il possède ce côté FPS, avec des gunfights d’ailleurs très bons et dynamiques, durant lesquels notre skill peut s’exprimer pleinement. Pour ce faire, on dispose d’un véritable arsenal à distance et au corps à corps, ainsi que d’un panel de mouvements étoffé puisque l’on peut esquiver, sauter, s’accroupir, se mettre à couvert et même faire grimpette un peu partout. Le level design est d’ailleurs un modèle du genre et les grosses missions proposent toutes ou presque différentes possibilités d’approche.
L’infiltration fait aussi partie intégrante de l’expérience, mais le jeu n’en fait pas non plus l’axe principal d’approche, puisque c’est nous qui décidons de notre façon de jouer, en s’aidant au mieux de notre scanner optique nous aidant à repérer les objets d’interaction, les routes à emprunter et toutes sortes de choses, comme les ennemis, les caméras et même le loot. On est obligé de rien et libre de tout. Cela se traduit par un système d’expérience et différents arbres de compétences amenant une réelle diversité de gameplay et de possibilités.
On peut alors répartir des points dans cinq axes principaux que sont les réflexes, le sang-froid, la constitution, les capacités technique et l’intelligence, avec pour toutes au moins deux sous-catégories. Alors cela peut paraître complexe comme cela, mais avec un peu de pratique, tout roule, même si les néophytes de ce genre de choses pourraient rencontrer quelques difficultés. Un conseil, faites-vous un plan de carrière, si on peut dire.
En gros, si aucune classe prédéfinie n’existe, il est possible de s’en créer une en orientant son personnage, on est libre de nos choix là encore et c’est tant mieux. Rien de tel que de se créer un avatar hybride aux multiples talents pour profiter pleinement de ce que Cyberpunk 2077 propose. Alors que l’on se tourne vers le hacking, l’infiltration ou la violence pure et dure, on ne sera jamais laissé pour compte par le level design et les possibilités qu’il offre.
De même que l’on peut aussi utiliser divers implants et autres membres et organes cybernétiques que l’on installe chez un charcudoc pour nous permettre d’augmenter divers attributs comme la charge que l’on peut porter dans l’inventaire, notre endurance ou encore nous donner la possibilité d’utiliser des armes intelligentes qui ciblent automatiquement une cible. On peut aussi utiliser diverses aptitudes de hacking nous permettant là encore de varier les approches en poussant un opposant au suicide ou encore en lui grillant la cervelle par exemple.
Enfin, deux ombres viennent ternir ce tableau réjouissant, une mécanique de jeu pas mauvaise, mais peu originale, ainsi qu’une IA à la ramasse. Il y a dans un premier temps tout un truc autour des DS ou Danses Sensorielles qui sont des vidéos que l’on nous envoie via un petit casque directement dans notre imaginaire et que l’on vit en direct pour faire simple. Elles sont une composante importante de l’univers, créant dépendances, psychoses et pouvant même être dangereuses.
Lors de quelques séquences d’enquêtes, il nous faut en analyser pour y découvrir des indices nécessaires pour trouver les réponses à nos questions. Dans les faits, cela donne malheureusement rien de bien croustillant et on regrette que le studio n’ait pas recherché quelque chose d’aussi intelligent que ce qui est fait par exemple dans un jeu comme The Observer.
Pour la seconde, l’IA est totalement ridicule et ne propose rien de bien développé, elle est plutôt débile et ne parvient que très mal à nous repérer lorsque l’on s’infiltre. On peut aussi très facilement la berner grâce à l’utilisation d’appareils comme une télévision ou un ordinateur, que nous pouvons enclencher pour distraire son attention. En mode action, elle fonce dans le tas ou se met difficilement bien à couvert, devenant souvent une proie facile.
La difficulté viendra alors plus des systèmes de sécurité de type tourelles de défense, ou de la simple caméra qui peut vite nous repérer si l’on ne fait pas attention. Le nombre d’ennemis en présence, ainsi que leur niveau si plus élevé que le nôtre, peut aussi poser problème. Heureusement alors que les gunfights sont comme déjà dit grisants dans l’ensemble, même si on aurait aimé un peu plus de combats de boss, car ils se comptent sur les doigts d’une main.
- La Street Cred
La Street Cred est un deuxième système d’expérience qui se veut différent de celui que l’on dira classique. Il s’agit en fait de notre niveau de réputation qui s’augmente surtout en réalisant quêtes et activités annexes. Elle permet de débloquer diverses choses, allant de nouvelles armes et pièces d’équipement disponibles en boutique à de nouveaux implants cybernétiques.
Nous vous laissons consulter notre guide pour plus d’informations sur ce système qui se voulait sur le papier plus révolutionnaire qu’il n’y paraît. Si on obtient bien de nouvelles choses et même de nouvelles quêtes en augmentant notre Street Cred, on s’attendait à ce que le monde autour de nous réagisse aussi à notre montée en notoriété.
Et au coffre bien rempli
Bon, après, on ne va pas se le cacher, se battre c’est bien, mais s’en mettre plein les poches, c’est pas mal non plus. Parce que pour se payer vêtements, flingues et véhicules, il en faut de l’argent. Alors on en gagne assez facilement en effectuant les activités annexes et la quête principale, mais cela passe aussi par la revente du loot, bien entendu. Et du loot, il y en a en pagaille dans Cyberpunk 2077, attendez-vous donc à sans arrêt avoir l’inventaire peu ergonomique (mais bien plus que The Witcher 3) full en permanence.
Après, CD Projekt a mis des points de reventes vraiment partout en ville, ce qui évite de trop en souffrir et c’est bien vu, d’autant plus que futur oblige, on peut appeler sa voiture ou sa moto en un clic. Elle nous rejoindra alors en pilote automatique. Pas grand-chose à dire là-dessus, si ce n’est que forcément certaines armes ou habits sont plus rares et sont classés en fonction via le traditionnel système de couleurs. On peut même y greffer des mods qui augmentent certaines caractéristiques.
Bien évidemment, certaines pièces sont bien cachées et demandent de remplir certaines conditions pendant une quête ou de farfouiller dans les 225km² de Night City, bon courage pour tout trouver. On aurait par contre apprécié de pouvoir mettre certains objets en favoris ou avoir la possibilité de faire des groupes d’objets rebus pour les revendre plus rapidement, parce qu’on passe de longues minutes à vendre tous nos objets un à un. Dans une future mise à jour, peut-être.
Sinon, on peut aussi stocker ce que l’on veut garder dans un de nos appartements via un coffre prévu pour. Endroit où l’on peut aussi dormir et se doucher, regarder la télé, écouter la musique ou juste se poser quelques instants avant de repartir de plus belle. Vendre en boutique a aussi un intérêt, puisque chacune d’elles a en plus un stock qui lui est propre, l’occasion alors de faire quelques emplettes dans un des magasins d’armes, de fringues ou encore de matériel de piratage.
- Les armes et vêtements
Comme tout bon RPG, Cyberpunk 2077 propose une pléthore d’armes et de pièces d’équipement en tout genre. D’ailleurs, les habits que l’on porte, des chaussures au couvre-chef, font office d’armure, ce qui est un peu frustrant par moment, car pour notre protection, on arbore souvent un look plus que douteux et de mauvais goût. Il n’y a pas d’option « transmog » et à vrai dire, on ne comprend pas trop pourquoi. De même que notre accoutrement n’influence en rien l’image que les PNJ ont de nous, dommage.
Au niveau de l’armement, on est sur quelque chose d’assez éclectique avec aussi des variations au sein d’une même catégorie. Un fusil d’assaut cinétique est différent d’un autre intelligent, le premier tirant des balles qui ricochent sur les surfaces, et le second faisant du ciblage automatique. Il y a donc tout un tas de stats et d’options à prendre en considération. Ajoutez à cela les armes de corps à corps, les lames Mantis qui sortent des bras de V contre un petit passage chez le charcudoc, et différentes grenades et tout roule.
Là encore, le niveau ne fait pas tout. La rareté (du commun au légendaire), les attributs et le DPS sont à prendre en compte. On peut bien évidemment également fabriquer soi-même son équipement en trouvant ou en achetant des plans et aussi l’améliorer contre quelques composants plus ou moins rares. Certains se récupèrent facilement en détruisant nos armes, ceci pouvant être facilité de même par certaines compétences.
Mais aussi quelques regrets
Cyberpunk 2077 est beau, très beau même. Assumant pleinement son statut de jeu de la nouvelle génération, il affiche de très belles choses sur PC et propose un univers fourmillant de mille détails le rendant ultra réaliste. Le moteur physique fait des merveilles et les PNJ lambdas sont légion dans les rues. Mais tout cela ne vient pas seul malheureusement, car le jeu contient énormément de bugs.
Bugs de collision, poping à outrance, voitures et PNJ qui disparaissent d’un coup, modèles 3D qui restent figés, scripts qui ne s’enclenchent pas, policiers qui pop devant nos yeux dès que l’on commet un crime, textes qui restent à l’écran si on ne recharge pas la partie, viseur qui reste même quand l’arme est rangée, on en passe et des meilleurs. Tout ceci laisse un goût très amer en bouche et démontre qu’il manque quelques bons mois de développement au jeu.
On a même eu des bugs durant les cinématiques, brisant alors toute immersion. C’est à un niveau presque inacceptable pour un jeu de ce calibre et heureusement que l’on est sur PC, car sur consoles, ce n’est même pas la peine. Quant à l’optimisation, dès lors que l’on active le ray-tracing, ce n’est plus la peine d’espérer pour notre RTX2070 en 1440p, il faut alors passer en 1080p si on veut profiter de l’option. Mais est-ce indispensable ? Franchement, non, d’autant plus que même ainsi, c’est très instable et demande de jouer obligatoirement avec le DLSS pour fonctionner correctement.
Hormis cela, notre 2070 couplé à 16 Go de RAM et un processeur AMD Ryzen 7600X a tenu la distance en ultra 1440p sans réel problème. Même si l’optimisation reste source de déboires, depuis le patch 1.05, cela va beaucoup mieux, le framerate se maintenant entre 50 et 60 fps sans sourciller ou presque. On connaît toujours quelques drops par contre lors de l’entrée en cinématique ou quand on se regarde dans le miroir, étrange d’ailleurs.
Aussi, on regrette tant de choses annoncées et non présentes. Par exemple, que la météo n’influe pas sur le jeu, alors qu’on nous promettait des pluies acides. Que si peu de lieux clos soient ouverts à la visite et que les rues se vident au moindre gunfight. Où est cette liberté de nous asseoir sur un banc, de siroter un café en fin d’aprem ? De taper la discussion avec un PNJ random, même si c’est pour échanger deux ou trois phrases dans le vent ?
On aurait aimé aussi un vrai système de transport, une véritable incidence de nos actes sur la population et non seulement sur les infos locales. On voulait plus de courses-poursuites que l’on nous vendait tant dans les trailers ou encore des romances, certes sympathiques, mais plus présentes et surtout avec un réel impact. Où sont les coiffeurs, les barbiers, les tatoueurs, les garages pour customiser nos véhicules et pourquoi ne peut-on pas changer d’apparence alors que c’est possible dans la diégèse du jeu ?
Il reste tant à faire et il restait tant à faire. Beaucoup de promesses non tenues, pour au final nous offrir une expérience incroyable, mais très imparfaite, qui ne révolutionne pas comme c’était annoncé le genre, mais qui lui donne l’un de ses meilleurs étalons qui boite encore du fait qu’il est né prématurément et aurait mérité une plus longue gestation encore.
Cyberpunk 2077 est loin, très loin d’être un mauvais jeu, il est même exceptionnel par bien des aspects. Nous n’avons pu revenir sur tout ce qui en fait le sel, ce serait trop long, et ça l’a déjà été bien assez. Mais au travers de ce test peu commun, nous avons voulu vous faire ressentir l’émotion que nous avons eue en jouant à ce jeu que nous attendions comme tout le monde et que nous considérions comme le Messi du RPG.
Le résultat de ces huit ans d’attente est à la hauteur et démontre encore une fois, tout débat mis de côté, que CD Projekt RED est un des studios les plus talentueux au monde, capable de créer des univers incroyables, immensément riches et immersifs. Il ne manquait pas grand-chose au jeu pour être ce qu’il devait être. Plus de temps de développement, des petits ajouts supplémentaires et surtout une réalisation technique plus solide, car c’est la fête du bug en l’état, et ce, malgré de très nombreux correctifs déjà mis en place.
Mais comment ne pas l’aimer ce Cyberpunk 2077 qui en un peu plus de 100 heures de jeu pour le finir à 100% (en ne faisant qu’une fin sur cinq néanmoins), nous a régalés comme peu de jeux savent le faire ? Night City, ses rues, ses quartiers, sa vie, ses lumières et sa cohérence nous ont hypnotisés. Le scénario nous a ravis, touchés de par son propos, les thèmes qu’il aborde ou encore ses personnages hauts en couleur.
Cyberpunk 2077 est une expérience à vivre, une ode au cyberpunk faite avec amour et passion qui propose en plus un très bon gameplay hybride qui parlera en ce sens à toute une pléthore de joueurs différents. Un vrai RPG qui s’assume et qui fait vibrer. Dommage alors que le studio polonais ait loupé le coche sur quelques petits points comme le remplissage de quêtes et cette map-point-d’interrogation affreuse.
On en attendait plus, certes, mais ce que l’on a eu restera dans les mémoires pour longtemps.