Sorti en Europe cette semaine sur le PlayStation Store et en magasin, Criminal Girls: Invite Only est en fait un jeu PlayStation Portable, ressorti sur PlayStation Vita depuis plus d’un an au Japon. Développé par Image Epoch et édité chez nous par NIS America, Criminal Girls est un RPG qui vous fera visiter l’Enfer, au sens propre comme au figuré !
Test de Criminal Girls : Invite Only sur PS Vita
Censored Girls : Invite Only
Même si on a la chance, enfin tout est relatif, de pouvoir jouer à Criminal Girls: Invite Only dans une version traduite en anglais, je pense qu’il est important de prendre note que le jeu a subi une censure de la part de son éditeur. La censure dans le milieu du jeu vidéo est un problème grave qui mérite un vrai débat, et surtout des prises de position intelligentes comme celles de Tom Lipschultz de la société XSEED Games, sur certains forums américains. Cette critique de Criminal Girls: Invite Only n’a pas pour but d’être une tribune contre la censure volontaire d’un jeu par son éditeur, cependant j’ai toujours du mal à avaler qu’on coupe une partie du contenu d’un jeu, le sourire aux lèvres et en demandant à son public d’applaudir la localisation du jeu.
Le plus triste dans cette histoire c’est que les parties censurées sur Criminal Girls: Invite Only sont anecdotiques, et même assez ridicules : la suppression de cris pendant les séances de motivation, des nuages « made in paint » rajoutés sur les CG jugées graveleuses et des traductions approximatives remplaçant par exemple fessée par surveillance.
A noter que si NIS America a le temps de faire du rafistolage sur ses jeux, puisque c’est bien là une habitude de l’éditeur, la relecture n’est toujours pas son fort. Tout au long du jeu, les filles de votre équipe vous feront des commentaires qui s’afficheront en bas de l’écran, commentaires sans aucun espace ou presque.
Une écriture criminelle
Vous savez ce qu’il y’a de plus triste avec l’histoire de Criminal Girls: Invite Only ? C’est que je suis persuadé qu’avec le bon scénariste, ses idées de base et les thèmes qu’il aborde, le titre aurait eu un vrai impact sur le joueur. Après tout Criminal Girls: Invite Only vous plonge dans la peau d’un jeune homme qui doit encadrer une équipe de sept délinquantes, toutes responsables d’un grave péché et qui vont devoir affronter quatre épreuves en Enfer afin d’atteindre le Purgatoire, et de pouvoir enfin renaître. Le jeu aborde des thèmes puissants et très en phase avec certaines problématiques au Japon : le harcèlement à l’école, l’enfermement sur soi à l’extrême (hikikomori), la prostitution des lycéennes ou encore le viol.
Seulement l’écriture très pauvre du jeu, avec des détenues à la personnalité générique et des situations terriblement clichées n’arrivent pas à rendre l’histoire de Criminal Girls: Invite Only intéressante ou attachante. Les dialogues font avancer beaucoup trop rapidement les changements de personnalités, sans que cela soit crédible une seule seconde. L’écriture de Criminal Girls: Invite Only aurait mérité mieux, et ce n’est pas le fait de tomber sur un plagiat éhonté des Shadows de Persona 4 The Golden vers la fin du jeu qui me fera dire le contraire.
Un mauvais RPG smartphone
Si vous avez joué à Fate Extra sur PSP, lui aussi développé par Image Epoch, le gameplay de Criminal Girls: Invite Only ne devrait pas vous surprendre. Les deux titres sont en effet largement basés sur la chance et propose une façon de jouer originale, loin des standards du genre comme Persona 4 The Golden ou Final Fantasy VIII.
Dans Criminal Girls: Invite Only, chaque tour sera l’occasion d’un lancer de dès : chacune des quatre filles de votre équipe va vous proposer une action parmi toute celles disponibles, et c’est à vous de sélectionner une seule de ces propositions. Même s’il y a une grande part d’aléatoire dans l’apparition de capacités de vos filles, on retrouve certains patterns qui vous permettent de ne pas dépendre uniquement de la chance.
Mais au-delà de sa relative originalité, le gameplay de Criminal Girls: Invite Only n’est pas bon, et il est même souvent frustrant. La chance intervient beaucoup trop dans une catégorie de jeux où l’on aime en général mettre en place des stratégies et réfléchir à ses actions sur le long terme, dans des combats haletants face à des boss qui vous proposent un vrai challenge. Je ne compte plus le nombre de fois où le jeu m’a proposé des actions complètement inutiles lors de mon tour, et de ce côté-là Criminal Girls: Invite Only me rappelle fortement Persona 3. Sauf que Persona 3 était un excellent RPG malgré une intelligence artificielle parfois très limitée dans ses choix.
J’en aurais presque oublié de vous parler du mini-jeu de motivation, qui est en fait le moyen d’obtenir de nouvelles compétences pour vos filles. Plus qu’une simple séance de motivation, il s’agit en fait d’un moment en tête-à-tête avec l’une des détenues de votre équipe où vous allez repousser ses tentations par différents moyens comme la fessée, les caresses avec une plume ou encore la traditionnelle cravache. Une fois habitué aux CG suggestives et au coté sadomasochiste de l’exercice, les séances de motivation deviennent rapidement ennuyeuses, mais malheureusement obligatoires pour progresser dans Criminal Girls: Invite Only.
Conclusion de Criminal Girls: Invite Only
Difficile de trouver des points positifs à Criminal Girls: Invite Only, le jeu se vautre complètement tant dans son gameplay approximatif que dans son scénario sans saveur. Même l’interface du titre me pose problème. En combat il est impossible de connaître précisément l’effet d’une compétence ou encore d’accéder à un journal des actions, ce qui est pourtant la base dans ce genre de jeux.
Et que dire de la réalisation de Criminal Girls: Invite Only, qui laisse à désirer avec une 2D baveuse et des sprites chibis de vos filles animés sur deux frames. Je n’ai rien contre les jeux pauvres en termes de réalisation, j’ai même adoré Demon Gaze, mais j’attends toujours un minimum d’efforts de la part d’un développeur.
Et c’est bien là le souci avec Criminal Girls: Invite Only, en y jouant on sent clairement un manque total d’implication ou d’envie de bien faire de la part de ses créateurs.