Sorti de nulle part, Castlevania Requiem: Symphony of the Night & Rondo of Blood aura surpris tout son petit monde lors de sa sortie le 26 octobre dernier, alors qu’il était annoncé en catimini un petit mois plus tôt. Il s’agit tout simplement d’une compilation réunissant deux des meilleurs opus de la série Castlevania – si ce n’est le meilleur concernant SotN – disponible uniquement sur PlayStation 4.
Attention tout de même, il ne s’agit pas là de remake ou de remaster, mais bien de simples portages et il ne faut alors pas s’attendre à de grands bouleversements, et c’est le moins que l’on puisse dire.
(Test de Castlevania Requiem: Symphony of the Night & Rondo of Blood réalisé sur PlayStation 4 avec une version fournie par l’éditeur)
Notre amour pour la saga Castlevania a débuté il y a fort longtemps alors que nombre d’entre vous n’avaient encore foulé le pied sur cette belle terre qu’est la nôtre. Une époque durant laquelle on s’éclatait sur The Legend of Zelda et où on pleurait sur Teenage Mutant Ninja Turtles. Cette époque est celle de la NES et encore après de la Super NES qui compte, elle, l’un des épisodes les plus marquants de la franchise, Super Castlevania IV et son thème musical à faire pâlir bien des jeux d’aujourd’hui.
Tout ceci pour dire que nous ne sommes pas des arrivistes dans la licence et que notre critique de cette compilation Requiem réunissant deux pépites de la plateforme action sera certes parfois froide, mais jamais injuste. Nous parlerons dans les lignes qui suivent avant tout de la qualité des deux portages et non de celle des jeux en eux-mêmes qui restent, encore aujourd’hui, de pures merveilles. Voyons donc ce que nous a réservé Konami avec ce Castlevania Requiem: Symphony of the Night & Rondo of Blood.
Symphony of the bad
On ne va pas tourner autour du pot, Castlevania Requiem: Symphony of the Night & Rondo of Blood ne possède que très peu d’intérêt hormis si l’on ne connait pas au moins l’un de ces deux jeux ou si on n’est pas un fan inconditionnel de la saga. La cause principale étant que cette compilation portage ne propose rien de bien folichon au niveau de ses ajouts et apports vis-à-vis des originaux.
On a donc droit à quelques options graphiques qui enlaidissent le jeu avec la possibilité d’appliquer un lissage catastrophique, d’upscale la taille de l’affichage, ce qui n’apporte rien de bon là non plus, puisqu’on à l’impression d’évoluer dans une bouillie de pixels après cela, surtout pour Rondo of Blood. Globalement, le passage en mode « complet » étire l’image, la rend affreusement difforme et la qualité des sprites en prend un coup. Il y a aussi la possibilité d’ajouter un entrelacement et des lignes de balayage pour se la jouer old-school et jouer comme à l’époque bénie de la 16 bits, mais l’intérêt est moindre.
Néanmoins, comme prévu cette compilation affiche bien du 1080p – et de la 4K -, mais on reste tout de même en 4:3 et on se dit que ce n’est pas plus mal, vu que les deux jeux ne se sont aucunement vu retoucher graphiquement pour cette sortie sur PlayStation 4. Néanmoins, on peut en lieu et place des bandes noires sur les côtés, mettre différentes décorations pour varier les plaisirs, on se raccroche à ce qu’on peut comme on dit.
Du côté du son, si on apprécie de pouvoir passer les deux opus en version japonaise et s’ils possèdent tous deux des thèmes musicaux de très grande qualité, on ne peut que pester là encore sur le manque d’implication des développeurs. On espérait au moins autre chose que du simple stéréo 2.0 datant de l’âge de pierre et ne rendant pas hommage aux deux œuvres ici présentes, mais c’était effectivement trop demander. Seul ajout, quelques bruitages sonores qui sortent de la Dualshock 4, quant à la traduction bancale de SotN, rien à signaler de ce côté.
Vous l’aurez compris, tout fait très / trop vieillot, même les menus sont laids et totalement dépassés. Seul le fait de pouvoir changer les touches de Rondo of Blood est un bon point, et là encore on ne comprend pas pourquoi cela n’est pas possible pour Symphony of the Night. Pour vous dire la vérité, il s’agit là d’émulation et non de portage finalement, et c’est peu dire, même si certains émulateurs offrent un meilleur résultat graphique.
Power of Blood
Bon, après tant d’éloges – c’est ironique -, il nous faut passer maintenant aux deux jeux. Comme déjà dit, Castlevania Requiem: Symphony of the Night & Rondo of Blood propose de (re)découvrir deux des plus grands opus de la franchise. Pour la petite histoire, Rondo of Blood nous permet d’incarner Richter Belmont qui se doit de tuer Dracula comme le veut la malédiction qui pèse sur sa famille. En effet, le buveur de sang revient à la vie tous les cent ans et son château appelé Castlevania réapparaît avec lui. Cette fois-ci il a enlevé cinq jeunes femmes, dont Annette, la fiancée de Richter.
Symphony of the Night est la suite directe de ce dernier et nous propose de jouer Alucard, fils de Dracula, et donc non-descendant de la famille Belmont, enfin si, mais uniquement dans l’arc Lord of Shadow. Pour ce qui est de l’intrigue, Dracula et Castlevania ont resurgi seulement cinq ans après les événements de Rondo of Blood et Richter a disparu. Alucard sort alors de son sommeil pour percer ce nouveau mystère.
Symphony of the Night est pour beaucoup le meilleur épisode, et c’est le cas aussi pour certains membres de la rédaction. Sorti pour la première fois en novembre 1997 en Europe sur PlayStation, il a tout simplement bouleversé la donne. Il a su offrir une profondeur de jeu supplémentaire à la série. On passe alors d’un « simple » platformer / action à un metroidvania mêlant RPG, plateforme, action et exploration. Castlevania II: Simon’s Quest avait déjà entrouvert la porte du jeu de rôle et SotN l’a, lui, explosée.
Gestion de l’inventaire, magie, plusieurs armes et armures, et autre gain d’expériences s’ajoutent au gameplay et imposent une nouvelle base pour bon nombre de titres de la licence qui suivront. Le château de Dracula n’a jamais paru si grand et labyrinthique, le scénario est bon et prenant, le design visuel des plus réussis et la bande sonore est l’une des plus marquantes du jeu vidéo. Il est aussi l’épisode qui apporte une nouvelle souplesse au gameplay, qui devient plus nerveux, plus vif et perd donc la rigidité de ses prédécesseurs, ce qui ne le rend pas plus simple pour autant. Symphony of the Night est un chef d’oeuvre réservant beaucoup de surprises, dont un mode inversé marquant et qui est bien plus que ce que son nom le laisse penser.
Rondo of Blood est quant à lui bien plus classique dans ses mécaniques de jeu. On régresse même en termes de gameplay vis-à-vis de Super Castlevania IV. Sorti en 1993 sur PC Engine au Japon uniquement – un portage traduit en français arrive bien plus tard sur PsP- , il bénéficie par contre d’une réalisation très propre pour l’époque et offre de véritables doublages à ses personnages, ce qui était rare en ce temps. Richter, que l’on incarne, se bat comme ses ancêtres avec un fouet et peut aussi user d’armes secondaires, comme les poignards, les haches, l’eau bénite ou encore le crucifix.
Le jeu est assez lourd et pourra désarçonner les personnes ne s’y attendant pas, le gameplay n’ayant point été retouché, il va falloir faire avec un personnage tank qui peine à se déplacer.
Notre héros ne peut courir et surtout ne peut se servir de son fouet que dans deux directions, contre huit pour Super Castlevania IV. Tout juste Richter peut-il effectuer une esquive vers l’arrière pour éviter de se faire toucher par l’ennemi.
Cependant, il est l’un des épisodes classiques les plus aboutis de la franchise, de par ses boss, son scénario, ses nombreux embranchements et la possibilité de jouer avec un autre personnage, la sœur d’Anette, Maria. Il a certes vieilli et ne tient pas la distance face à Symphony of the Night, mais Rondo of Blood a aussi de nombreuses choses à offrir, notamment pour qui est en recherche d’un très bon challenge. Et pitié, ne nous parlez pas de Vampire’s Kiss qui est a mille lieux du jeu dont nous parlons.
Il a été très dur pour nous de mettre de côté notre amour pour Symphony of the Night et Rondo of Blood pour vous apporter un avis le plus objectif possible. Il est clair que cette compilation Requiem ne parlera qu’à ceux souhaitant découvrir ces deux jeux ou aux fans hardcore de la franchise. En l’état, le portage n’offre rien de bien transcendant et le travail effectué ne justifie pas forcément le prix de 19, 99€ affiché pour cette compilation, même si dans leur version originale, les deux épisodes valent bien plus.
Fort heureusement pour ce dernier, il réunit deux mastodontes du jeu vidéo, deux jeux cultes que tout joueur se doit d’avoir fait ne serait-ce que pour enrichir son vécu vidéoludique. Finalement, c’est donc à vous de trancher pour savoir si Castlevania Requiem: Symphony of the Night & Rondo of Blood vaut le coup, pour nous c’est un simple « oui, mais… ».