C’est devenu un rituel auquel aucun joueur n’échappe. Comme chaque année depuis 2004, Ubisoft nous sert (ou devrais-je dire nous gave avec) un nouvel épisode de sa lucrative saga d’assassins. Après un chaotique Assassin’s Creed Unity, un satisfaisant Assassin’s Creed Rogue et un médiocre Assassin’s Creed China, Ubisoft tente de redorer le blason de sa licence, tachée par un manque certain de renouveau pour la série dans sa globalité. Pour cela, on oublie Paris, direction Londres dans les années 1870 et plus exactement durant l’ère victorienne.
Ce contexte inédit est plutôt prometteur sur le papier. Toutefois, brisons directement le suspens, Ubisoft n’arrive pas à rehausser l’intérêt pour sa licence phare. Voilà un certain temps que cette dernière agonise d’un manque d’idée et d’innovation. Je vais tenter de vous expliquer toutes les raisons qui me font penser qu’Assassin’s Creed Syndicate révèle la fin proche de la saga Assassin’s Creed.
London calling
Après la douloureuse expérience de la campagne multijoueur d’Assassin’s Creed Unity, Ubisoft revient à la base avec une campagne intégralement solo munie toutefois d’une petite spécificité : deux personnages sont jouables. Dans Assassin’s Creed Syndicate, nous incarnons des jumeaux : Evie et Jacob Frye. Deux protagonistes aux tempéraments et aux méthodes assez différents. En effet, Evie joue la carte de la pure discrétion alors que Jacob opte pour une approche plus musclée et directe. Il est possible de switcher entre les deux héros à tout moment (sauf au cours d’une mission). Ne nous leurrons pas, même si on peut apercevoir ici deux façons de jouer, il n’en est rien.
Assassin’s Creed Syndicate reste un Assassin’s Creed avec quelques ajouts mineurs, ni plus ni moins. Nos jumeaux sont naturellement des assassins formés par leur père. Le scénario est quant à lui on ne peut plus simple : Crawford Starrick, un templier influent, dirige une bonne partie de Londres. Usines, transports, politique ou encore médecine, ses tentacules sont partout dans cette vile rongée par la corruption et le crime de tous genres. Crawford est épaulé par un gang nommé « les Blighters » qui sème la terreur dans les rues londoniennes.
Jacob décide alors de former son propre gang en libérant les rues de l’emprise des templiers. Une autre intrigue (un poil plus intéressante) se juxtapose à cette guerre des gangs. Evie sait de source sûre qu’un fragment d’eden est caché dans Londres. Cet artefact ne doit surtout pas tomber dans les mains des templiers. Deux personnages, deux comportements, deux scénarios et une Londres en pleine révolution industrielle, voilà ce qui vous attend dans Assassin’s Creed Syndicate !
Le nouveau terrain de jeu de Londres est divisé en plusieurs quartiers distincts disposant de leur propre identité. Et il faut l’avouer : la disposition des bâtiments, les larges rues de pavé, le bruit des trains au loin, la dynamique population dans les rues, Londres est une vraie réussite. Ubisoft nous propose une carte assez innovante où on prendra un plaisir limité à explorer ses recoins et à vagabonder sans but précis. Il y a trois points où je vais congratuler Ubisoft et la carte de Londres est le premier. D’ailleurs, celle-ci est 30% plus grande que dans l’épisode parisien, un vaste espace de jeu en somme.
Assassin’s Creed Redondance
Pour reprendre Londres aux mains des méchants templiers, il faudra la conquérir zone par zone en accomplissant diverses missions. Libérer des enfants exploités, capturer un chef templier ou encore éliminer les membres du gang adverse, pas de doute, le sang va couler dans les rues. Une fois toutes les missions accomplies pour un quartier, une guerre des gangs se déclenche. Ici, pas de quartier, c’est votre gang contre le gang adverse dans un combat direct. Avec leurs allures à la Gangs of New-York, ces affrontements sont plutôt réussis mais ne durent pas assez longtemps, pour une fois qu’on avait quelque chose de nouveau à se mettre sous la dent… Pour avancer dans le scénario principal, il faudra libérer quasiment toutes les zones du jeu.
Très rapidement, une redondance se fait sentir. Cette fâcheuse impression de faire toujours la même chose ne nous quitte plus après à peine quatre-cinq heures de jeu. D’autres missions annexes viennent diversifier nos actions comme des courses de calèches, des compétitions de combat au corps-à-corps ou encore des vols de marchandise mais rien n’y fait, Assassin’s Creed Syndicate est un jeu d’une redondance rare. Et les missions principales, quintessence de l’action, ne changent rien à la donne. Seulement les plus courageux et les plus patients d’entre nous prendront le temps de tout libérer et de récupérer l’ensemble des éléments parsemés ici et là à travers la map.
Et c’est précisément là où est la problématique de la saga des Assassin’s Creed, elle n’a plus rien à proposer. Il m’a fallu à peine une poignée d’heures pour réaliser que le jeu n’avait plus rien à m’offrir aussi bien en termes de gameplay que dans son scénario, un constat désolant surtout si on l’applique à la saga toute entière. Pourtant, Assassin’s Creed Syndicate a tenté quelques nouveautés mineures.
Assassin’s Creed Syndicate affiche pas mal d’ajouts sympathiques comme l’arbre des compétences, la gestion du clan et le grappin. Au fil des missions effectuées, Jacob et Evie gagneront de l’expérience qui débloquera des points de compétence. Ces derniers servent à acquérir des aptitudes supplémentaires. L’arbre des compétences est identique pour nos deux héros mais certaines capacités sont réservées à Jacob et d’autres à Evie.
Une OST signé Austin Wintory, bordel !
Au niveau du gameplay, rien ne change ou presque. On notera juste l’apparition du grappin qui vous permettra de grimper en quelques secondes un édifice. Celui-ci sert également de tyrolienne pour passer de bâtiments en bâtiments. Je dois dire que le grappin est très astucieux et correspond à la réponse idéale à l’infrastructure de Londres. En effet, avec ses larges allées, ses hauts édifices, il est devenu pénible de tout grimper à la main et même impossible de sauter d’immeuble en immeuble, le grappin permet de corriger le tir et ajoute un faible renouveau au gameplay. Attention, sur le plan des Assassin’s Creed, le grappin est une prouesse et une grande nouveauté. Sur le plan du jeu vidéo, ce dernier reste anecdotique.
Je le disais un peu plus haut, j’ai encore deux points précis où je souhaite féliciter Ubisoft. Après la carte de Londres, le deuxième est les Finish Moves. Pour les combats au corps-à-corps, il existe trois types d’arme : les poings américains, les canne-épées et les kukris. Chaque arme possède ses propres mouvements d’attaque. Lors d’un affrontement et une fois la barre de vie d’un adversaire proche de 0, ce dernier passe en mode récupération, c’est à nous de le finir avec un finish move. Le résultat est impressionnant et les chorégraphies de combat sont saisissantes de réalisme, bref, c’est la classe. Nous pouvons même réaliser des finish moves jusqu’à 4 adversaires.
Les petites séquences sont un point fort du jeu et une surprise de taille. On notera par ailleurs une légère augmentation de la difficulté des combats, moins automatisés et plus corsés. Dernier point à aborder : la musique. L’OST d’Assassin’s Creed Syndicate est une pure merveille. Et c’est en regardant le compositeur que l’on comprend pourquoi : Austin Wintory. Ce dernier n’est autre que l’auteur de la bande-son de l’incroyable Journey (que je vous recommande chaudement). Les morceaux collent parfaitement au contexte et nous plongent dans une ambiance d’un temps passé. C’est bien simple, parfois, je laissais le jeu tourner juste pour la musique.
2015 n’échappe pas à la règle avec un Assassin’s Creed Syndicate décevant mais surtout peu novateur. Le titre avait pourtant quelques atouts dans sa besace comme la carte de Londres et son contexte, mais son manque d’innovation majeure aura raison de lui. Assassin’s Creed est bien devenue une licence au seuil de la mort.
Avec Unity, la saga avait creusé sa tombe, Syndicate nous le confirme. Avis aux joueurs, seuls les vrais aficionados de la série trouveront leur compte. Il serait grand temps de penser à autre chose Ubisoft, non ?
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