Dans les années 90, la Guerre des Consoles (avec des majuscules puisqu’il s’agit d’un événement historique !) opposait SEGA et Nintendo. La NES à la Master System, d’abord, puis la Mega Drive à la SNES. Cela n’empêchait pas Atari de continuer à essayer d’exister, avec ses Lynx et Jaguar, ou même à Amstrad de sortir une nouvelle console, la GX-4000, version « consolisée » de ses ordinateurs CPC.
Cette polarisation du marché n’a pas non plus empêché l’arrivée des nouveaux acteurs devenus incontournables : Sony, en 1995, puis Microsoft avec sa Xbox en 2001. Avec la disparition d’Atari et le retrait de SEGA côté hardware, voilà vingt ans que la trinité Sony-Microsoft-Nintendo règne sans partage, sans laisser la possibilité à quiconque de mettre une nouvelle console sur le marché.
Des tentatives ont pourtant existé. Mais leurs échecs nous montrent qu’il n’y a que très peu de place sur un marché saturé par le Big 4 (en y insérant le PC). On se souvient ainsi, un peu amusés, de la Mad Box, console next gen (à l’époque) annoncée crânement par Slightly Mad Studios, développeurs des jeux de course Project Cars. La machine avait pour ambition d’être la console la plus puissante jamais mise sur le marché, et d’enterrer au passage PlayStation 5 et Xbox Series…
Là où Slightly Mad Studios ne s’était pas trompé, c’est sur la partie « jamais mise sur le marché ». Ian Bell, alors PDG des studios, avait profité de l’annonce de Stadia pour doucement enterrer le projet, expliquant que les révélations de Google avaient rebattu les cartes et avaient rendu ses investisseurs craintifs. Mouais… Tous les tweets qui annonçaient cette nouvelle console ont depuis été effacés.
Moins dans l’ego-trip et la science-fiction, Intellivision, console phare des années 80 alors produite par Mattel, devait faire son grand retour avec l’Amico (mais sans Mattel). La console, « entre tradition et modernité » bien qu’elle soit américaine, voulait faire renaître l’esprit du jeu vidéo « à l’ancienne » à l’époque du tout connecté. Prévue pour octobre 2021, la machine n’est pas encore sortie, a vu son PDG quitter son poste récemment et ne dispose toujours pas de date de sortie définitive…
Annoncée à un prix probablement beaucoup trop élevé pour convaincre, son idée de mettre aux jeux vidéo tous ceux qui n’étaient pas hardcore gamer avait de toute façon déjà été transformée par le jeu sur mobile… Dommage, c’est sur l’Amico que devait arriver un épisode inédit d’Earthworm Jim.
Dans la même veine, Atari, concurrent principal d’Intellivision sur le sol américain au début des années 80, comptait lui aussi sur sa gloire passée pour nous vendre du rétro à prix d’or. Mais contrairement aux machines citées précédemment, l’Atari VCS 800 est bel et bien sorti (aux États-Unis pour le moment, et on est loin d’être sûr qu’il voyagera par la suite), sans pourtant réellement tenir ses promesses. La Machine n’est en effet finalement qu’une jolie coque néo-rétro faisant référence à l’Atari 2600, contenant un PC d’entrée de gamme qui tourne sous un Linux customisé.
Une sortie de secours, en somme, après que des accusations d’arnaque ont pesé sur le projet. La machine embarque alors quelques titres rétro de l’Atari des origines (Centipede, Asteroids…) et un accès (payant et pas du tout exclusif) à AntStream Arcade (dispo également sur PC). La console devrait accueillir des jeux « premium » prochainement. On peut choisir d’y croire… Reste qu’à 400$ (plus frais de port et de douane) le mini-PC, ça fait cher l’élégance.
Heureusement néanmoins, certains projets réussissent à aller jusqu’au bout. Dans quelques semaines maintenant, les premiers acquéreurs du Steam Deck vont pouvoir ainsi mettre les mains sur cette grosse Switch. Un projet finalement pas si alternatif que ça, puisque cette nouvelle console est en fait un PC, qui doit de plus son existence au succès insolent de la console hybride de Nintendo. Reste à voir comment va se comporter la machine sur la longueur, et combien de temps la promesse de faire tourner les derniers AAA sera tenue. On doit bien avouer qu’on a quelques doutes…
Dans quelques semaines également, et de l’autre côté du spectre de la tech, c’est la petite PlayDate qui devrait débarquer. Retardée de quelques semaines suite à des soucis de fiabilité de la batterie, la console est toujours prévue pour ce « début 2022 ». Du moins pour ceux qui ont réussi à commander l’un des premiers modèles qui seront produits (parmi les vingt mille du premier batch). Pour les autres, il faudra patienter un peu. Là encore, on verra comment, passé le premier contact forcément sympathique avec ce projet décalé, la machine réussira à conserver notre intérêt dans le temps.
Faire entrer un nouvel acteur sur le marché semble ainsi une mission peut-être pas impossible, mais au moins très compliquée. Et en ces temps où l’on se demande régulièrement si l’on ne vit pas la dernière génération de consoles, les places à prendre sont peut-être du côté du dématérialisé, où, si Google a fait n’importe quoi avec Stadia, GeForce Now semble plutôt à l’aise et où Shadow, s’il doit lutter pour exister, est toujours en activité…
Playdate – La nouvelle console, avec un truc en plus !
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Earthworm Jim revient… là où on ne l’attend pas !
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