Takashi Kiryu, CEO de Square Enix, a récemment revu sa position concernant l’IA et plus particulièrement l’IA générative :
« L’IA elle-même a un énorme potentiel. Cependant, les risques sont également nombreux. Nous avons introduit un circuit d’approbation selon lequel les outils liés à l’IA ne sont utilisés en interne qu’après avoir été correctement examinés. »
Si Square Enix fut l’un des premiers studios à s’engouffrer dans la blockchain et l’IA, on peut voir ici qu’il est aussi un des premiers à en sortir. Difficile de ne pas succomber aux sirènes de l’IA, fonctionnalité à la mode qui pousse tout le monde à s’y intéresser de près ou de loin, quitte parfois à saboter son propre business, à l’instar de Google. Virage technologique qui laisse beaucoup de monde sur le côté, l’IA est également problématique à bien des égards, et c’est ce que souligne Kiryu dans son intervention du 21 juin aux actionnaires.
Cette déclaration reste pourtant très raisonnable, voire presque tiède : s’assurer que la technologique utilisée ne soulève aucun problème, notamment sur la propriété intellectuelle, semble relever d’un comportement rationnel. Pourtant, peu de prises de parole comme celle de Takashi Kiryu, de plus vers ses actionnaires pour qui le virage de l’IA doit être pris pour garantir une croissance, vont dans ce sens.
Rappelons d’ailleurs que nous vivons dans un monde où les propos de Neil Druckmann avaient été déformés par Sony pour lui faire dire que l’IA allait révolutionner le jeu vidéo, alors que le représentant de Naughty Dog se montrait beaucoup plus mesuré concernant cette technologie. Y aurait-il un lien entre IA et actions boursières ? Une question qu’il semble légitime de se poser tant tout le monde de la tech semble s’y engouffrer les yeux fermés.
Toujours dans le même monde, King prend la direction inverse de Square Enix, à savoir une utilisation débridée de l’IA pour générer des niveaux de manière effrénée. Avec un bot qui joue le rôle du QA testeur, métier moribond, le développement des niveaux prend en effet beaucoup moins de temps : 95 % d’erreurs en moins constatées sur le développement et une production des niveaux qui se fait 50 % plus rapidement. De quoi inquiéter les salariés. Le directeur du département IA chez King, Sahar Asadi, se veut pourtant rassurant :
« Nous avons absolument besoin de designers, nous considérons [l’IA] comme un copilote pour les concepteurs. […] Ce que l’outil de test de jeu fournit, ce sont des informations sur le gameplay avant publication. Si le bot fait les choses correctement, nous sommes sûrs que les informations sont correctes. Et ensuite, [les designers] peuvent décider, avec ces informations, s’ils doivent continuer et publier le niveau, ou s’ils doivent itérer davantage. »
On pourra penser ce que l’on veut de l’IA, elle résume en tout cas très bien le manque de vision sur le long terme des entreprises, les licenciements depuis une douzaine de mois à eux seuls nous donnant raison. Et donc logiquement, le besoin effrayant, car déraisonnable, de se réfugier dans le court terme, à savoir l’intégration à tout prix d’une technologie que l’on connaît encore mal.
Il ne faut pas oublier que l’IA est pour les entreprises une véritable épée de Damoclès : pas d’intégration de l’IA, la technologie du futur et de la croissance ? Le cours boursier dégringole, car les investisseurs vous auront jugé incapable de prendre le prochain virage technologique.
En guise de conclusion, on pourra saluer Square Enix qui, avec son dernier plan, concevait une stratégie basée sur un horizon plus lointain que le prochain exercice fiscal (entre deux licenciements bien sûr), et ici avec une prise de parole sur l’IA générative qui, tant est qu’elle soit plutôt banale, fait encore furieusement défaut chez bon nombre de gros studios.
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