En début de semaine dernière, un trailer d’un prétendu Shenmue 4 faisait son apparition sur la Toile. Alors, évidemment, les réactions ne se sont pas faites attendre. Cependant, et vous voyez venir le pot aux roses, il ne s’agissait là que d’un ”canular” monté par un petit malin friand de contrefaçons générées par la tant houspillée IA générative. Et autant dire que cette tentative frauduleuse n’a pas laissé les créateurs de la série insensibles.
Faux jeu, vraie plainte
Comment un faux a-t-il pu affoler le public (si toutefois une telle réaction a bien existé), alors même qu’il était d’une provenance obscure ? Disons qu’ici il y avait certains éléments réunis pour lui donner (en théorie) une aura de la crédibilité. À commencer par la création d’un contexte. Il y avait un en effet dans la vidéo en question comme un vecteur d’authenticité : montrer un extrait par le truchement d’un autre dispositif, comme s’il était question d’une vidéo enregistrée subrepticement, renforce sans grand mal l’idée de faire face à un leak. Et, le fait de la propulser juste avant le grand déballage des Game Awards renforçait l’idée d’une annonce imminente.
À cela ajoutons des ingrédients çà et là, pêchés dans la mythologie Shenmue, ainsi que la réutilisation du logo d’Ys Net et on obtient une recette digne de mettre l’eau à la bouche. Mais aussi une recette explosive à même de semer la confusion et susceptible de causer des conséquences désagréables à son créateur. Chose qui aujourd’hui s’illustre parfaitement avec la prise de parole du studio de développement dont le nom abusivement été utilisé au besoin de cette “farce”.
“Nous reconnaissons que l’utilisation non autorisée de notre logo et tout acte induisant les spectateurs à croire que ce contenu est officiel constituent un problème grave pouvant équivaloir à une violation de marque déposée et à une concurrence déloyale […] Nous travaillons actuellement avec les parties concernées et préparons des mesures appropriées, y compris d’éventuelles poursuites judiciaires.”
Sans surprise, dans ce communiqué destiné à endiguer toute spéculation et fausses attentes, Ys Net a donc tout naturellement évoqué un éventuel recours à la justice. Une décision qui reste encore à prendre, mais qui serait tout à fait en adéquation avec le fait si elle était prise. Et pour cause, avec l’apposition du logo, il n’y est pas seulement question d’une banale contrefaçon que l’on pourrait qualifier de récréative, mais d’un préjudice plus conséquent relevant de la falsification, voire une usurpation, de nom de marque.
L’ère de faussaires
Ainsi, les cartes sont entre les mains de Ys Net, et il reste à voir ce que ce dernier et SEGA (le détenteur de la licence) en feront. En attendant la suite de l’affaire, ce cas continuera d’installer des interrogations dans la tête de tout un chacun quant à ce que l’IA peut permettre. Car, même si son efficacité est encore contestable, grâce à des signes de faillibilité malgré tout présents (comme c’était le cas pour notre Shenmue inexistant), il y aura toujours un petit zeste de crédulité qui poussera toujours à croire à l’existence d’une œuvre supposée, surtout s’il s’agit de suite supposée d’un franchise adorée.
Certes, ce type de procédé n’est pas nouveau, cependant l’avènement des nouvelles technologies permettent de nimber le tout d’une aura particulière. Et si aujourd’hui, elle traversent encore une phase d’expérimentation, il y aucun doute quant à son progrès et aux possibilités qu’elle donnera à tout à chacun voulant revêtir, au débotté, le costume de faussaire. Ce qui est évidemment vrai pour notre domaine, le jeu vidéo, mais aussi pour toute autre source d’information.
Mais revenons à Shenmue : en ce qui concerne un nouvel opus, rien n’est encore prévu. Néanmoins, la porte reste semble-t-il ouverte et la saga n’est assurément pas à l’abandon comme peuvent le montrer certaines déclarations. Preuve en est : dans un futur plus ou moins proche (on ignore encore quand), les joueurs probablement déçus par la dernière proposition en date auront l’occasion de redécouvrir Shenmue III au travers d’une version amendée.