Après moult collaborations avec des icônes du cinéma d’horreur, l’annonce d’une adaptation cinématographique (et d’un dating sim, rappelons-le), l’univers du jeu multijoueur asymétrique Dead by Daylight s’étend de nouveau avec une expérience solo d’envergure : The Casting of Frank Stone.
Un peu à la manière de Riot Games et de la multiplication des projets cross-média autour de League of Legends, les Canadiens de chez Behaviour Interactive veulent visiblement donner du sens et de la texture à leur monde, qui ressemble pour l’instant plus à une boutique de souvenirs grotesque qu’à un véritable espace-temps cohérent. Qui de mieux pour remplir cette tâche que les rois British du slasher/survival interactif : Supermassive Games ?
Ces derniers continuent d’exploiter leur niche nostalgique bien à eux, et ont au moins le mérite d’avoir une proposition radicale, même si elle reste la même depuis bientôt 10 ans avec Until Dawn. Donc, on remet une pièce dans la machine, et on a de nouveau affaire à un genre de drama interactif rempli de QTE pouvant mener à la mort de l’un de nos fringants ados en cas d’échec.
La version démo s’ouvre sur Sam, notre personnage, un flic arrivant dans une aciérie en 1963 (vingt ans avant les événements du jeu) et enquêtant sur la disparition d’un enfant. Après avoir fait la rencontre de Tom, le gardien, nous partons explorer cette grande usine plongée dans un silence de mort. Point qui fâche d’entrée de jeu : l’optimisation est catastrophique, avec un framerate instable, des micro-freezes lors des animations, des scintillements de lumière, du clipping des ombres… Espérons que ce ne sera plus un problème à la sortie du jeu fixée au 3 septembre 2024.
Les trente minutes qu’il nous faudra pour terminer ce prologue ont tout d’un Supermassive classique : QTE plus ou moins impactants, embranchements de scénario, et documents et objets énigmatiques à trouver, le tout encapsulé dans une ambiance poisseuse à couper au couteau.
Et parlons-en de ces QTE, et de cette fameuse illusion du choix dans le jeu vidéo, popularisée auprès du grand public par les premiers RPG quittant la vue isométrique de Bioware (petit ange parti trop tôt) et The Walking Dead de Telltale. 95 % des QTE présents n’ont pas d’impact dans la démo, certains laisseront au mieux une blessure permanente ou non à Sam.
Un écran « relations » inaccessible durant la démo promet aussi des réactions différentes entre les protagonistes selon nos choix de dialogue. Ceux-ci n’ont également pas vraiment d’influence directe dans la séquence jouée, et se résument à une relation binaire avec Tom, le gardien : être sympa ou non avec lui.
Esthétiquement, les deux premiers tiers de la séquence sont relativement classiques : une usine vide, puis des égouts avec une légère ambiance occulte. Mais le dernier lieu visité, les fourneaux, a un visuel très intéressant et tranche avec la grisaille omniprésente de l’aciérie. Supermassive nous présente sa vision de l’enfer industriel, un poil gothique, évoquant en partie celle de Lars von Trier dans The House That Jack Built et le monde de Requiem, mis en dessin par Olivier Ledroit.
en bas à gauche, The House That Jack Built (2018) / en bas à droite, Requiem (2000)
Supermassive Games reste donc dans sa zone de confort avec une expérience qui ne promet rien de révolutionnaire, vide de sens dans sa narration et toujours pas porteuse d’un quelconque message, mais le public du studio anglais n’est pas là pour ça : ici, on veut surtout du fun.
Comme toujours, on aura le droit à un mode coop dans lequel on peut se passer la manette pour que chaque joueur puisse tenter de faire survivre son ou ses personnages. Et c’est là que ces « films interactifs », comme certains aiment les appeler, prennent tout leur sens. Comme ses prédécesseurs, The Casting of Frank Stone nous fait miroiter une sucrerie teintée de sang à partager entre amis, catalyseur de liens sociaux et de bons souvenirs. Au final, n’est-ce pas ça qui est important ?
Rendez-vous le 3 septembre sur PC, PS5 et Xbox Series X|S pour prendre votre dose de slasher, en espérant que le nouveau Supermassive Games penche plus du côté de The Quarry et de Until Dawn en termes de finition que de The Dark Pictures Anthology. Les adeptes du genre savent déjà à quoi s’attendre, les autres pourront peut-être y trouver leur compte en acceptant la radicalité de la proposition, surtout s’ils ont des amis avec qui la partager.
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