Relic Castle, l’une des archives principales des jeux créés de manière amatrice par les fans de Pokémon, a reçu un avis de retrait DMCA de la part de The Pokémon Company. En conséquence, le site, une référence dans la communauté, a été fermé le 22 mars dernier. Le site a, au cours de son histoire, partagé certains des fan games les plus populaires de la licence. Il avait permis le rassemblement d’une communauté créative soudée, désormais sans lieu de rassemblement.
La création de fan a toujours été une zone grise d’un point de vue légal. D’après l’intervention d’un des anciens avocats de The Pokémon Company il y a quelques semaines, la position de l’entreprise est simple :
« Recevoir bonne presse, ce n’est pas la fin de l’affaire. On n’envoie pas d’avis de retrait immédiatement. On attend de voir si le projet reçoit des fonds (via Kickstarter, par exemple). S’ils reçoivent des fonds, là, on intervient. Personne n’aime attaquer des fans en justice. » – Don McGowan, dans une interview pour IGN
Pourtant, Relic Castle n’était pas un projet à but lucratif. Tous les jeux présents étaient distribués gratuitement, en libre accès. Par contre, ce qui est certain, c’est que les jeux distribués par l’archive recevaient bonne presse : cela fait longtemps que certains des jeux de fans sont extrêmement populaires. Parfois, ils dépassent même les jeux officiels en termes de chiffres.
La situation de Pokémon est complexe : bien que la licence jouisse d’une popularité sans égale, tout le monde est d’accord pour accepter que ses jeux vidéo ne sont plus au niveau. Celle-ci survit majoritairement sur une vague nostalgique, sur la puissance de sa marque. Les fan games ont alors été un moyen pour tous ces joueurs déçus de proposer de nouveaux défis, qui répondent parfaitement aux demandes d’un public qui a grandi.
Les fan games se déclinent ainsi sous plusieurs formes : certains projets proposent des jeux entièrement originaux. Ces projets ne retiennent de Pokémon que le nom et les mécaniques stratégiques. D’autres, quant à eux, souhaitent explorer une partie de l’univers Pokémon qui aura été sous-développée. Ces titres reprennent souvent l’univers, mais proposent un jeu entièrement nouveau, parfois avec des mécaniques inédites.
Certains projets n’ont qu’un seul but : créer un défi. Ce sont souvent ceux les plus mis en avant par les streamers. Le plus souvent, ce défi se décline de deux manières : « tous les Pokémons sont générés au hasard » ou « le jeu tel qu’il est sur la cartouche, sauf que tous les adversaires sont beaucoup plus forts ».
Tous ces types de jeux amateurs répondent cependant à un même besoin : celui de changement. Les jeux de fans, peu importe la licence, sont toujours un média populaire au sein d’une communauté. Ils permettent d’étendre l’investissement des individus et créent un cercle vertueux. Certains studios en ont bien compris la force : c’est le cas, par exemple, de SEGA ou de Hoyoverse, qui mettent ces créateurs à profit.
La licence, en tant que jeu, ne réussit plus à convaincre. Il devient alors de plus en plus tentant pour les fans de la licence de se tourner vers ces jeux faits pour des fans, par des fans, parfois très convaincants : c’est là, bien souvent, que les éditeurs mettent la limite et entrent en guerre.
Ce que Mc Gowan oublie de mentionner, c’est bien que les projets de fans ne doivent pas pouvoir être confondus avec des produits officiels. C’est, bien souvent, l’un des enjeux principaux des créateurs : comment faire le funambule entre référence et appropriation. Le fan game, qui s’est développé au-delà de l’archipel, ne s’encombre pas forcément de cette préoccupation.
Il est difficile de déterminer s’il s’agit de ce qui a été fatal pour Relic Castle. Le site n’était en soi qu’un moyen de partage de liens. Les jeux sont, en réalité, toujours disponibles à qui sera suffisamment motivé pour chercher les liens. Cette fermeture, ce n’est pas un coup porté aux jeux de fans en soi, c’est un coup porté aux personnes qui se sont organisées autour. Aux personnes qui, déçues par la licence, ont choisi de s’organiser autour de projets faits par des pairs, plutôt que par les créateurs de leur licence favorite.
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