Le 29 mars dernier, PlayStation décidait enfin de nous confirmer le contenu de son fameux projet Spartacus, sur toutes les lèvres depuis déjà de nombreux mois. Trois nouvelles formules d’abonnement pour remplacer le PlayStation Plus et le PlayStation Now et ainsi se repositionner pour mieux faire face au Xbox Game Pass. Alors que le service est attendu chez nous pour le 23 juin prochain, le marché asiatique (hors Japon) peut d’ores et déjà profiter de ces nouvelles formules. Un bon moyen pour nous autres Européens d’observer leur fonctionnement et contenus réels.
Le PlayStation Plus Essentiel, sans surprise, prend la suite de l’actuel PlayStation Plus. De fait, à part le nom, rien ne change. Il conviendra de garder en point de vigilance l’annonce des jeux mensuels « offerts » aux abonnés (et leur nombre) afin de le confirmer, mais dans l’immédiat, il n’y a pas de différence notable.
Les offres PlayStation Plus Extra et Deluxe (une version Premium pour les marchés où le Cloud Gaming n’est pas disponible – oui, il faut suivre) nous rendent déjà beaucoup plus curieux, et bien que leur présentation ait été faite il y a quelques semaines, elles restent voilées d’un mystère que nous pouvons enfin lever.
On pense par exemple à ce système de « jeu à l’essai » que proposera la formule Premium. Elle permet, un peu comme l’a proposé Cyberpunk 2077 pour accompagner sa mise à jour PS5/Xbox Series, de tester le jeu complet depuis le début pendant une durée limitée, puis d’éventuellement poursuivre sa progression en l’achetant. On nous annonçait pour cela deux heures d’essai, mais finalement, il semblerait que ce temps ait été revu à la hausse. En effet, sur le marché hong-kongais, cette période serait étendue à cinq heures sur certains titres comme par exemple Horizon Forbidden West. Un effort plutôt appréciable pour cette typologie de jeu qui peut mettre plus de deux heures à vraiment débuter son aventure.
On en sait également un peu plus sur l’offre rétrogaming et notamment les fonctionnalités de confort qui y ont été intégrées. De ce côté, pas vraiment de surprise. On a droit aux habituels rembobinages, sauvegarde à la volée et filtres visuels divers. Certains titres proposeront en plus, à la discrétion des développeurs, des trophées à débloquer. C’est par exemple le cas pour Ape Escape, Everybody’s Golf ou Syphon Filter. Notons aussi, et c’est là beaucoup moins réjouissant, qu’il s’agit des versions Pal 50Hz de nos vieux jeux, soit les moins bonnes versions disponibles (image aplatie et framerate inférieur aux jeux NTSC 60Hz). La mise en valeur des titres de notre jeunesse ne paraît donc pas optimale, mais après tout, qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse…
Jusque-là, malgré un choix regrettable concernant la partie rétro, ce nouveau PlayStation Plus semble taillé pour convaincre une large majorité de ses abonnés. Et pourtant, la colère gronde sur le territoire asiatique. Une fureur qui enfle sur les réseaux sociaux et qui concernent deux point importants: le catalogue et la politique tarifaire.
Sur le premier point, les utilisateurs du service reprochent à PlayStation d’avoir trahi sa parole. Pour rappel, lors de la révélation des nouvelles formules d’abonnement, c’est le torse bombé que l’on nous a annoncé 400 titres disponibles dès le lancement pour la formule Extra, et 340 de plus pour les Premium. Que nenni. En consultant la liste complète des jeux mis à disposition, on y découvre la présence d’à peine 200 d’entre eux. Et ce n’est hélas pas la présence des excellents Returnal ou Ghost of Tsushima Director’s Cut qui fait passer la pilule.
Concernant la politique tarifaire, deux décisions subissent les foudres des joueurs. Pour upgrader un abonnement actuel, converti en « Essentiel », vers le « Premium » par exemple, Sony nous explique qu’il faut payer la différence de tarif, soit 60 € (les formules Essentiel et Premium étant annuellement facturées à 60 et 120 €). Jusqu’ici, rien d’anormal. Cependant, il a été constaté que si, pour notre abonnement actuel, nous avons bénéficié d’une quelconque promotion comme il y en a régulièrement sur le PS Store, PlayStation l’annule rétroactivement et nous la facture donc lors de la mise à niveau. Ces 15 € économisés pendant le dernier Black Friday seraient alors réclamés à qui souhaite passer à une formule supérieure.
Comme une sorte de cerise sur un gâteau de colère, cette mise à niveau devrait se faire sur l’intégralité du temps d’abonnement restant. Ainsi, si nous avons choisi d’être un utilisateur du PlayStation Plus très fidèle en cumulant plusieurs années d’engagement, et que nous souhaitons tester la formule Premium pendant quelques mois, voire même un an, cela est impossible. En effet, il nous serait demandé de souscrire à l’offre Premium pour l’intégralité du temps qu’il nous restait, faisant de fait grimper drastiquement une facture qui peut déjà s’avérer bien salée.
Un lancement en demi-teinte donc pour ce nouveau PlayStation Plus. Pourtant, l’offre paraît alléchante sur le papier. Des jeux rétro par centaines, des univers ajoutés régulièrement au catalogue, des essais de gros titres pendant plusieurs heures et toujours les avantages actuels avec les jeux offerts chaque mois et des remises exclusives. Hélas, d’après les retours des utilisateurs de la région Asie, l’exécution semble à revoir.
Promesses non tenues, section rétro décevante et politique commerciale douteuse, voici ce qui ressort de ce qui aurait pu être une grande fête pour PlayStation. Le constructeur devra probablement muscler son offre (bien aidé par de nombreux titres PS3 bientôt proposés en Cloud) et revoir ses choix tarifaires lors des lancements occidentaux s’il ne souhaite pas subir une bronca bien plus conséquente que celle actuelle en Asie.