Mardi 30 octobre, la Paris Games Week 2018 referme ses portes. Les écrans se sont éteints, les exposants ont plié les gaules, et le Parc des Expositions de la Porte de Versailles est devenu bien calme, après cinq jours d’effervescence. Cette édition, la neuvième, aura attiré environ 316 000 visiteurs qui ont célébré ensemble cette grand-messe du jeu vidéo.
Vous aimez les chiffres ? La Paris Games Week 2018, c’était 205 jeux présentés, 188 exposants et 223 marques, répartis sur une surface de 80 000 m². C’était également l’occasion de jeter un œil sur l’état du marché du jeu vidéo, et de découvrir des initiatives autour de ce medium que vous aimez probablement, si vous lisez ces lignes.
Avec un événement si pharaonique, difficile de faire un tour exhaustif du salon. Nous allons cependant vous livrer les observations que nous avons faites sur le terrain.
La Paris Games Week de New Game Plus
La PGW vue par l’œil de Misan
Parachutés au sein d’une Paris Games Week particulièrement peuplée, nous nous sommes bien vite rendus compte de l’importance qu’a pris le genre (ou la mode, selon le point de vue) Battle Royale. Fortnite, et dans une moindre mesure PlayerUnknown’s Battlegrounds (PUBG pour les intimes) tenaient manifestement la dragée haute au reste du salon. Le stand Fortnite, notamment, toujours bondé, faisait clairement partie des stands les plus vastes de l’événement. Du côté de son concurrent direct, les champions se sont succédés pour échanger des frags dans la bonne humeur, bénéficiant d’installations assez impressionnantes.
Les deux titres ne se contenaient par ailleurs pas à leurs simples stands. Un peu partout, des bornes et des postes de jeu permettaient de se faire une petite partie. Qu’on aime ou pas les Battle Royale, les jeux de ce genre semblent avoir encore de beaux jours, éclipsant complètement un Call of Duty IIII qui marche pourtant allègrement sur les plate-bandes des deux géants du FPS convivial.
Peu de surprises, hélas, du côté des mastodontes, bien que Metro Exodus, Devil May Cry 5 et Resident Evil 2 ont assuré le show. Ubisoft a également joué la carte de The Division 2, attirant les foules. Le stand Assassin’s Creed a aussi énormément attiré les foules, avides d’explorer la mer Egée aux côtés d’Alexios ou Kassandra. Mention spéciale à la petite exposition de fan-arts rendant hommage au titre.
Du côté de Square-Enix, on retrouvait la douce Lara avec son Shadow of the Tomb Raider dans un stand de toute beauté. En revanche, Kingdom Hearts III a nettement moins créé l’événement que lors de la Japan Expo 2018. La raison ? Le stand et la démo étaient identiques. Par chance, Just Cause 4 était là pour faire monter la hype. Du côté Nintendo, c’était la folie, comme souvent. Pikachu et Évoli régnaient en maîtres sur l’espace dédié à Big N, bien qu’ils aient aussi dû faire de la place à Super Smash Bross Ultimate et à l’indétrônable Splatoon 2.
Ambiance de folie du côté de Bandai Namco. L’éditeur a su attirer le chaland avec de multiples jeux de combats. Soul Calibur 6 en tête, mais aussi Dragon Ball FighterZ sur Switch, My Hero One’s Justice ou encore Jump Force. Forte est la puissance du shônen. L’éditeur a enfoncé le clou avec Ace Combat 7, proposant de tester le mode VR. Ce dernier devrait enthousiasmer les fans d’aviation, un peu moins ceux qui ont le mal des transports.
Du côté de PlayStation et de Xbox, en revanche, c’était un peu plus timide. Xbox doit une fière chandelle à Nero et Dante, tandis que Sony a préféré se concentrer sur la VR. Le constructeur a néanmoins bien pensé à mettre en avant Spider-Man. Par ailleurs, Dreams, de Media Molecule (Little Big Planet) a montré le bout de son nez, et promet d’être très intéressant.
Sur Xbox, c’est Ori and the Will of Wisps qui nous a fait de l’œil. Le stand SEGA a laissé la part belle à Sonic Mania et à Sonic Team Racing dont nous vous avons parlé au cours du salon. Votre Misan, fidèle à son potentiel monomaniaque, s’est un peu perdu dans les méandres de Persona 3 et 5 Dancing. Si les puissants du jeu vidéo se sont avérés au final assez timides, ce n’était pas le cas des plus modestes.
Entre l’Indie Garden, l’Africa Corner et l’espace Made in France, il y avait de quoi faire pour les curieux à la recherche de sensations vidéoludiques rafraîchissantes. Nous n’y reviendrons pas, le sujet ayant été largement traité dans un autre article.
Mixité et inclusion. Ces deux mots étaient annoncés comme le cheval de bataille de cette édition, lors de la conférence de presse préalable qui s’était tenue le 17 octobre dernier. Et il est vrai que cette édition a été l’occasion de mettre l’accent sur des initiatives visant à ouvrir le jeu vidéo à tous.
L’association Women in Games était présente. Celle-ci vise à attirer de plus en plus de femmes dans les métiers du jeu vidéo. En France, il y a quasiment autant de joueuses que de joueurs, mais cette réalité ne se reflète pas forcément dans les équipes de développement. Women in Games vise à créer des vocations, et était présent au salon pour se présenter. Cap Game, qui propose des solutions pour rendre le jeu vidéo accessible aux personnes handicapées et Handigamer, association qui oeuvre afin d’ouvrir le gaming aux personnes en situation de handicap, étaient présents afin de se présenter au grand public et toucher les gens concernés. La BnF, qui sauvegarde les jeux retro était de la partie. Enfin, les plus jeunes pouvaient s’initier au codage avec un atelier qui vise à former, qui sait, les grands noms du jeu vidéo de demain.
Du côté de chez Jaxom
N’ayant pas assisté à une des itérations du salon depuis mon passage à la première édition de la Paris Games Week, j’ai été assez impressionné par l’ampleur qu’il a pris, la fréquentation devenant même oppressante par moments. Comme l’a très justement souligné Misan, le peu de découverte à faire du côté des grands éditeurs (dont les stands étaient pourtant impressionnants et les animations nombreuses) a été compensé, pour ma part, via la visite des stands des studios indépendants.
L’un de mes grands reproches ira d’ailleurs dans la gestion du public par certains stands dont les animateurs donnaient parfois l’impression de s’adresser à des parterres de canidés. Mais à côté de ça, j’ai pu également observer la bienveillance de certains studios dont les intervenants prenaient le temps de partager des informations et de recueillir vos ressentis (Ubisoft et Nintendo en tête, ainsi que l’entièreté des indépendants que nous avons pu voir). Ma conclusion sera donc en demi-teinte, étant heureux d’avoir pu rencontrer des personnes passionnées, mais ayant aussi constaté des dérives inquiétantes.
Le Bilan de Zugzugette
C’était ma deuxième Paris Games Week. L’an dernier, j’étais émerveillée par toute cette opulence et ce déploiement de moyens pour en faire toujours plus que le copain. Cette année, j’étais un peu plus critique. D’une part car je n’y ai vu que très peu de nouveautés. La grande majorité des jeux étaient déjà sortis. J’ai été très déçue du stand PlayStation. Comme l’an dernier, il fallait avoir réservé sur leur appli et être membre PlayStation Plus pour y avoir accès.
Comme au cours de la précédente édition, il y avait tout de même une queue de plusieurs heures et les créneaux étaient déjà remplis depuis plusieurs jours. Autrement dit, il fallait forcement avoir planifié sa visite bien à l’avance et avoir du temps à perdre pour pouvoir toucher aux jeux présentés, ce qui pour moi est tout l’inverse de l’esprit du chaland qui déambule dans les allées pour se laisser tenter. Les leçons de l’an dernier n’ont pas été retenues de toute évidence et c’est bien dommage.
A côté de cela, Nintendo a su montrer combien, depuis l’arrivée de la Switch, sa renaissance est assurée. L’abondance de stands, de jeux et leur succès tous âges confondus montre à quel point le géant nippon fait à nouveau partie des mastodontes.
L’espace des jeux indépendants français a été également l’occasion de démontrer, s’il était encore besoin, que les studios français ont beaucoup de créativité et de potentiel à offrir avec une offre très variée.
Mon coup de cœur a tout de même été l’espace accessibilité handicap. 4 stands présentant des jeux et des accessoires afin d’améliorer l’accessibilité à un public souvent délaissé. Des bénévoles, des passionnés œuvrant pour le bien commun avec beaucoup d’humilité et d’amour du jeu. Finalement ce sont auprès de personnes comme ça qu’on sent toute la portée de notre passion.
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Il y avait à boire et à manger au cours de cette Paris Games Week 2018. Si certes, elle aura pu manquer de surprises et de waouh effect (on aurait voulu tester des nouveautés inédites comme Ghost of Tsushima, par exemple), la grande fête du jeu vidéo a su remplir son contrat : à savoir émerveiller les visiteurs de tous âges.
Fans d’e-sports, amateurs de retro ou de dernières nouveautés, appréciateurs d’indé ou fanas de grandes marques, tout le monde était le bienvenu à cette Paris Games Week. En ce sens, on peut dire que si le jeu vidéo français voulait montrer un visage inclusif et mixte, c’est réussi. Vivement l’an prochain.