Fiche de perso est une rubrique dans laquelle nous tirons le portrait d’acteurs du jeu vidéo, réels ou fictifs, qui pèsent ou ont pesé sur l’industrie. Aujourd’hui, on a eu le plaisir d’interviewer Pierre-Alain de Garrigues (que l’on nommera PADG par confort), l’une des voix françaises les plus connues et derrière un sacré paquet de personnages en VF.
C’est en visioconférence que PADG nous a reçu, avec le sourire et l’énergie que les fans lui connaissent. Un accueil digne de l’Aubergiste d’Hearthstone qu’il aura été durant de nombreuses années. Un travail très particulier qui a mis notre hôte sur le devant de la scène il y a de ça cinq ans, comme il nous l’a expliqué :
« Ah, si tu savais, il y a quelques années, je n’étais absolument pas conscient de l’impact de mon travail. Tout a commencé lorsque Torlk (vidéaste et joueur pro de Hearthstone) m’a appelé pour me demander de faire la voix de l’aubergiste pour promouvoir un événement de la communauté sur Lille. Donc je suis venu dans les locaux de Webedia, et déjà dans l’ascenseur, j’entendais souffler les gens « oh, c’est l’aubergiste », je ne comprenais vraiment pas ce qui se passait. Puis on est arrivé dans une salle avec pas mal de monde, et là Torlk est monté sur une chaise et a balancé « Les amis, je vous présente PADG, l’Aubergiste dans Hearthstone ! », et là, d’un coup je me suis retrouvé face à des gens qui connaissaient mon travail, alors que moi-même je n’avais pas une grande idée de l’impact du truc. »
C’est d’ailleurs à cette fameuse convention lilloise que Pierre-Alain fera ses premiers selfies avec les fans, à sa plus grande surprise, lui qui écume maintenant une bonne partie des événements geeks de France et de Navarre. Mais avant d’en arriver à cette célébrité inattendue pour lui, l’intéressé était déjà présent dans nos jeux vidéos préférés sans que nous le sachions !
En effet, notre Pierre–Alain national a travaillé avec Roland Oskian sur l’un des fleurons du jeu vidéo français, une œuvre culte d’une époque hélas révolue, mais qui va vous madeleinedeprouster la face : Adi et Adibou. Une entrée remarquée dans le monde du jeu vidéo qui l’amènera par la suite à faire de très, très, très nombreux doublages, avec en tête de gondole Abe de l’Odyssée d’Abe, Globox et les ptizêtres de la saga Rayman, le bandit dans Diablo III, et les fameux Lapins Crétins (dans un premier temps).
À savoir que s’il n’a pas inventé les Lapins Crétins, il est le responsable de leur voix d’hyperactifs sous cocaïne. En effet, lors d’une séance de doublage pour un jeu Rayman, Pierre–Alain se rend compte que deux bestioles courent en fond avec la bouche ouverte. C’est donc en professionnel qu’il insufflera la vie à ces êtres mi-rongeur, mi-gamin de supermarché en montée de sucre. Une initiative qui restera dans les mémoires d’Ubisoft qui gardera l’idée pour plus tard.
Un rôle tout en énergie en amenant un autre, nous retrouverons un peu plus tard PADG dans l’un de jeux vidéo les plus joués du monde : League of Legends. Une relation avec Riot que l’homme nous explique brièvement :
« Travailler avec Riot a vraiment été une super expérience, les mecs ont été super avec moi, et m’ont mis dans des top-conditions. D’ailleurs, après avoir fait quelques voix pour eux (Ramus, Heimerdinger et Wu-Kong), ils sont revenus vers moi pour le fameux Kled. Je pensais qu’ils cherchaient quelqu’un d’un peu fou avec de l’énergie à revendre. »
Une réflexion vient alors se poser par hasard en plein milieu de la conversation : Vous qui êtes assez connu des rôles de surexcités, c’est intéressant de voir que vous êtes en fait super calme !
« Haha, en vrai je ne fais pas que ce genre de voix, je fais aussi d’autres choses beaucoup plus calmes, je pourrais t’endormir, tu sais (rires). Mais il est vrai que j’aime assez ces rôles qui demandent de l’énergie. Pour autant, je suis quelqu’un de vraiment zen en fait. Le secret, c’est de savoir sortir l’énergie au bon moment. »
Une facette nouvelle d’un homme dont nous ne connaissions finalement que le travail, et qui nous surprendra une nouvelle fois :
« Au départ, j’avais une vision vraiment old-school des geeks, quelque chose de très cliché. Et après mes années à travailler dans ce milieu, je me considère maintenant comme un défenseur du jeu vidéo. Par exemple, je recommande toujours aux parents de laisser jouer les enfants. On ne se rend pas compte des compétences qu’ils développent en jouant. Il faut arrêter de stigmatiser un milieu à qui on reproche beaucoup trop de choses qui n’ont rien à voir. »
Un amour de la paix et de la good vibe cher à PADG qu’il illustrera d’une maxime qui nous servira aussi de conclusion :
« Être contre la guerre, c’est déjà entrer en guerre pour quelque chose. Mieux vaut être pour la paix. »