Il y a une chose que nous les joueurs savons, c’est qu’un jeu possède une durée de vie définie. Comme le cycle naturel du jour et de la nuit. Le soleil se lève sur un nouveau jeu, arrive au zénith, les joueurs sont encore en pleine découverte de son potentiel. Puis vient le moment où l’histoire se termine, l’intérêt décroît, tout est complété. Les joueurs désertent les serveurs, il n’y a plus rien à faire dans le jeu, le soleil se couche. Il y a par moments encore quelques lueurs de lumière avec des extensions, des DLC ou des événéments spéciaux, mais la nuit finit par tomber, laissant les joueurs dans l’attente d’un nouveau jour, d’un nouveau jeu. Et Overwatch 2 alors, il se situe comment ?
Il y a des journée à rallonge, comme au-dessus du cercle polaire où les jours d’été sont interminables. C’est le cas pour Blizzard, dans la mesure où il prolonge sa série de titres en les soutenant pendant des années, voire des décennies. Les suites ne sortent que lorsque la société semble avoir naturellement laissé le jeu suivre son cours après une vie saine. C’est la raison pour laquelle Overwatch 2 est une telle anomalie. Il s’agit de la suite donnée à une première itération encore fulgurante à moins de quatre ans après sa sortie. Mais au lieu d’être perçu comme une ponction d’argent ordonnée par ses seigneurs Activision, Blizzard redéfinit intelligemment le fonctionnement d’une suite en n’abandonnant pas son premier jeu.
Overwatch 2, une coexistence conviviale avec son prédécesseur
Blizzard le fait de différentes manières. Chaque héros et chaque carte figurant actuellement dans le premier Overwatch seront disponibles dans Overwatch 2, mais ce qui est peut-être encore plus important, chaque héros et chaque cartes publiées dans Overwatch 2 seront également disponibles vers l’original. Les joueurs des deux jeux pourront même s’affronter dans des parties spécifiques.
Les suites ne sont jamais aussi accueillantes pour les joueurs du vieux jeu, car l’intérêt d’une suite, au sens le plus capitaliste, est d’inciter les gens à acheter le nouveau jeu. Si vous voulez les nouvelles choses, vous allez devoir débourser de l’argent pour pouvoir en faire l’expérience même si vous aimez toujours jouer à la dernière partie. Et ce n’est pas toujours une proposition absurde, c’est ce que font la plupart des jeux. Call of Duty: Black Ops 4 est pratiquement mort lorsque Call of Duty: Modern Warfare est sorti, comme le veut la tradition annuelle de Call of Duty. NetherRealm n’a pas seulement mis à jour Mortal Kombat X avec de nouveaux personnages ; ils ont sorti Mortal Kombat 11 à la place. Nous pouvons continuer ainsi, tant la liste des exemples est longue (FIFA ?).
Blizzard aurait pu s’engager dans cette voie, mais en résistant à la norme et en promettant de continuer à ajouter de nouveaux contenus, il a permis à ce premier jeu de se poursuivre plus efficacement. Overwatch vit au côté de (au lieu d’être complètement remplacé par) sa suite de manière conviviale pour le consommateur. Ce qui n’est presque jamais une option dans l’industrie. Blizzard ne tue pas Overwatch pour faire de la place à Overwatch 2 ; c’est utiliser cette suite pour donner à l’original une vie plus longue et en meilleure santé. Nul besoin de nourrir un jeu précédent de cette façon, mais en réalité, c’est pourtant une décision réfléchie, car elle profite à la base de joueurs en ne laissant personne de côté. L’expérience PvE est le plus gros atout de Overwatch 2 (et uniquement possible via le moteur mis à jour du second opus), mais il ne tient pas en otage la communauté dynamique PvP de la licence.
Emportez tout ce que vous avez
Blizzard a cette volonté de préserver ses joueurs. Tout, de votre emote Doomfist dansante à votre skin Casse-Noisette Zenyatta, passera à Overwatch 2 et vous permettra de continuer à ajouter à votre réserve d’articles irréprochables. Les suites obligent presque toujours les joueurs à abandonner tout ce qu’ils ont acquis dans le premier jeu, ce qui est de moins en moins logique à mesure que le paysage vidéoludique évolue. Overwatch continue à adopter des modèles de lootboxes, ce qui signifie que Blizzard continue de faire vivre le jeu plus longtemps et dispose de systèmes mis en place pour que les joueurs investissent. Et les cosmétiques sont presque toujours un moyen concret de favoriser cet investissement.
Après tout, ces objets, qu’il s’agisse de tenues dans Destiny ou de camos spéciaux pour armes à feu dans Call of Duty, les joueurs font des efforts pour les obtenir. Le fait de les gagner facilite l’attachement à ce que vous avez collecté, car ils agissent comme des médailles pour vos réalisations que vous pouvez souvent montrer. Mais tout ce temps et cette énergie ont peu d’importance lorsque le suivi diminue : une inéluctabilité déchirante pour ceux qui ont passé un nombre incalculable d’heures à obtenir un arsenal intéressant avant de les voir disparaître. Overwatch a donné trois ans et demi aux joueurs pour s’attacher à sa garde-robe grandissante de skins et que jeter tout cela aurait été angoissant !
Partir de zéro explique en grande partie pourquoi la version récente d’Overwatch sur Nintendo Switch est si décevante. Bien que ce soit un port décent à part entière, il était inutilement frustrant de devoir gagner des années de précieuses cosmétiques et de se pavaner pendant des heures dans des skins par défaut. C’était techniquement Overwatch, mais ce n’était pas votre Overwatch.
Les autres jeux du même genre doivent prendre l’exemple sur Overwatch 2
Overwatch 2 laisse les joueurs poursuivre ce qu’ils ont commencé et devrait être la norme pour davantage de jeux de ce style. Cela commence par permettre aux joueurs de continuer à jouer leur jeu principal, mais s’achève par le fait de leur donner accès à ce qu’ils ont dépensé depuis si longtemps dans la suite. Les développeurs souhaitent que les joueurs se consacrent à leurs mondes, puis que cette dévotion se manifeste dans les récompenses qu’ils distribuent. C’est presque cruel de tirer cette analyse. Cette approche ne s’applique pas à tous les titres de la même manière que Overwatch 2, mais les prochains jeux des franchises Destiny, Call of Duty et Tom Clancy’s The Division seraient plus judicieux de s’en inspirer.
Les modes coopératifs PvE, les visuels mis à jour et le nouveau chapeau de Bastion sont des choses commercialisables attrayantes qui pourraient facilement vendre une suite de Overwatch à un large éventail de personnes. Mais la vision globale qui consiste à laisser les joueurs poursuivre leur progression à partir du premier jeu sans oublier que la base d’utilisateurs existante est vraiment novatrice et constitue l’aspect le plus respectable d’Overwatch 2. Il abandonne la notion presque habituelle selon laquelle les suites consistent presque toujours à avancer et à recommencer. Une pratique qui n’a pas beaucoup de sens pour certains jeux de nos jours. Overwatch 2 ressemble non seulement à une bonne suite susceptible de faire avancer la série dans une direction intelligente, mais aussi à un jeu capable d’enseigner aux autres comment regarder de l’avant sans ignorer le passé. Overwatch 2 sera disponible courant 2020 sur toutes les plateformes actuelles. Nul doute que la série a encore de nombreuses belles années à vivre.