L’open world est depuis plus de dix ans une norme dans le paysage vidéoludique. Tous les jeux en font, tous les studios s’y essaient et c’est désormais une formule connue, et surtout qui marche dans la majorité des cas. Par ailleurs, plus qu’un genre à part entière, il est considéré comme un outil de game design particulièrement ingénieux. Étant donné que le monde est littéralement ouvert, le jeu nous incite à l’explorer de fond en comble.
On l’a vu, mais 2022 est l’année de la résurgence pour certaines licences, et spoiler : en mode open world. C’est le cas d’Elden Ring, le nouveau jeu de Hidetaka Miyazaki, et de Sonic Frontiers, développé par la Sonic Team, qui sortira normalement cet hiver. Plus récemment, on peut aussi citer la licence Pokémon avec Légendes Pokémon : Arceus qui commence à peine à s’essayer à l’open world. Une question simple nous est alors venue : est-ce que l’open world est la clé pour renouveler une licence ? Après Demon’s Souls, Dark Souls, et Sekiro, il fallait évoluer. Après la déception de Sonic Forces et de Pokémon Épée et Bouclier, il fallait faire de même.
Pourquoi l’open world ?
Déjà, c’est quoi l’open world ? Il y a quand même un monde entre Minecraft, Assassin’s Creed, ou The Legend of Zelda: Breath of The Wild. On associe à tort l’open world à un genre à part entière, alors qu’il réunit des titres qui sont loin d’avoir d’énormes points communs. Avant tout, l’open world est un outil de level-design pour construire des mondes ludiques.
Mais s’il y a bien un point commun entre tous ces titres, c’est le sentiment de liberté. En effet, les développeurs travaillent là-dessus depuis pas mal de temps déjà, et c’est potentiellement l’un des buts premiers du jeu vidéo comparé aux autres médias, qu’on se sente libre quand on arpente un jeu manette en main. Et l’open world est la quintessence de tout cela. C’est d’ailleurs pour cette raison que les jeux vidéo s’essaient de plus en plus au monde ouvert. World of Warcraft a su l’utiliser pour créer un monde gigantesque avec une dimension sociale importante, et l’un des grands pontes du concept d’open world, The Legend of Zelda: Breath of The Wild, a clairement marqué une génération.
Dans le GOTY de 2017, c’est même toute la promesse qui y est faite. On vous propose un tutoriel dans le plateau du prélude, on vous donne les principaux outils en une trentaine de minutes et après, c’est la fête à la saucisse ; vous pouvez faire et expérimentez absolument tout ce que vous voulez, et arpenter le monde dans l’ordre que vous souhaitez.
On peut aussi citer Red Dead Redemption 2, jeu de l’année 2018 qui a pris plus de huit ans de développement à Rockstar pour sortir un jeu en béton. Et pour cause, les équipes de développement n’avaient qu’une idée en tête : construire un jeu le plus réaliste possible, pour feinter la réalité à travers les yeux d’Arthur Morgan. Un open world qui se rapproche de la réalité, ça fait tout aussi envie.
Dans les jeux open world « traditionnels », la promesse est la même, mais elle est difficilement atteinte. Une zone trop haut level, une partie de la carte pas déblocable pour le moment, car vous n’avez pas avancé dans l’histoire principale, des outils de game design qui vous empêchent de tout parcourir, car il faut d’abord débloquer des points d’intérêt, et cette promesse de liberté totale s’envole sans que vous ne vous en rendiez compte.
On choisit l’open world pour toutes ces raisons. D’une part, une envie de liberté totale qui plaît à la grande majorité des joueurs, et d’autre part, la promesse d’un monde infini, et surtout cohérent. Il n’a jamais été autant primordial dans les jeux vidéo en open world que de créer un univers cohérent de A à Z. Dans la licence Sonic et, par extension, dans les jeux de FromSoftware, l’idée même de liberté était inconcevable jusqu’à maintenant, mais c’est toute la promesse qui est faite dans Sonic Frontiers et Elden Ring.
Une réelle évolution ?
On s’est étonné de comparer les deux, mais il y a bien une raison. Dans la licence Sonic, le game design est l’antithèse parfaite du concept d’open world, vu que c’est un enchaînement de stages divers. Dans la majorité des titres de la licence, le level design est très linéaire, mais il est en même temps difficile d’imaginer autre chose quand on contrôle un hérisson bleu supersonique.
Et c’est la même chose dans les jeux FromSoftware. Malgré une franchise félicitée pour son level design ingénieux et sans faille, les jeux de Hidetaka Miyazaki ont des environnements très fermés où la respiration est la dernière chose que les développeurs veulent nous faire ressentir. Sekiro avait déjà essayé de remédier à cela, en créant un peu plus de verticalité pour permettre au joueur d’être un peu plus libre.
Mais dans Elden Ring, la promesse est là : on joue à un jeu FromSoftware en open world. Petit avertissement tout de même : après avoir joué à la bêta fermée, il est compliqué d’admettre que le jeu est un réel monde ouvert. Le jeu se divise en grandes zones avec des points d’intérêt, et on a la possibilité de les faire à peu près dans l’ordre que l’on veut. Mais la linéarité du gameplay est toujours là. Une chose est sûre par ailleurs, c’est qu’on peut enfin respirer un peu dans un jeu FromSoftware, et rien que pour ça, on veut le tester.
Concernant Sonic Frontiers, il est aujourd’hui très compliqué d’émettre un avis sur le sujet. Nous avons très peu d’images, à part le dernier trailer qui nous a permis d’entrevoir un peu plus ce fameux monde ouvert. Mais un Sonic en open world ne peut que faire du bien à la série, cantonnée jusqu’alors à un level design très linéaire. On a raison d’espérer un « Sonic of The Wild », qui permettra peut-être de rattraper les derniers jeux Sonic qui n’avaient clairement pas redoré l’image de la série.
Mais de là à répondre oui ou non à la question : l’open-world est-il la solution à tout ? Il faudrait déjà se demander pourquoi ils l’utilisent, à leur échelle, et dans quelle mesure. Pour l’instant, difficile de répondre, étant donné qu’on n’y a pas joué. Par ailleurs, il est évident que cela viendra mettre un grand coup dans nos habitudes bien ancrées jusqu’ici.
L’open world n’est pas une fin en soi, et si cela devient une norme pour renouveler des licences, on arrivera bientôt à un point de saturation, ce qui est déjà le cas pour la plupart des jeux qui utilisent le monde ouvert. Dans tous les cas, Sonic Frontiers et Elden Ring sont très attendus cette année. Rendez-vous donc le 25 février pour Elden Ring, qui saura sûrement nous apporter quelques réponses à notre question !